• L'Interview de Gabriela von Habsburg par Royauté-News

     

     

    Gabriela von Habsburg était depuis 2001 Professeur des Arts de l'Académie de Tbilissi, puis, en même temps à partir de 2005, à l'Académie Supérieure des Arts de Neuburg et de Donau. Elle se trouvait en Géorgie durant la Révolution des Roses.

     

    Depuis Novembre 2009, à la demande du Président Saakaschvili, elle représente la Géorgie comme Ambassadeur à Berlin.

     

    Elle décrit pour le public francophone et pour nos lecteurs la situation actuelle en Géorgie, et c'est notre Interview de rentrée.  

     

     

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    © News Agency

     

     

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    L'Interview de Gabriela von Habsburg 

     

    La Géorgie, pays Caucasien, appartient-elle à l'Europe, ou bien à l'Asie, ou occupe-t-elle une position intermédiaire ?

    - La Géorgie est totalement européenne. Culturellement elle est l'un des plus anciens pays européens. Mais bien sûr, grâce à sa localisation géographique, et à son histoire, elle possède aussi d'autres influences multiples. C'est cela qui rend la Géorgie tellement intéressante.

     

    Quels sont les atouts économiques, et plus généralement, les points forts de la Géorgie ?

    - Bien que la Géorgie ne possède pas de pétrole ni de gaz, elle dispose de très grandes capacités hydroénergétiques. L'union Européenne est à la recherche d'une solution pour l'énergie renouvelable. Nous, nous avons une source immense. Au sujet de nos réserves énergétiques, nous n'en utilisons que 40%, qui couvrent à la fois 90% des besoins de la Géorgie ainsi que l'exportation vers tous ses voisins.

     

    Le plus, parmi tous ses atouts, c'est certainement sa situation géographique. Par la Géorgie on ne trouve pas seulement accès à 4,5 Millions de Géorgiens. Par la Géorgie on trouve accès aux pays de la Mer Noire, aux marchés du Proche et du Moyen-Orient et de l'Asie Centrale - en tout ce sont 85 Millions de personnes.

     

    C'est un passage de l'Ouest à l'Est. Avec ses ports, la Géorgie offre accès aux voies d'eau internationales à neuf pays qui n'ont aucun accès à la mer.

     Batumi ? ...   - Oui, Batumi, et surtout Poti. Nous disposons aussi de zones de libre échange ( free trade zones ) et le commerce sous toutes ses formes est naturellement possible. La main d'oeuvre est bon marché, la vie, aussi, est bon marché, et le tourisme offre beaucoup de possibilités.

    La situation de la Géorgie est enviable, aujourd'hui il n'y a presque plus de corruption, et très peu de bureaucratie. il existe toutes possibilités dans le secteur des affaires.

     


    Pouvez-vous décrire la situation actuelle, avec  cette occupation militaire russe et quelles sont les violences exercées ?

    - La situation est très difficile, avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Mais il ne sera pas possible de changer d'un jour à l'autre. Comme le dernier gouvernement, le nouveau gouvernement a lui aussi déclaré qu'il ne pouvait pas exister trois ambassades russes en Géorgie.

     

    La situation est compliquée. A cause de l'occupation russe, en ce moment, il n'est pas possible d'entrer dans les provinces occupées. Les Observateurs de l'Union Européenne ne le peuvent pas non plus.


    C'est pourquoi on ne peut donc pas décrire précisément la situation. Cela est connu : les habitants d'origine géorgienne sont discriminés et persécutés. Surtout en Abkhazie, ils ne sont pas libres d'être éduqués dans leur langue maternelle, n'ont pas la possibilité de choisir leur profession, et leurs droits politiques et de libertés sont empiétés. Des voyages sont impossibles. On peut dire qu'il existe bien une répression en Abkahazie.

     


    Quelles seraient les solutions possibles pour sortir de cette situation, et quelle est la position de la Géorgie vis-à-vis de l'Union Européenne ?

    - Il n'existe malheureusement pas de solution à court terme, mais nous sommes en contact avec l'Union Européenne. L'UE soutient l'intégrité territoriale de notre pays. Comme presque la communauté internationale entière. Nous sommes engagés dans les
    rencontres de Genève, la seule forme de contact diplomatique avec la Russie. Malheureusement, il n'y a que peu de progrès.

     

    La position de la Géorgie vis-à-vis de l'Union Européenne : nous voulons, un jour, devenir membre de l'Union Européenne et de l'OTAN. Nous faisons partie du Partenariat oriental et Bruxelles et Tbilissi négocient un Accord de stabilisation et d'association (ASA) et un Deep Comprehensive Free Trade Agreement (DCFTA) (1) et puis la libéralisation du visa.

     

    La situation avec la Russie provient-elle surtout de la personnalité de Wladimir Poutine ?

     

    Le peuple Géorgien n'a jamais eu de problème avec ses voisins Russes. Donc ce n'est pas un problème entre deux populations, mais plutôt un problème politique. les causes sont multiples, la personnalité de Wladimir Poutine n'est certainement pas très conciliante.

     

    Le problème prédominant reste l'occupation du territoire géorgien par les militaires russes, en tout à peu près 15 000 soldats. Cela doit être révoqué, par n'importe qui se trouvant en pouvoir au Kremlin. En ce moment, la Russie entretient des bases militaires en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Cela contredit l'accord d'armistice qui a été signé en 2008 entre les présidents Medvediew et Saakashvili.

     

    Il ne faut pas confondre : il ne s'agit pas d'un conflit ethnique, C'est un conflit politique dans lequel la Russie joue un rôle décisif.

     

    Au sujet de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, certains, en Europe de l'Ouest ou ailleurs, soutiennent que la Géorgie a exercé des violences contre les minorités de ces deux provinces...

    - Ce n'est pas vrai du tout.
    Il existe cinq ethnies différentes : les Swans, les Ossétiens, les Abkhazes, les Géorgiens, et les Mingréliens. Historiquement, il s'est toujours trouvé une situation normale entre elles, ainsi qu'avec toutes les autres qui ont résidé.

     

    L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont toujours eu leur autonomie, le gouvernement central a toujours respecté ces cas spéciaux. Entre le deux guerres de 1991 et de 2008, plus de 350 000 personnes ont été explulsées de leur patrie dans ces deux provinces. Cela est un aspect qui est souvent oublié.



    Si une aggravation militaire se produisait, feriez-vous appel à l'Europe, ou à des pays comme la France ?

    - On ne pense pas qu'il y aura d'aggravation violente.

     

    La question est : que se passe-t-il en cas de guerre entre Iran et Israël ou bien une guerre en Syrie, dans laquelle la Russie se mêlerait, car la carte le confirme, la Russie passerait par la Géorgie.

    Quels sont les rapports entre la Géorgie et ses voisins dans toute la zone géographique ?


    - Avec presque tous nos voisins, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Turquie, nous entretenons des contacts les meilleurs, - du point de vue politique et économique. Malheureusement, ce n'est pas le cas avec la Russie.


    Quelles sont les aspirations, ou les souhaits de la Géorgie ?



    - Les dernières élections ont prouvé le développement démocratique de la Géorgie. Nous avons implémenté un grand nombre de réformes et nous avons modernisé le pays. Notre but est naturellement de devenir membre de l'Union Européenne et de l'OTAN. Nous sommes une part de la famille européenne.


    Avez-vous quelques amis, parmi les pays d'Europe de l'Ouest par exemple ?

    - Nous avons de très bonnes relations avec tous les pays de l'Union Européenne. Surtout avec la France et l'Allemagne, qui nous ont soutenus beaucoup dans des situations importantes.

     

    L'Ukraine sort de ses élections...

     

    - Il y a eu un temps pendant lequel l'Ukraine et la Géorgie poursuivaient les mêmes objectifs dans leurs relations internationales. La Communauté internationale, surtout l'Union Européenne, nous a vus véritablement comme un couple. Nos deux pays ne poursuivent plus les mêmes buts, surtout dans nos relations avec l'OTAN, et aussi se développent différemment. Aujourd'hui il est préférable que la Géorgie soit regardée séparément.


    Le grand projet de transfert économique vers une nouvelle ville, Lasika, se poursuit-il ?

     - La construction de Lasika a été mise en route. On verra quelles priorités le nouveau Gouvernement poursuivra. Mais je suis très optimiste avec ce nouveau Gouvernement, qui mettra certainement en place les promesses, notamment pour les Affaires Etrangères.

     

    Je vous remercie !

     

     

     (1) : accords commerciaux facilités

     


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 31 Octobre 2012 à 18:13

    Une dame de grande classe !

    belle soirée Michel et a bientot

    2
    Mercredi 31 Octobre 2012 à 19:30

    cette famille m'a toujours fait rêver...........

    3
    Jeudi 1er Novembre 2012 à 06:40

    Merci de ta visite.

    Bon jeudi
    Bisoux

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    4
    Jeudi 1er Novembre 2012 à 17:11

    Coucou Michel

    Une interview très intéressante. Sais-tu que je suis allée en Georgie en juillet 1978 (c'était encore en URSS) ?

    Bises chamicales du jeudi

    Béa kimcat

    5
    Samedi 3 Novembre 2012 à 13:29

    Ca ne doit vraiment pas être une position facile... mais elle est objective: la solution, si solution il y a, prendra des années à émerger..

    Merci pour cette excellente interview...

    6
    TR l
    Samedi 30 Mars 2013 à 05:59

    Bonjour!

    J'espérais que la question épineuse des deux provinces sécessionnistes/occupées (suivant le point de vue) serait évitée... elle ne pouvait probablement pas l'être.

    Pour les lecteurs originaires du Sud-Ouest, on pense qu'une partie des ancêtres des Géorgiens, est apparentée avec les "novem populanie" - Basques mais aussi, dans une moindre mesure, toutes les populations d'Aquitaine et d'une partie du Midi-Pyrénées. Les Géorgiens sont donc nos cousins.



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