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    Yves-Marie Adeline est notre invité dans l'Interview de Royauté-News. Universitaire et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages  de référence, il a fondé en 2001 l'Alliance Royale, devenue en 2003 le seul parti politique monarchiste en France à l'époque contemporaine. Il a inscrit son nom dans l'histoire inlassable du royalisme et, par ses publications, continue de le faire.

    Cette Interview a été conduite en deux temps : juste avant la coupure de l'été 2016, et à partir de la rentrée et jusqu'à ces jours derniers de Décembre. 2017 s'annonçait sous le signe politique de la plus haute densité : les réflexions qui suivent s'inscrivent à point dans cette actualité.

     

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     L'Interview d'Yves-Marie Adeline

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    Le 30 Juin 2016

     

    Royauté-News : La victoire du Brexit est un tournant majeur. Quelles pensées pour l'avenir de l'Europe et de la France suscite-t-elle pour vous ?

    Yves-Marie Adeline : - Il est vrai que la sortie du Royaume-Uni est une première dans l’histoire de l’Union européenne, et parce qu’il s’agit de l’un des pays les plus influents du monde, sa décision provoque forcément un tremblement de terre. Pourtant, je ne suis pas certain que le Brexit soit un tournant majeur, pour plusieurs raisons.

    D’abord, le Royaume-Uni n’avait qu’un pied dans cette Union, puisqu’il n’appartenait pas à la zone euro. Ainsi, la monnaie unique elle-même n’est pas concernée.

    Ensuite, il n’y a pas de raison objective pour que cette sortie engendre des conséquences économiques graves, ni pour lui-même, ni pour l’Union. Quant à sa perte d’influence au sein des institutions européennes, je n’y crois pas trop : il y aura toujours des lobbies, aussi bien américains que britanniques, pour peser sur les décisions de Bruxelles. Enfin, il est impensable que ce pays n’obtienne pas un statut de partenaire privilégié de l’Union, puisque dans une Europe à 27, il sera la seule grande puissance du continent (à part la Russie, bien entendu) à se trouver officiellement à l’écart.


    Enfin, l’histoire de l’Union européenne n’est pas très longue, au regard de la longue histoire des îles britanniques. Ce qui serait un tournant majeur, ce serait une décision écossaise de faire sécession, après des siècles d’une vie commune à laquelle nous nous étions tellement habitués qu’il semblait impossible qu’elle prit fin. On sait que l’Ecosse est économiquement viable, surtout avec son pétrole de la mer du Nord : si, pour rester dans l’Union européenne, ce pays se voit accorder la possibilité d’organiser un nouveau referendum et cette fois-ci de faire sécession, là, vraiment, à mes yeux, ce serait un très grand événement historique.

    Le Site : S'agit-il, par effet de miroir, d'une victoire pour la France ?

    - Le Brexit, une victoire pour la France ? On peut l’entendre de plusieurs manières. On se souvient que De Gaulle était réticent, pour ne pas dire carrément hostile, à la candidature de la Grande-Bretagne, parce qu’il voyait en elle un pays trop étroitement associé à d’autres parties du monde, par des liens historiques et ex-impériaux plus forts que la fragile construction européenne. Et il est bien vrai qu’une fois admis par les pays fondateurs pour constituer l’Europe des Six, puis à mesure que cette Europe économique devenait politique, ce pays a souvent joué un rôle récurrent de contradicteur, jusqu’à gêner le fonctionnement initial néo-carolingien, reposant avant tout sur le couple réconcilié franco-allemand. Le Brexit renforce la France et l’Allemagne au sein de l’Union, et oblige certaines nations jusqu’alors « clientes », au sens romain du terme, de l’Angleterre, à redéfinir leurs alliances en fonction de ce seul tandem.

    Maintenant, si votre question doit s’entendre dans un sens souverainiste, et qu’ainsi le Brexit pourrait être précurseur d’un Franxit, je ne crois pas qu’aujourd’hui, les Français seraient favorables à une sortie pure et simple de l’Union européenne, aussi radicalement que la Grande-Bretagne. En revanche, il est possible que ce Brexit ait déclenché une sonnette d’alarme auprès de l’oligarchie européenne, après des décennies de reproches adressés à une construction qui se fait trop souvent sans l’accord des peuples, à une organisation qui, au lieu de faire rêver les peuples, s’occupe de la forme de nos prises électriques, d’interdire les fromages crus, de rendre la vie plus difficile aux petites entreprises, de fédéraliser les nations membres jusqu’à provoquer une standardisation des mœurs, des lois, des coutumes, des idées, des principes, plus exigeante que dans certains pays comme les Etats-Unis, pourtant le modèle aussi envié qu’inaccessible. Songez qu’aux Etats-Unis, certains Etats pratiquent la peine de mort, d’autres non, prohibent l’avortement, d’autres l’autorisent, alors même que ce pays est institutionnellement beaucoup plus viable que l’édifice européen, lequel est certes bien plus qu’une conférence permanente comme l’ONU, mais moins qu’un Etat, ne serait-ce que parce qu’il est encore incapable de satisfaire la première condition pour qu’un Etat existe : exprimer une seule politique étrangère. Les Européens, qui ne connaissent même pas leurs députés nationaux, a fortiori ceux des autres pays, n’ont souvent vu dans l’Union européenne qu’une gigantesque bureaucratie anonyme et toute-puissante, édictant des règlements contraignants. Peut-être que le Brexit va provoquer une prise de conscience de l’oligarchie européenne – et dans ce cas on pourra parler de victoire, sinon de la République française, au moins du peuple français, entre autres - mais ce n’est pas encore sûr, nous verrons bien. Et dans le cas où les institutions européennes deviendraient moins opaques, alors l’Union pourrait peut-être se renforcer, de sorte que, paradoxalement, le Brexit, au lieu de servir la cause des Souverainistes, l’aurait au contraire desservie.

     

    RN 2 : Que pensez-vous des lois que le gouvernement a faites passer récemment au moyen de l'article 49.3 de la Constitution, un record depuis Édith Cresson malgré une majorité théoriquement suffisante? 

     

    - L’usage intensif du 49-3 indique une fracture au sein de la gauche, mais à vrai dire cette ligne de partage ne fait que ranimer une division traditionnelle en France, entre une gauche réformiste et une gauche révolutionnaire (quand bien même, aujourd’hui, la question sociale n’est plus prise en charge que par le FN). Si les choses demeurent en l’état, il est probable qu’aux prochaines échéances électorales, la gauche se retrouvera au moins autant divisée que l’est la droite, elle-même partagée entre une droite démocratique ou républicaine (ces deux termes ayant le même sens en France dans l’imaginaire politique) et une droite nationale.

     RN 2 : En particulier, que pensez-vous de l'obstination du gouvernement (sous réserve d'un revirement très récent dont je n'aurais pas connaissance) à ne pas toucher aux articles L-3121-56, L-3121-60 et L-3121-63 1° et 2°, qui vont permettre de faire travailler presque tous les salariés 65 h comptées et payées 39, et de son chantage aux employeurs à qui on signifie que les mesures indispensables ne passeront qu'avec d'autres mesures, inacceptables ?

    Yves-Marie Adeline : - Cette évolution juridique suit une logique historique dont je distinguerai quatre facteurs.

    D’abord, on pense qu’en assouplissant les règles, on renversera la courbe du chômage.

    Ensuite, le poids toujours plus lourd des générations pléthoriques du baby-boom aujourd’hui retraitées conduit à devoir augmenter la charge de travail chez les actifs.

    En outre, on observe un mouvement mondial de baisse des revenus, résultant de deux causes croisées : d’une part, l’élargissement continu des inégalités sociales produit un enrichissement des riches et un appauvrissement des classes moyennes (l’année dernière, le nombre des millionnaires a encore augmenté en France, ce qui n’est pas une bonne nouvelle car leur accroissement est parallèle à celui de la pauvreté, ces riches de plus en plus riches accompagnant les pauvres de plus en plus pauvres) ; d’autre part un alignement progressif de nos revenus sur les standards des pays émergents. On est certes encore loin d’une égalisation, mais c’est un fait que le travail en Occident est de moins en moins rémunérateur.

    Enfin, dans notre monde où l’oligarchie s’impose derrière l’iconostase de la religion démocratique, la tendance est de rémunérer le moins possible le travail, jusqu’à, peut-être, à terme, ne plus le rémunérer du tout dans certains secteurs. Comme vous le savez peut-être, j’ai évoqué cette tendance lourde dans Les Nouveaux seigneurs. On ne peut exclure l’introduction progressive d’une sorte de néo-esclavage où le travail aura de moins en moins de valeur. 

    RN 2 : Avez-vous des observations sur l'état de la propagande, entre anti et pro-Brexit, avant le vote, et depuis ?

    - Dans un contexte oligarchique, il est normal que ceux qui prennent la parole soient ceux qui sont autorisés à la prendre. Par exemple, les journalistes sont formés dans des écoles à la sortie desquelles il leur paraît inconcevable que, parmi la population dont ils sont supposés prendre le pouls, des gens puissent penser différemment d’eux. Songez qu’en France 98% des journalistes déclarent voter à gauche, et leur majorité penche pour une gauche radicale, ce qui ne correspond nullement à l’état constant de l’opinion. A cet égard, 98%, ce n’est plus une statistique, c’est une anomalie. Ensuite, les organes dans lesquels ils travaillent ne vivent pas de leur travail, mais des prébendes de l’Etat et de leur appartenance aux différentes fortunes de l’oligarchie. Ainsi, d’un bout à l’autre de la chaîne, tout explique la déconnection entre les commentateurs de la vie collective et les attentes profondes de la collectivité.

    RN 1 : Sommes-nous en train de passer sous le signe d'un affrontement de civilisations ? (Islam... migrants...)

    - C’est toujours très difficile de faire de la prospective. En fait, la question est de savoir si nous nous acheminons vers une guerre intérieure (je dis « intérieure » et non pas « civile » : une guerre civile opposerait des Français entre eux, tandis que pour ce qui nous préoccupe, il s’agit plutôt de 10% des habitants de ce pays qui, même quand l’administration leur a délivré la nationalité française, ne seront jamais français, ainsi que l’avait expliqué il y a déjà longtemps le roi Hassan II du Maroc, pour qui on ne pouvait comparer des migrations d’est en ouest, facilement assimilables, avec des migrations de l’Afrique vers l’Europe, laissant voir une incompatibilité entre deux weltanschauung qu’il regardait comme irrémédiable).

    En fait, si l’on veut se hasarder à se projeter quand même dans l’avenir, il faut, je crois, chercher des signaux avant-coureurs d’une guerre de cette nature. En Occident, les pays les plus touchés par l’invasion musulmane sont la France, l’Allemagne l’Angleterre, la Belgique, la Hollande et les Pays-Bas. La question est de savoir si l’on trouve autant d’attentats dans ces autres pays qu’en France. Car aujourd’hui, la France est engagée militairement sur différents théâtres d’opérations contre des islamistes (pour des raisons d’ailleurs plus économiques qu’idéologiques), ainsi le phénomène des attentats s’explique assez bien. Si, un jour, il se produit dans d’autres pays, le Danemark par exemple, ou la Hollande, qui ne participent à aucune campagne militaire, autant d’attentats que chez nous, alors nous verrons apparaître un premier point de repère.

    Un deuxième point de repère est d’une part la fréquence des attentats, d’autre part leur répartition dans les régions françaises les plus touchées par la présence musulmane. Pour l’instant, sans parler des attentats déjoués, beaucoup plus nombreux que ceux qui réussissent, on ne peut pas dire que nous soyons en guerre. Mais on sait que les choses peuvent aller très vite, ne serait-ce que parce que, du côté islamiste, tout le potentiel humain est déjà sur place.

     

    1er Septembre 2016
    Site : Votre dernier livre, Les Nouveaux seigneurs (clic), exprime l'idée que les rapports sociaux ne seraient pas commandés par les idées politiques mais par les outils de production. Est-ce à dire que l'idéologie serait (totalement) absente des rapports sociaux, pourtant si contraints par des décennies de conditionnement médiatique et politique ? (Bien qu'il y ait dans cet axe excluant l'idéologie une posture volontairement naïve, le concept marxien ; cf. votre entretien avec Olivier Pichon) Etendez-vous ce raisonnement aux rapports politiques ?

    Yves-Marie Adeline :
    - L'idéologie n'est pas absente des rapports sociaux, que ce soit en bien ou en mal, et en cela - parmi beaucoup d'autres points de désaccord - je ne partage pas l'analyse exclusiviste de Marx. Ce que je veux dire, ou plutôt ce que Marx enseigne, c'est que le développement de nos outils de production pèse sur l'évolution de nos rapports sociaux et  politiques. Je vous donne un exemple simple, que devraient méditer ceux qui aujourd'hui souhaiteraient revenir à la IVe République, c'est-à-dire une république sans véritable chef d'Etat, sans monarque. La force de frappe française, la troisième du monde loin derrière les USA et la Russie, est toutefois suffisante pour anéantir aussi bien les USA que la Russie. Et bien sûr elle s'impose à n'importe quel pays par son aspect irrésistible, grâce aux SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins) indétectables. Mais pour être crédible, cette force doit pouvoir être mise en œuvre à volonté, très rapidement, en cas de crise majeure. C'est pourquoi il serait impensable de confier à une chambre parlementaire le soin de décider de son emploi : pour dissuader un ennemi de nous détruire, il faut que cet ennemi soit certain que des représailles totales suivraient immédiatement son agression. Il faut donc qu'un monarque décide seul, et soit seul à posséder le code du feu nucléaire. On voit ici que c'est l'évolution technique d'un outil de production (en l'occurrence: de production de puissance) qui induit le nouveau rapport politique, la nécessité pour la France, puissance atomique, d'avoir un sa tête un monarque, fût-il intérimaire en république. Mais je pourrais choisir d'autres exemples d'évolution de produits de production qui au contraire induisent un rapport plus collectif, comme l'information. Pour en revenir au social, j'observe aussi que l'évolution de nos outils de production de richesses, créant des produits à valeur ajoutée de plus en plus haute, tend vers une élitisation de plus en plus grande de nos sociétés. Je ne dis pas "je crois", je dis "j'observe", je n'y peux rien, et l'idéologie n'y change rien. En somme nous vivons dans un monde démocratiste au sens religieux du terme, mais nos sociétés sont oligarchiques.

     

    26 Novembre 2016
    Site : Cette été un sondage demandé par l'Alliance Royale et publié par BVA, rééditant réponses et chiffres de celui de 2007 et faisant apparaître que 17 % de Français seraient favorables à ce que la fonction présidentielle soit assurée par un roi.
    Quels sont votre opinion et votre commentaire au vu de ces résultats stables et qui traduisent une certitude quant à l'opinion, et suscitent-ils votre espérance ?
     
    - Ce sondage n'indique aucun progrès depuis le précédent il y a dix ans (2007). Comme élément d'appréciation, je vous renvoie à une proportion identique de républicains en Grande-Bretagne, ce qui n'est guère réconfortant parce que la Grande-Bretagne n'est pas près de voir son régime menacé. J'espère ne vous avoir pas trop refroidis smile.
     
    RN 1 : Pour ma part je trouve ce résultat très décevant. Mais cela tient à la technique, et surtout aux questions du sondage. Cependant, et ce sera notre nouvelle question, le passage à la trappe par les médias d'une opinion partagée par 17 %  de Français doit-il poser le problème du système, et doit-il l'être aussi du fractionnement des royalistes ?

    - Les royalistes ne sont pas disposés à se réunir en une force politique indépendante, vous savez peut-être que j'en ai fait l'amère expérience.

     

    28 Novembre 2016

    Le Site : L'absence de choix novateur et modéré, aux Etats-Unis (élections américaines) comme en France (en 2017), ne confrontant que des schémas simplistes... y voyez-vous une issue, croyez-vous possible l'effondrement à la longue du système ou bien est-il définitivement verrouillé par la dictature de fait qui ferme l'information et l'accès au pouvoir ?

    - Très difficile de répondre à votre question. En politique comme en histoire, il n'y a jamais rien de définitif, tout au plus du durable. Je dois reconnaître que la victoire Trump a quelque chose d'un événement. Avoir eu contre soi 97% des médias et gagner quand même, c'est une performance que nous pouvons évaluer à sa juste valeur en France, où le verrouillage des médias existe également - en fait un peu plus encore, je pense. Quant à la confrontation entre des choix simplistes, c'est d'abord la marque d'un pays dont la culture est puritaine, et aussi la force d'un système qui a besoin que ses contradicteurs ressemblent à des épouvantails repoussants.

     

    Royauté-News : (Et relativement à la question qui précède) Où en est selon vous l'hypothèse FN (Front National), que quelques analyses ont placé comme en ordre inéluctable de second tour (théorie du plafond de verre) ? Parti en lequel se retrouve une portion des royalistes au risque d'enliser toujours plus leurs propres idéaux et de se rendre eux-mêmes toujours plus illisibles et invisibles ?

    - Pour votre seconde question, les royalistes ne sont pas disposés à se constituer en force politique, j'ai voulu le faire et mes contradicteurs les plus violents ont été les royalistes eux-mêmes. Aujourd'hui, le vote royaliste (qui ne se vit même pas, ou rarement, comme tel) est encore plus divisé que le vote catholique. Cette allusion me conduit à Fillon. Avant sa victoire à la primaire ouverte, il était inéluctable que MLP (Marine Le Pen) serait au 2nd tour. C'est encore très possible aujourd'hui, mais tout va dépendre de la campagne de Fillon. S'il met la barre à droite, il va arracher des voix à MLP, et en tout cas beaucoup de catholiques qui auraient voté MLP contre Juppé vont maintenant hésiter.

     

    RN 1 : Vous êtes une référence incontournable pour ce qui est du concept monarchique, et certainement le seul qui aurait un avenir politique. Devra-t-on compter avec vous ?

    (Je dois dire que si la réponse ne me satisfait pas, je la supprime... happy

    - Pour votre troisième question, j'ai tenté l'aventure, l'argent m'a manqué (chose que m'avait prédite mon prédécesseur, si je puis dire, Renouvin). Peut-être qu'en insistant, et dans la mesure où je passais bien dans les médias, le royalisme aurait fini par se faire une petite place visible, avec quelques centaines seulement de militants. Mais la chargé économique était trop lourde pour moi, je suis sorti en 2008 endetté jusqu'au cou. Cela dit, par la nature même du sujet, il est impossible de répondre qu'on ne retournera plus jamais dans l'arène. Mais seulement ceci : je n'ai pas besoin de cette cause à laquelle j'ai consacré beaucoup d'énergie pour exister, j'étais avant cela un écrivain, je reste plus que jamais un créateur.

     

    3 Décembre 2016

    Royauté-News : En 2009 Gérard de Villèle cité par Royal Artillerie évoquait la "situation de l'Alliance Royale, rejetée dans une sorte de no man's land entre les deux irréconciliables sous les sarcasmes légitimistes et les plaisanteries orléanistes". Le même site Royal Artillerie déclarait il y a moins de trois mois : "Dans sa campagne de 2007, Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet s'était heurté régulièrement à la question du prince. Ses interlocuteurs, peut-être peu emballés par une plateforme politique trop construite et touffue (...), lui demandaient quel serait le roi. Et lui, dans l'axe de neutralité qu'il s'était imposé, bottait en touche en signalant que le moment venu, on trouverait très facilement le capétien ad hoc ! Ce qui déplaisait. Les Français ne sont pas si conceptuels qu'on le dit et préfèrent l'incarnation du principe au principe lui-même, d'où leur quête de l'homme providentiel, même dans une société réputée athée. Alors si l'Alliance royale compte capitaliser sur le sondage qu'elle a commandé pour entrer en campagne, elle devra se choisir un champion et son candidat obtenir l'adoubement. Bon courage."
    Ce qui amène la question : bien que vous ne soyez plus en charge de l'Alliance, êtes-vous conscient de cette faiblesse et avez-vous une opinion quelque peu différente de votre côté, sur la nécessité de se battre pour quelqu'un plutôt que pour un principe insaisissable, du moins pour le plus grand nombre ?

    - C’est vrai que c’était – c’est encore - une faiblesse, mais c’en eût été une autre, plus grave encore, si nous avions choisi un prince plutôt qu’un autre, car nous aurions subi les attaques incessantes de l’autre camp. En outre, une troisième faiblesse fût venue du fait qu’en choisissant un des deux prétendants, nous l’eussions fait adhérer malgré lui à notre programme politique, ce qui, d’une part, l’eût désigné à la vindicte républicaine, d’autre part eût entravé ses propres choix, enfin nous eût rendus vulnérables pour le cas où l’idée lui fût venue de contredire publiquement notre action, comme ce fut le cas de l’AF avec le feu comte de Paris en 1937. Donc, en réalité, c’eût été pire encore pour nous si nous avions choisi un prince. Mais sur le fond, vous avez raison : c’est une faiblesse de combattre pour un principe dont l’incarnation ne se manifeste pas. Cependant, conscient que le retour d’un roi n’était pas pour demain, mon idée était de réintroduire dans le débat politique la question de la monarchie ; j’ai cru que c’était possible après la disparition de la menace communiste, j’ai cru que les royalistes étaient prêts à se mobiliser pour cela. J’ai eu tort.

    Royauté-News : Ce qui amène la suivante, qui s'y accole à votre réponse : répudiez-vous l'idée de "république couronnée", qui selon nous ne veut rien dire, et ne serait que confortation décadente d'une république qui est celle de tous les vices politiques, et qui masquerait encore plus et impunément sa corruption à l'ombre d'une comédie royale ?

    Yves-Marie Adeline : - Je ne me souviens pas d’avoir employé moi-même cette expression, il me semble plutôt que je présentais la constitution de la Ve République comme une constitution monarchique, assez bonne pour notre époque, mais du fait des circonstances, servie par un président au lieu d’un roi, ce qui la rendait fragile, comme nous l’avons vu avec le détricotage progressif de l’œuvre de De Gaulle. Je vous rappelle que le rêve de De Gaulle eût été que le comte de Paris lui succédât en 1965, et nous aurions alors basculé en monarchie constitutionnelle, sans secousse sinon au sommet de l’Etat. Par exemple la fonction de premier ministre relève typiquement d’un régime monarchique : la république française n’avait pas connu cela avant 1958. Evidemment, avec le quinquennat, le premier ministre ne sert plus à rien ; mais je m’égare vers un autre sujet. Cela dit,  je ne me suis pas contenté de proposer que l’on se contente de couronner cette constitution : à la présidentielle de 2007, puis auprès de la Commission Balladur, j’ai présenté un projet de réformes plus ambitieux, notamment pour ce qui concerne la représentation parlementaire.

     

    Royauté-News : De fait, votre idée conservait une véritable architecture de V°, et non un simple transfert du président au roi, qui sans rétablir la pureté de l'édifice constitutionnel d'origine, il ne se serait agi que d'un simple changement de dénomination... Votre réforme de la représentation parlementaire, il me semble me souvenir de représentation réelle et de démocratie équitable dont parlait l'Alliance à l'époque, la porteriez-vous encore aujourd'hui ? N'excluait-elle pas, par exemple, la représentation individuelle, au profit d'une vision de société centrée sur les familles, qui aurait fait perdre cet acquis [de la représentation universelle par citoyen] et ne serait-elle pas en porte-à-faux avec les aspirations [qui sont : la représentation individuelle : un citoyen = une voix] le plus largement partagées ?

    Yves-Marie Adeline : - Non, je ne me contentais pas de l'architecture de la Ve.

    Voilà mes propositions :

    Selon les prérogatives qui aujourd’hui sont celles du Président, et selon le modèle de fonctionnement des monarchies qui nous entourent, le Roi nomme un premier ministre qui doit obtenir le vote de confiance de l’Assemblée nationale.
    Au Premier ministre reviennent la nomination du gouvernement (à l’exception du ministre de la justice) et la charge du pouvoir. Il définit et conduit la politique à mener. Il expose au Roi l’action politique du Gouvernement, présente au Parlement son programme de politique publique et lui rend compte de son exécution.

    Le Roi est, d’abord et fondamentalement, une personne en laquelle s’incarne le pays. Le rôle politique du Roi dépasse néanmoins ce rôle représentatif : il est garant des intérêts fondamentaux de la France entendue comme personne morale. Le Roi est arbitre des institutions dont il garantit la continuité et le fonctionnement. Il est garant de la stabilité politique du pays à travers celle de ses institutions.

    Il est le garant de la souveraineté et de la cohésion nationale, protecteur des libertés publiques et recours juridictionnel suprême. Le Roi cumule les fonctions supérieures de chef de la magistrature et de chef des armées. Il dispose du feu nucléaire.Il promulgue les lois votées par le Parlement, nomme le Premier ministre et le Ministre de la justice. En revanche, il n’intervient pas de façon ordinaire dans la politique publique, qui relève du gouvernement et de la représentation parlementaire.

    Afin d’assurer l’indépendance du pouvoir judiciaire, la nomination du ministre de la justice n’appartient pas au gouvernement mais au Roi assisté du Grand Conseil de la magistrature. C’est cette instance qui gère également les carrières des magistrats. Le système de recrutement des magistrats demeure celui que nous connaissons.

    En outre, je proposais une réforme du mode de désignation du corps législatif, afin de pratiquer ce que j'appelais « la démocratie équitable ». Il s’agit de répondre au déficit démocratique engendré par la non-représentativité de l’Assemblée nationale : 4 fois plus de fonctionnaires que dans l’ensemble de la société, 3 fois moins d’employés, 10 fois moins d’ouvriers non qualifiés, pas de familles représentées, pas de chômeurs etc. Et pour mettre fin au régime idéologique des partis, je suggérais que la représentation des grands corps constitutifs de la nation fût réellement assurée. J’en retenais quatre parmi ceux qui pourraient représenter le mieux l’ensemble de la société française : les salariés, les entrepreneurs et professions libérales, les collectivités territoriales, et les familles. Mais bien sûr, tout est perfectible.

    Les élections se dérouleraient à l’échelle du département, devenu la circonscription électorale. Chaque collège (salariés auxquels se joignent les chômeurs, entrepreneurs, collectivités, familles) élit un représentant par département. Ces représentants siègent au Conseil régional, devenu une véritable instance de décision ; ils y représentent leurs collèges. Dans le souci d’assurer la continuité du pouvoir, ces mêmes députés siègent à l’Assemblée nationale par groupes de régions, et au sein de ces groupes, par collèges. Ces députés seraient élus sur le mode du mandat impératif, c’est à dire qu’ils sont les représentants du collège de leur région et ont pour mandat de représenter ce collège : en tant que députés (je ne parle pas encore du Sénat) ils ne seront plus les représentants de concepts abstraits, comme celui d’être un « élu de la nation », mais de réalités concrètes. Autrement dit, le député devra avant tout répondre de ses actes devant ses électeurs et non pas devant les consignes de son parti. Enfin, les tendances idéologiques ne pourront pas se recréer à l’assemblée, car les députés se retrouveront regroupés par régions et par collèges, quelle que soit leur idéologie.
    Cette réforme aboutit à rendre les députés au peuple, recentrer l’Assemblée nationale vers les problèmes concrets de tous les jours, assurer une représentation plus juste et équitable du peuple, et réaliser ainsi le vieux rêve des hommes de 89 : donner une assemblée nationale à la France.

    Le Sénat est élu au suffrage universel, afin de représenter les tendances idéologiques de la France.
    Le rapport entre les deux chambres, prévu par la Constitution de la Ve République, est maintenu.

    Le Parlement pris dans son ensemble est donc chargé de voter les lois, d’examiner, et éventuellement de censurer, l’action du gouvernement.

    Vous voyez que ma réforme allait plus loin qu'un simple couronnement de la Ve.

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    15 Décembre 2016
    Royauté-News : Paris-Match, cette semaine, interviewe Laurent Voulzy et Alain Souchon. Un passage donne ceci, (Clic!) et attend votre avis.

    Yves-Marie Adeline : - Nous sommes en quelque façon revenus cent ans en arrière, quand au début du XXe siècle des personnalités de premier plan n'hésitaient pas à affirmer leur attachement à la royauté. Qu'un ministre des finances en exercice s'affiche clairement favorable à ce régime - Macron - c'est quelque chose d'inédit ; que des chanteurs en vue comme Voulzy, ou d'autres professionnels reconnus dans le monde des variétés fassent le même genre de déclaration, c'est encore une nouveauté. La seule différence réside peut-être dans le niveau culturel, mais après tout c'est proportionnel à notre régression intellectuelle et artistique. Il y a cent ans, Proust se déclarait lecteur de l'Action française, aujourd'hui Voulzy (je pense aussi aux paroles ambiguës de sa chanson Jeanne : "des siècles nous séparent" ...). Toute la question est de savoir si ce sentiment qui grandit peut-être peut se transformer en force politique.

    RN 1 : Justement, je souhaitais vous parler de Macron. Peut-on parler de divine surprise le concernant, puisqu'il veut sincèrement rassembler tout le monde sans les a priori classiques des personnages politiques, et parce que son "background" est naturellement éloigné de l'idée monarchique... Peut-être, cet éloignement doit-t-il finir par susciter, si l'on s'avise d'en organiser les conditions, une prise de conscience chez nos contemporains, selon la durée variable de résorption d'un système devenu vide et dangereux ? Ses propositions en tous cas renversent la sémantique ordinaire et il peut culbuter des blocages de la société française, allant au-delà du réformisme de façade. Partant, "les monarchistes" peuvent-ils jouer selon vous la carte Macron, tout en demeurant eux-mêmes ?

    Yves-Marie Adeline : - Je ne pense pas. D'abord Macron attire beaucoup de gens différents, ce qui en soi est une démarche royaliste, mais la plupart de ceux qui le rejoignent ne s'intéressent pas à cette question. Ensuite dans notre régime il est extrêmement difficile de faire de la politique sans avoir de parti avec soi, donc je doute que Macron passe le premier tour, qui dans l'état actuel des choses lui garantirait la présidence. Enfin, Macron ne se prononce pas encore sur des sujets brûlants comme l'insécurité et l'islamisme; or ces sujets peuvent s'imposer dans la campagne, surtout si nos services ne peuvent éviter de prochains attentats. D'ailleurs à l'insécurité tout court s'ajoute l'insécurité sociale, et dans ce contexte Macron a une mauvaise image.


    Royauté-News : Un mot sur cette fusion de quatre arrondissements parisiens ?

     - Dans la perspective du Grand Paris, je ne vois pas comment cette fusion des quatre premiers, les plus petits, pouvait être évitée.


    Site : La subsidiarité, que Giscard d'Estaing avait introduite comme l'un des fondements de sa Constitution européenne, est une idée monarchiste, et en particulier, une idée royaliste de base. La présence de cette idée, reprise parfois comme une des conditions de l'harmonie, n'est-elle pas une chance extraordinaire pour le royalisme, qui devrait alors surfer sur les idées, et en particulier sur celle-ci ? 

    - La subsidiarité pratiquée par l'Europe va dans le sens inverse de la subsidiarité royaliste telle qu'elle a été exposée par Bonald. Loin s'être subsidiariste, l'Union européenne arrache le pouvoir aux Etats membres pour tout régir à leur place, jusqu'à prétendre se mêler de choses absurdes, comme la cuisson du fromage ou le format des prises électriques. La subsidiarité suppose de laisser plus de liberté à la base ("les libertés en bas, l'autorité en haut", dit Bonald), tandis que l'Union européenne confisque 90% du pouvoir législatif des Etats membres.

    Royauté-News : Cette question est inséparable de celle-ci : Partagez-vous notre idée que les royalistes, ou du moins, un regroupement de quelques mouvements et de quelques personnalités, se dote d'un unité de communication qui fait défaut, et a toujours fait défaut, et pour exposer les éléments de base partagés par tous les courants ?

    Yves-Marie Adeline : - Oui, bien sûr, mais c'est difficile en-dehors d'un parti unitaire comme l'Alliance royale. Le couple Dejouy avait tenté une démarche dans ce sens, en demeurant indépendant de tous les courants ; je ne sais pas ce que c'est devenu, m'étant retiré il y a maintenant plus de huit ans.

     

    Le Site : Partagez-vous l'idée que la liberté individuelle, qui n'a jamais été aussi étouffée, doit être défendue de la façon la plus acharnée par tous, mais aussi par les royalistes, qui par surcroît y gagneront une "rédemption" au regard de tous, pour ceux du moins qui furent compromis aux époques sombres ? 

    - Tout Etat, et même toute société, a tendance, volontairement ou non, à réduire la liberté individuelle. Cela se comprend au regard du bien public, si l'on rappelle que la liberté de soi s'arrête à celle d'autrui, mais la tendance est d'aller au-delà. En tant que chrétien, j'ai hérité d'une parole christique libératoire, mettant en avant ma conscience plutôt que la seule raison des Grecs. Deux mille ans après le Golgotha, cette parole n'est toujours pas bien comprise, et peut-être ne le sera-t-elle jamais complètement, car il est aussi dans la nature de chacun de chercher son salut dans les institutions, quitte à abdiquer sa souveraineté, celle de prêtre, prophète et roi, que nous portons en nous par la grâce de Dieu. Il faut dire que la liberté est un feu, et devant le feu, le plus facile est d'être lâche.

    Pour en rester au plan politique, je n'ai jamais regardé le roi comme un dictateur, le roi est le roi, au-delà des différents régimes possibles. La dictature est un régime dicté par les circonstances, inventé par les Romains qu'ils prévoyaient de courte durée, voué au salut public. C'est d'ailleurs ce qui est prévu à l'article 16 de notre constitution républicaine.

    Ce qui nous menace le plus aujourd'hui n'est d'ailleurs pas la dictature, mais l'uniformisation mentale. Elle est réalisée en grande partie.

     

    Le Site : Le président, en France, est avec le numéro 1 chinois, sans doute le seul à disposer du droit de décider seul la guerre, assorti d'un délai de trois mois durant lequel aucun contrôle ne s'exerce. Malgré votre attachement au rôle de décision dont doit bénéficier le président, n'y a-t-il pas dans ce cas particulier, n abus considérable, surtout entre les mains de personnages dont on sait bien qu'ils ne sont que les mandataires  de puissances "qui dictent leurs lois aux états", comme le déclarait Chirac (1976 ; Appel de Cochin) ?

    - Vous devez tenir compte du fait que la France fait partie du club fermé des cinq principales puissances nucléaires, comme la Chine et trois autres puissances (USA, Russie et Grande-Bretagne). Plus exactement, elle vient en troisième, derrière les deux géants américain et russe, mais sa capacité de destruction est totale, non seulement par le nombre de ses ogives, mais encore par les moyens qu'elle dispose de les transporter, que la Chine ne possède pas. L'Angleterre est un pays un peu à part, laissant sa sécurité sous la dépendance américaine; cela dit une indiscrétion datant de quelques années a fait connaître au monde que le feu nucléaire était placé sous le doigt du seul chef de l'Etat, la Reine.

    La constitution gaullienne, dont nous avons déjà dit ce qu'elle avait de royal, institue le chef de l'Etat chef des armées, ce qui a profondément bouleversé la culture républicaine de l'armée française dans les années soixante. Je n'ai pas d'objection à cela, considérant, après les Achéens qui, tenus en échec depuis dix ans devant Troie, ont enfin résolu de se donner un chef unique, que la guerre se gagne à plusieurs, certes, mais autour d'un seul chef.

     

    Le Site : Du scandale de l'Etat d'Urgence, et de sa reconduction à volonté au point qu'il est devenu un état permanent ; votre opinion sur cet situation, et sur son efficacité pour défendre la population contre des terroristes si bien élevés dans le sérail par des politiques innommables ? Et notre sous-question : Si ce n'est, à notre sens, qu'une nécessité stratégique façonnée par les autorités pour imposer une chaque de plomb sur toute liberté et contrôlant, faisant, celle de penser ?..

    - Ce n'est pas l'Etat d'urgence que je crains, mais le fait que l'Etat s'appuie sur lui pour réprimer nos libertés, ce qui constitue un dévoiement du principe.

     

    Le Site : Y aurait-il une priorité, ou plusieurs, à laquelle vous voudriez voir souscrire le président, quel qu'il soit, qui sera élu en 2017 ?

    Yves-Marie Adeline : - Dans la pratique du pouvoir, il n'y a pas de priorité à proprement parler, on ne peut pas laisser tomber les valises sous prétexte de régler un problème en particulier, d'autant que, souvent, les choses sont liées entre elles. D'autre part, les défis que nous avons à relever ne sont pas seulement liés à notre vie nationale, mais à un contexte international. Les sujets préoccupants de manquent pas : sécurité, islamisation, médiocrité de la formation scolaire, chômage de masse, appauvrissement des classes moyennes, creusement vertigineux des inégalités, dépréciation du travail, condition paysanne, manque d'un deuxième porte-avions, dette publique, rétrécissement de nos libertés, etc., etc. : choisissez là-dedans une "priorité"...

     

    Royauté-News : Merci !

    Cette Interview est la propriété exclusive de Royauté-News®


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  • A l'occasion de la parution de son ouvrage Demain, un roi... (Clic), nous publions l'Interview de M. Richard Alain Marsaud de Labouygue.

    Nous avions choisi une interview express, puis, il nous a semblé opportun d'entrer plus avant dans ce sujet essentiel en profitant d'une des très rares (trop rares...) occasions de l'aborder et de fouiller toutes les opportunités ou visions diverses qu'il recèle.

     

    Richard Alain Marsaud de Labouygue  a exercé durant dix ans comme chef de programme pour le compte de la Commission Européenne dans les pays d'Europe centrale et orientale achevant ce périple avec la qualité de Conseiller d'État Roumain. Tout en poursuivant son activité de Consultant Expert Juridique International, il est secrétaire général adjoint de l'ONG Identité Culture et Développement. Un programme est en cours d'élaboration sur les programmes européens Life Environment, concernant la destruction des déchets industriels.

     

    L'Interview de Richard Alain Marsaud de Labouygue

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    L'Interview de Richard Alain Marsaud de Labouygue

     

    Royauté-News  - Comme nous ici, pensez-vous que les Français ont reçu avec la Constitution de 58, un trésor encore ignoré même si les choses assez récemment ont fini par évoluer, dans les sphères farouchement opposées au fondateur de la Ve République ? (bien que paradoxalement, beaucoup de royalistes reconnaissent aujourd'hui la dimension monarchique de la Ve Rép.)

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Trésor ? Certes, cette Constitution de 1958 instaura en 1962 après Référendum, l'élection du Président au Suffrage Universel lui donnant une légitimité non partagée, celle du monarque, tel que cela fut le cas d'espèce avec Hugues Capet. Pour moi, de Gaulle est un Capétien. N'est ce pas le Président Chirac qui déclarait de son ministre de l'Intérieur, futur président  : « je décide, il exécute ». Le Président est la clé de voûte du système, il détermine la politique, il en est l'aiguillon et l'arbitre avec les domaines réservés en politique extérieure. C'est un monarque. Le Professeur de droit constitutionnel, Pierre Avril a pu qualifier la constitution de Principat, c'est à dire l'étape intermédiaire avant la Monarchie. La Ve ne serait elle pas une Constitution inachevée ?


    Royauté-News  - Vous dites, en substance : les idéologues ont installé, par la Révolution, un « homme nouveau » qui disposerait de sa propre volonté. Ne pensez-vous pas que cette présentation dénie la capacité de l'homme à se doter d'une liberté indépendante ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Les idéologues ont installé « l'homme nouveau ». Destutt de Tracy a inventé vers 1796, le terme d'idéologie. « L'Être voulant »,  pour le philosophe est celui qui exprime une volonté sans laquelle il n'existerait pas. Est ce à dire qu'avant 1789 l'homme n'existait pas ? Le Roi en son Royaume, le Peuple en ses États. La démocratie ainsi exprimée est bien une réalité politique avant 1789, au même titre que les droits des gens avant les droits de l'homme. Joseph Fouché déclare vouloir « la régénération du Peuple ». Tous  les régimes totalitaires et communistes en particulier ont pour but de modeler l'Homme selon leur idéologie. Où est la liberté ?

    Royauté-News - Par constitution inachevée, pensez-vous à « la France couronnée » que certains royalistes français appellent de leur vœux ? Idée rejointe récemment par M. Emmanuel Macron qui déclarait à peu près : « sans le roi, il manque quelque chose...» ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - L'interprétation, peut être, celle que vous suggérez... Néanmoins, je considère davantage l'aspect constitutionnel, le Général de Gaulle en bon capétien nous a, selon moi, laissé la possibilité d'instaurer la Monarchie, avec une Constitution adaptable à cette opportunité que les circonstances faciliteraient.

    Royauté-News - Cependant il faudrait contourner la disposition constitutionnelle selon laquelle il n'est pas permis d'envisager un autre régime que la république...

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Il n'y a aucune disposition qui pourrait s'opposer au changement de régime. La république instaurée pourrait basculer en monarchie sans qu'il y ait un recours au Conseil Constitutionnel, seulement par voie référendaire. Nous ne sommes pas dans le cas de Napoléon III avec un coup d'État comme base du changement de régime. Nous aurons peut être suite à cette interview des réactions de constitutionnalistes, certes, mais personnellement dans l'esprit gaullien, je ne vois un changement que dans la légalité.

    Royauté-News   - Lorsque vous faites constante référence aux Capétiens, les siècles Capétiens sont-ils pour vous la base, et la seule, sur laquelle le passage à la monarchie, que vous estimez possible et nous allons y revenir, devra s'appuyer ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Non seulement les Capétiens sont une référence, ils sont le socle de toute institution monarchique en France. Si je voulais entrer dans une dimension, dépassant toutes les considérations partisanes je dirais, comme beaucoup, mais qui n'appliquent pas : soyons pragmatiques. Pour moi, je considère que le Gaullisme, c'est la Pragmatique Capétienne qui finalise le destin de la France, dans son identité originelle.

    Royauté-News   - Voyez-vous la figure d'un Prince qui émerge aujourd'hui de cet héritage Capétien ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Voir la déclaration du Comte de Chambord en 1883 année de sa mort. Les lois d'exil se sont appliquées jusqu'en 1950 aux Bonaparte et aux Orléans. Aujourd'hui le Prince historiquement dynaste est Henri d'Orléans et après lui son fils Jean de France.

    Royauté-News   - D'après vous sont présents « les signes avant-coureurs de la monarchie dans ce début de XXI° siècle frémissant » : voyez-vous le Comte de Paris, ou son fils le Prince Jean aptes à recevoir cette charge, en termes d'aptitude et de compétences et pas seulement sur le fondement d'une règle donnée ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Concernant les  Princes, le Comte de Paris qui avance en âge n'aurait peut être pas envie de régner et serait peut être le premier prétendant à renoncer à la couronne pour son fils Jean de France, qui, lui, est préparé. Je vous conseille la lecture de son livre « Un prince français » où il développe et expose les valeurs de la France notamment sur la Famille et sur cette France charnelle que nous revendiquons. Le Prince Jean de France expose les principes généraux de gouvernement tels qu'il serait à même de les appliquer si nous faisions appel à lui.

    Royauté-News   - Quels sont, dans le détail, ces signes avant-coureurs du renouveau Capétien en ce début du XXI° s. ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Les cérémonies religieuses à Paris et en Province ce 21 janvier font état d'une participation croissante des français par rapport aux années précédentes. J'étais à Saint Germain l'Auxerrois ce 21 janvier. L'église affichait complet, voilà pour les faits.  Les gens n'ont plus peur de dire qu'ils sont monarchistes, vous même vous en apportez la preuve en citant la déclaration du ministre du gouvernement actuel : « sans le roi il manque quelque chose ».
    Sur la Pragmatique Gaulliste, tout le personnel politique semble aujourd'hui d'accord, depuis les politiquement corrects jusqu'aux atypiques et inattendus. Tous ont été ou seront gaullistes (1) ! L'argumentaire de mon essai reprend les problèmes sociétaux et institutionnels en dénonçant les dysfonctionnements, les errements qui constituent les symptômes que j'analyse afin de donner le diagnostic de la maladie pernicieuse qui nous ronge : la Révolution de 1789 ... celle de 1968. Le remède c'est la Monarchie. Il faut lire attentivement cet essai qui n'est pas le fruit d'un travail de quelques jours ni même de quelques mois mais d'une accumulation de quelques années de recherches aux archives pour ce qui concernent les données historiques et philosophiques. J'ai appuyé mon développement sur les principes qui nous gouvernent et ceux qui mériteraient d'être revus par exemple l'organisation des régions, le Sénat que le Général de Gaulle voulait supprimer pour le remplacer par un haut conseil social, ainsi que les lois sur la participation dans le sens d'une meilleure justice redistributive selon Saint Thomas d'Aquin.
    Vous avez raison, la question dynaste est d'importance aussi vaut-il mieux argumenter sur le principe afin de convaincre les français. N'est ce pas le Comte de Chambord qui déclarait : « mon principe est tout ».

    Royauté-News   - Vous dites que c'est elle qu'il faut bannir : votre critique de la Révolution est d'ordre fondamental, mais croyez-vous que la masse puisse accepter un tel revirement de pensées, profondément ancrées même si les Français, peuple frondeur, va jusqu'à exprimer désormais un mécontentement profond et radical ? En l'absence d'un personnage comme un Général de Gaulle, peut-on imaginer que l'idée de liberté, en ce sens qu'elle s'attache chez la plupart à la Révolution, ainsi que le sentiment commun en faveur de la république, puissent être renversées ?

    Richard Alain Marsaud de Labouygue : - Les enseignements de l'histoire ont caché aux français la réalité de ce qu'était la France d'avant la Révolution. Ainsi les droits de l'homme existaient-ils et s'appelaient le droit des gens. Les réformes notamment entreprises sous les deux empires étaient déjà en cours d'élaboration : réforme de la justice et de ce qui correspondait alors au code pénal, la liberté des cultes, l'abandon des privilèges était déclaratif car dans les faits ils n'existaient plus notamment dans le cadre de la justice seigneuriale. S'il fallait résumer en une phrase, aux États Généraux, les cahiers de doléances étaient majoritairement communs à la noblesse et au Tiers-État. Les Régions et l'organisation territoriale étaient aussi une réalité concrète. Les grands corps de l'État n'ont pas attendu Napoléon, ils existaient déjà, le Conseil d'État notamment. L'avantage de notre siècle et d'apporter l'information à la disposition du plus grand nombre sur la toile ce qui devrait nous prémunir d'une forme de totalitarisme de la pensée et de reconnaître que la monarchie millénaire est garante des équilibres nécessaire et elle sait évoluer vers un mode de gouvernement dynamique qui met à part les intérêts partisans que de Gaulle a toujours combattus.

     

    Royauté-News   - Merci !

     

     (1) Célèbre citation du Général de Gaulle ; ndlr.


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    Nous accueillons avec plaisir ce soir l'Interview du Prince Stanislas 1er d'Araucanie.

     

    Le 22 Juin 2014, à l'âge de dix-neuf ans, Stanislas Parvulesco est devenu le chef d'une émanation directe du Royaume d'Araucanie issue d'une contestation contre l'équipe conduite par Jean-Michel Parasiliti di Para. Notre actualité très prochaine nous permettra de faire le point sur la récente actualité du Royaume et sur un an et demi de changements après la mort du défunt Prince.

     

    ©RoyautéNews

    L'Interview du Prince Stanislas d'Araucanie et de Patagonie

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    Royauté-News : Votre position ne vous a-t-elle pas parue inconfortable, lorsqu'en Juin 2014 vous avez été considéré avec votre groupe comme un putschiste ?

    Le Prince Stanislas : Une position que l'on a choisi d'assumer est rarement inconfortable. Certes, il ne fut pas agréable de se voir moqué dans la presse mais après tout, « faire le bien et être moqué, c'est la chose royale ».

    Quand au titre de putschiste, il ne faut pas oublier que le royaume a plusieurs facettes, politiques et littéraires, la littérature sert la politique et sans son côté romanesque le royaume n'aurait plus de raison d'être.
     
    Ce terme de putsch redonne un bon coup de sang au royaume, en fait parler et donne une certaine envie de rejoindre l'aventure à beaucoup de personnes.
     
    Faire du sérieux en s'amusant ça tente.

    Quand on sait la façon par laquelle M. Parasiliti est arrivé à son trône, il est bien placé pour me dire putschiste...

     

    L'avis des anciens du Royaume, qui tous (en apparence du moins) ont conservé leur appui à M. Parasiliti (Antoine IV) vous importe-t-il peu ?

    - L'avis des anciens du royaume est comme tout avis d'anciens, plus ou moins raisonné et émotionnel. En général, avec l'âge on n'apprécie que peu le changement, on ne veut pas être bousculé dans ses pantoufles.
    Et c'est ce que l'on a vu, Jean-Michel Parasiliti n'est guère actif, éloigné du monde de la politique, de l'aristocratie et des autres monarchies, et ne souhaite pas l'être plus qu'aujourd'hui, alors qu'être Prince d'Araucanie est une mission à assumer en permanence.

     

    Avez-vous conservé des relations amicales avec des anciens du Royaume, parfois même s'ils ne reconnaissent pas votre proclamation ?
     
    - J'ai des liens avec les anciens, tout d'abord parce que je les fréquente depuis cinq ou six ans et certains m’apprécient. Lavalette est mon cousin même s'il le nie, Claude Labalue m'a soutenu avant de se retirer à cause de calomnies organisées, me faisant passer pour un nazi, Pierre Girard-Augry me soutient, Georges d'Arboussier aussi, certains vieux amis du prince Philippe me reconnaissent également, quant à Jean-Michel Parasiliti nous n'avons aucune animosité l'un envers l'autre.
     
    Croyez-vous qu'à la longue, ils finiront par vous reconnaître comme Prince d'Araucanie ?
     
     - Il est toujours très dur de reconnaître son erreur, je pense que me reconnaître comme Prince d'Araucanie serait pour eux une défaite terrible et qu'ils préféreront abandonner la partie que de nous rejoindre. 

    Justement, on vous a dit proche de mouvances très marquées et on a insinué que vous étiez proche de mouvances assez dures. Ceux qui l'ont répété en coulisses, dit-on, se trouveraient parfois dans le même cas !

    - Tout dépend de ce que l'on entend par proximité, je n'ai pas de proximité idéologique avec les mouvances que vous dites dures, seulement à Paris entre gens qui aimons faire la fête, l'on croise souvent des personnes de tous bords. 


    S'agit-il plus, là aussi, de romantisme ? Pensons aux comptes Twitter abonnés au vôtre, ou l'inverse ?

    - Il s'agit certainement d'un certain romantisme et d’un sentiment de fidélité, fidélité à des hommes qui ont fait mon bien.


    Vous êtes en exil à Angers, selon vos propres termes, et vous êtes fréquemment à Paris. Où vous situez-vous, si c'est le cas, dans la sphère royaliste française, et quelles sont vos activités la concernant ?

    - Je vis de nouveau à Paris depuis peu de façon permanente, je suis lié par ma famille à la sphère royaliste et je ne peux que soutenir une cause qui me semble culturellement et historiquement juste.


    Vous avez été très visible sur Internet en 2014, à l'occasion des grandes manifestations de soutien à de grandes causes. Est-ce suffisant pour faire reconnaître le Royaume ?

    - Aucunement, mais il s'agit d'un devoir que de défendre les justes causes au milieu des autres hommes et pas du fond d'un salon.


    Poser avec Mélenchon en a surpris plus d'un. Pas simplement chez les quelques membres du Royaume, mais aussi chez ceux qui suivent un peu son actualité...
    En posant avec La Méluche, vous êtes-vous bien amusé ?

    - C’était lors d'une soirée arrosée d'un excellent rhum guatémaltèque, nous avons devisé longuement de diverses choses et nous sommes à peu près entendu en ce qui concerne la géopolitique, ceux qui ont été choqués n'ont aucun esprit politique.


    La version du Royaume que vous représentez a été appelée Nouvelle-France, jouant sur le nom que l'on donnait au 19° siècle au Royaume d'Araucanie.
    S'agit-il plus, là encore, qu'un romantisme, que d'une possible et réaliste substitution ? Après tout il existe bien un fort courant, en France, en faveur de Poutine...

    - Il s'agit d'une appellation traditionnelle, chacun voit le rêve d'une nouvelle France comme il l’entend. Pour ma part je considère cela comme une façon d’exemple que la France, si elle souhaite un renouveau devra puiser dans les peuples indigènes.


    Quels sont vos projets pour le Royaume et pour la défense des Mapuches ?

    - Ils sont difficiles à définir sachant que j'ai une vie devant moi pour le faire, cependant comme c’était le cas pour mon prédécesseur je souhaite l’amélioration de leur condition de vie sans que leur soit imposé le modèle de l'homme occidental (l'homme occidental n'ayant rien de civilisé).

     

    Merci !

     

    Nous précisons à nos lecteurs que notre Site ne reconnaît nullement M. Parvulesco comme Prince d'Araucanie.


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    L'Interview de Royauté-News est l'une des trois grandes rubriques du Site actuel de Royauté-News.

    Comme les autres contenus, elle se poursuivra sur la nouvelle version de Royauté-News entrée en ligne récemment et qui prend le relais du présent Site Mardi 14 Octobre 2014.

     

    Le Site actuel a pour nom Flux principal de Royauté-News, et a succédé en 2013 à la version historique. Cette version actuelle, créée au Printemps 2013, est organisée autour de trois grandes catégories de contenus : les informations générales, les éditoriaux, les nouvelles culturelles, et aussi les informations fondamentales sur les familles royales : sous le nom de Flux principal ; l'Interview de Royauté-News ; les livres, sélectionnés et présentés dans La Bibliothèque de Royauté-News, présente depuis l'origine du Site.


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    Sa famille est originaire de Sicile. Antoine IV, autrefois baron Parasiliti di Para, il est devenu au mois de Janvier le continuateur de la Famille Royale fondée par Antoine de Tounens, explorateur qui fonda en 1860, avec les Indiens, le Royaume d'Araucanie devenu peu après le Royaume d'Araucanie et de Patagonie.

     

    Pour sa première grande interview depuis son élection, il a accepté de répondre à nos questions.

     

    Antoine

      Le 9 Janvier 2014 - Journal Sud-Ouest

     

     L'Interview du Prince Antoine IV d'Araucanie-Patagonie.

    _______________________

     

    - Vous avez atteint la plus haute marche d'un parcours, d'un long parcours au service de l'Araucanie, durant lequel vous avez été l'un des plus proches collaborateurs du défunt Prince Philippe, et j'imagine que cela doit être impressionnant...

    - Impressionnant, mais je découvre qu'il s'agit d'une énorme responsabilité. Mon parcours a commencé il y a une quarantaine d'années, j'ai d'abord été agrégé au soutien de la cause araucanienne, puis pendant de nombreuses années j'ai été Conseiller du Royaume, puis enfin, en 1995, je suis devenu Président du Conseil du Royaume après la mort de Roland Vergnaud [ Précision de l'invité : Roland Vergnaud, mort jeune, fut Maire de Rivedoux-Plage (Ile-de-Ré) de 1977 à 1983 et Conseiller Général ]. Roland Vergnaud s'intéressait à l'Araucanie car son père avait été Ambassadeur de France à Buenos Aires dans les années 60 et c'est là-bas qu'il avait découvert l'existence du Royaume d'Araucanie et de son Histoire.

    J'ai participé à des réunions importantes à cette époque, lorsque a été établi l'Acte additif, voulu par Philippe IV, à la Constitution de 1861 qui ne prévoyait pas de régence. Puis dans ces fonctions de Président du Conseil du Royaume (depuis 1995) je devais veiller à ce que la Constitution soit appliquée dans tous les actes produits.

    j'étais au courant mais finalement, pas au courant car je ne connaissais pas les affaires politiques que le Prince Philippe conservait par devers lui.

    Je découvre des affaires nombreuses, complexes, et d'une grande ampleur, ce qui m'oblige à une prudence de sioux.

    ... - Mesurez-vous ce rôle, sa taille gigantesque et le poids moral qui s'attachent à votre fonction ?

    Je la ressens comme impressionnante, contraignante, il y a un devoir moral vis-à-vis du Peuple Mapuche. Ce repli de l'Histoire, cette situation originale, obligent à une réflexion. Cela nécessite de prévoir la mise en place d'actions délicates à mener, mais qui trouve son champ d'application. Mais elle m'interpelle plus que par le passé.

    Je souhaite donner plus d'ampleur à cette question-là, parce qu'une partie des habitants ignorent, là-bas, qu'il existe en Europe des gens qui se consacrent à la défense des Mapuches, et pour leur dire qu'ils ne sont pas seuls et abandonnés. J'en discuterai régulièrement avec les responsables du Royaume.

    Les Indiens sont malheureusement très divisés, il existe des courants antagonistes. Il est quasiment impossible de les fédérer.

    ... - Mais le Prince Philippe, par son voyage, avait permis une union et un sursaut ?

    Le Prince Philippe avait été inquiété par l'Argentine et aussi par le Chili, mais il avait permis un sursaut, mais les Mapuches sont restés par la suite très divisés. On peut avoir une admiration devant le mérite d'Orélie-Antoine, devant les tentatives d'empiètement de l'Argentine et du Chili. Il existe une division congénitale qui perdure aujourd'hui, ce qui ne simplifie pas la problématique.

    Imaginez la frontière avec le Chili, c'est-à-dire le Fleuve Biobío. Depuis 300 ans les Indiens se battaient contre l'Espagne, et depuis l'Indépendance, contre le Chili. Tout blanc qui pénétrait était immédiatement exécuté, et ils étaient en permanence sur le pied de guerre. 

    Imaginez qu'en 1860, un français, Antoine de Tounens, qui ne parlait pas Espagnol ou très peu, débarque au milieu d'une des tribus les plus importantes. A un ou deux jours de son arrivée, se tenait à Perquenco, où plusieurs Toki ( Grands Chefs militaires ) s'étaient réunis, un Conseil de Guerre. Et là, devant les Indiens stupéfaits, il se met à parler : "Je suis là pour vous aider, et je suis votre roi. (...) Criez "Viva el rey !" (Vive le roi !). Subjugués par un inconnu, certes avec de la prestance, pas très grand, avec une barbe noire. Les Indiens l'avaient surnommé "la Voix".

    Dans le système traditionnel, il ne pouvait se trouver aucun des Chefs Mapuches qui prenne l'avantage. Pour la durée de la guerre, le Toki était le Commandant militaire.  

    D'après moi, Orélie-Antoine a réussi car il est arrivé à un moment propice et stratégique, et parce qu'il n'était pas issu du sérail.

     

    Je découvre depuis mon élection une réalité qui me contraint à l'action. cette fonction exige beaucoup, et mon souci est de faire en sorte que cette prise de responsabilité en faveur des Indiens d'Argentine et du Chili soit la colonne vertébrale du Royaume. Sinon, il n'y aurait pas sens. Mais nous perpétuons la mémoire d'Orélie-Antoine.

    Jean-François Gareyte, [dont nous reparlerons sur notre Site] qui s'est rendu trois fois en Argentine, confirme tout-à-fait tout ce qui avait été pressenti de l'odyssée d'Orélie-Antoine et lève toute ambiguïté.

     

    - Pouvez-vous présenter pour nos lecteurs quelques éléments de votre propre histoire ? En particulier, possédez-vous le goût de l'Histoire ?

    J'ai toujours eu le goût de l'Histoire. Et j'ai toujours eu le goût en particulier de l'Histoire non officielle et parallèle. Pour l'Araucanie, il s'agit d'un atavisme familial et cela correspondait à ma recherche.

    Dans les années 70, j'ai obtenu un Doctorat d'Histoire des civilisations. Ma thèse portait sur les Maori et sur les royaumes du Pacifique Central : Hawaï, Tonga (Polynésie française), et Tahiti. Elle étudiait les évolutions historiques ces monarchies ainsi que l'époque qui correspondait à l'arrivée de la culture occidentale. La dernière souveraine, déposée par les Colons contre le Droit International, défendait son peuple contre les spoliations.

    Il n'existait pas de cadastre. Les terres appartenaient à la couronne qui les distribuaient en fonction des besoins. mais les planteurs US de sucre et d'ananas se sont appropriés les meilleures terres. Au début de la colonisation, Hawaï comptait 300 000 habitants. Lorsque la Reine fut déposée, il n'en restait plus que 30 000.

     

    Mon grand-père et mon arrière-grand-père avaient été en relations avec Orélie-Antoine. A la mort de mon père, en 1972, j'ai découvert deux dossiers concernant l'Araucanie. J'ai communiqué par la suite certains documents au Prince Philippe, mais lors de cette découverte j'ignorais tout de l'existence du Royaume et de sa survivance.

    J'ai effectué toute ma carrière comme éducateur spécialisé pour handicapés mentaux (trisomiques). Je suis devenu directeur d'établissement puis Directeur général.

     

    - En quoi peut consister aujourd'hui la défense des intérêts Mapuche, et comment peut-elle prendre forme ?

    Il y a deux ans, avec plusieurs conseillers du Royaume, nous avions introduit auprès de l'ONU une demande pour constituer une ONG à statut consultatif, afin de pouvoir présenter des textes relatifs aux conditions des Mapuches ou pour élever des réclamations devant certains événements, notamment les atteintes aux Droits de l'Homme. L'un d'entre nous, M. Mariqueo, avait déjà obtenu auparavant, un quota d'heures d'interventions à Genève, que nous octroyait généreusement, sur son propre quota, une autre organisation.

    Auspice Stella, qui est le nom de cette ONG, a vocation de s'occuper de tout ce qui concerne le Royaume, au sens large, ainsi que d'assurer la représentation de la Maison Royale.

    Avec ce statut consultatif spécial auprès de l'ECOSOC [Conseil Economique et Social des Nations Unies] , il s'agit d'un pas important qui a été franchi. Maintenant, quelques personnes s'occupent de cette organisation, mais je souhaite la développer pour qu'elle puisse exister et que l'on puisse ouvrir des délégations partout.

    Je souhaite l'ouvrir le plus possible à tous ceux qui désireront s'investir dans cette cause, afin qu'ils la fassent connaître, et aussi qu'il puissent dire ce qui ne va pas, parfois, dans le fonctionnement (de l'Araucanie).

     

    - Quels seront les axes de votre mandature ( le mot étant de vous, et donc je le reprends) ?

    Il existe une problématique. Nous avons une double face : toujours, de l'extérieur, on met en évidence le côté médaille, cape, Etoile du Sud... Il s'agit du côté pittoresque, et celui-ci est utile. Il fait partie du fonctionnement, il faut l'assumer car il s'agit de l'héritage du Royaume. Mais il existe bien sûr l'autre face, consacré à la défense des Indiens. Mais les deux côtés sont intrinsèquement liés, et l'on se sert du premier pour intéresser les volontaires au second. Beaucoup sont venus à l'Araucanie, intéressés ou curieux pour le premier aspect, et par rebond, ils ont pu s'intéresser à la cause que nous défendons. Nous sommes souvent culpabilisés par des articles , mais nous devons assumer cet héritage...

    Je compte justement, mais ce n'est qu'un aspect secondaire, instaurer une Commission de protocole qui solennisera nos cérémonies. Cet aspect est assumé, fort, et respecté, même s'il est annexe; mais il se poursuivra de façon assumée.

    Je voudrais déposer un dossier auprès de l'UNESCO afin de sauvegarder la Culture du Peuple Mapuche. Sa culture est en danger, et ce sera l'un des points importants de notre action.

    Je souhaite regrouper également tous ceux qui font des recherches sur le Royaume d'Araucanie. Mais ce genre d'initiative fait partie de la partie administrative.

    ... - Autrefois, le Prince Philippe n'avait-il pas fondé les Hautes Etudes Araucaniennes ?..

    Malheureusement, cela, et d'autres choses encore, sont tombés en désuétude.

    Avec Auspice Stella, je souhaite créer plusieurs commissions, sur tous les sujets concernant le fonctionnement du Royaume. C'est le côté administratif.

     

    - Quelles seront vos "troupes" sur lesquelles vous pourrez compter,...        et utiliserez-vous le très considérable capital de sympathie acquis sous Philippe ?

    Il existe chez nous plusieurs dizaines de personnes véritablement engagées, ainsi qu'un certain nombre à l'extérieur ( répartis dans le monde) mais cela reste très insuffisant. Il existe une organisation américaine très bien organisée, active, indépendante de notre organisation mais qui est dirigée par l'un des Conseillers du Royaume, il s'agit de la NAARS. Elle n'émane pas de la Maison Royale mais il s'agit d'une organisation amie, bien sûr.

     Nous essaierons de développer ce capital, mais à ceci près que je n'ai pas les contacts du Prince Philippe. Je n'ai pas de réseau d'influence, mais j'essaierai au maximum de développer ce capital.

    Nous avons besoin de tous les sympathisants et amis de l'Araucanie.

    Justement, les médailles n'ont pas pour but de se réunir une fois par an autour d'un banquet...  C'est un à-côté, ce n'est pas un fondement en soi. Mais cela fait partie de l'héritage de la monarchie.

    Il s'agit aussi de continuer à réhabiliter Orélie-Antoine, comme avait commencé de le faire le Prince Philippe, notamment avec son livre. Nous ajouterons de nouveaux axes. Notre raison d'être est d'abord la défense des intérêts Mapuches, le reste est un peu accessoire, mais il sera maintenu, et nous développerons en même temps bien sûr la défense des Mapuches.

     

    - Prévoyez-vous de rajeunir les "cadres", qui constituent comme un Sénat ?

    A ceux qui viendront, je souhaite leur confier des missions, des responsabilités. Le statut d'ONG nous incite à nous organiser, à réfléchir de façon plus posée et active. Elle doit être l'une des voix du Peuple Mapuche.

    Ce sera l'un des axes à développer. Nous souhaitons inciter tous les sympathisants à s'inscrire à Auspice Stella, et à y prendre ensuite des responsabilités.

     

    - Pensez-vous pouvoir être entendu dans ce contexte assez serré, devenu même très violent, pour le faire évoluer ?

    Je pense que la meilleure formule serait d'accentuer nos efforts vers une grande autonomie, à la manière de ce que l'on trouve en Espagne, ou en Allemagne avec les länder.

    Je souhaite que nous puissions développer et mettre en valeur tout ce qui concerne la Culture Mapuche : les orientations linguistiques, culturelles, les questions de Santé, d'Agriculture, d'Education, Arts et traditions Mapuches, l'Environnement...

    Chef de la Maison royale, j'assume une survivance historique mémorielle. Il s'agit d'un repli de l'Histoire.

    Si on avait créé une République, au lieu d'un Royaume, est-ce qu'on en parlerait encore ? Justement, l'objectif est que l'on puisse continuer d'en parler dans l'avenir ! Prenons l'exemple de la République de Cunani, un épisode du Contesté franco-brésilien, qui n'a pas eu de survivance.

    L'idée monarchique ne disparaît pas. Le principe est si fort qu'il subsiste. Nous avons perdu un territoire, une entité juridique, mais non notre tradition, et il subsiste en même temps la Maison Royale.

     

    Nous travaillerons d'abord avec ECOSOC. Mais le contexte est très délicat. il existe une situation récurrente depuis l'annexion. Les Araucans ont été chassés des meilleures terres. les grandes compagnies, à l'heure actuelle, s'installent et s'approprient de nouvelles terres. Des enfants sont enlevés et battus. Mais les Mapuches commencent de plus en plus à manifester, afin de défendre ces terres ou le peu qu'il en reste.

    Il existe aussi un problème social. Il s'agit des populations les plus pauvres d'Araucanie. Officiellement, il existe une reconnaissance de droits équivalents pour les Mapuches et les autres citoyens, mais ces droits sont sans cesse bafoués. Notre rôle sera d'obtenir au moins l'écoute des autres pays.

    Enfin, il peinent à se fédérer, car ils sont d'abord occupés à leur survie au quotidien.

    ... - Certains font-ils des études ?

    Une jeune génération, dans la trentaine, existe, et il commence à y avoir sur le marché du fonctionnement social, des médecins, des avocats... D'autres qui occupent des fonctions dans l'administration. Mais cela est très minoritaire.

    De leur côté, l'Argentine et le Chili sont des pays très têtus. Le Chili est le pays le plus nationaliste de l'hémisphère Sud... Il considère que le problème Mapuche est un problème intérieur... De ce fait, toute remarque depuis l'extérieur est inaudible. L'Argentine est aussi dans la même situation aujourd'hui, alors que cette attitude était moins marquée. Il faudra du temps. C'est ici que la Maison Royale prend tout son sens. Après moi, d'autres auront des actions importantes à mener.

    - Quelles sont vos qualités, et les qualités en général que vous souhaitez mettre en avant ?

    Par ma profession, au milieu d'équipes pluridisciplinaires, j'ai pris l'habitude d'écouter les autres. Lorsque j'ai une décision à prendre, j'écoute tous les points de vue, tous les avis sur le travail à mettre en place.

    J'écouterai les points de vue. Cela permettra d'échanger. Avec le Prince Philippe, on pourrait penser qu'il n'y avait pas beaucoup de concertation, on n'osait pas trop lui poser de questions, sauf bien sûr en tête à tête et alors on pouvait lui donner un avis. Il avait pris l'habitude de décider "souverainement"... et il n'éprouvait pas la nécessité de réunir les gens. Il n'existait pas de Conseil régulier, et je compte le réunir.
    Il faut comprendre que le Prince Philippe avait une telle habitude, et parce qu'il a véritablement incarné l'Araucanie, "depuis toujours", chacun considérait que certaines questions ne concernaient pas son entourage, cela sans aucun autoritarisme de sa part, mais il possédait la maîtrise du sujet.

    Le Prince Philippe était comme le Souverain de l'Araucanie. Ayant tout reconstruit, pièce à pièce, au fil des innombrables difficultés qui ont surgi. Il faut dire aussi que par le passé, des collaborateurs l'avaient trahi, et pour ces raisons, quant à la décision il s'en remettait à lui-même.

     

    Je souhaite agréger plusieurs personnes non impliquées dans ce fonctionnement, et là, ça rejoint les Commissions... Je souhaite qu'elles puissent être le vivier d'Auspice Stella... Qu'elles puissent attirer des volontaires, afin de leur confier des responsabilités.

     

    - Merci !

    photographie ci-dessous : courtoisie de royalcello.websitetoolbox.com

     

      Nous précisons à nos lecteurs que notre Site ne reconnaît nullement M. Parasiliti di Para comme Prince d'Araucanie.


    Cette Interview sur Royauté-News est la propriété exclusive de Royauté-News®.


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    Nous recevons ce soir Son Altesse Royale la Princesse Marie-Thérèse de Bourbon Parme.

     

    L'Espagne est en ce moment au centre de l'actualité, entre autres avec les conséquences de la crise qui ne cessent de se traduire sur l'économie du pays.

     

    La maison de Parme est une branche de l'illustre maison de Bourbon, qui a régné sur les Duchés de Parme et de Plaisance. Héritière des rois Carlistes en Espagne, elle se considère comme l'héritière en France à la fois de la Légitimité et de la branche aînée. (éteinte avec le Comte de Chambord).

    Sœur du dernier Duc de Parme, Carlos Ugo et tante de l'actuel Duc de Parme, elle œuvre en Espagne pour la solution Carliste que représente sa famille, de sensibilité Chrétiens de gauche.

    Le Carlisme est une formule historique espagnole, proche du peuple, parfaitement bien connue en Espagne, particulièrement implantée par exemple en Catalogne, en Navarre, dans la région de Valence, au Pays-Basque espagnol. 

     

    Elle publie prochainement la version française de son ouvrage consacré à sa famille, aux Éditions de Maule.

     

    Nous reviendrons avec elle sur plusieurs questions approfondies, sur le sens de l'Autogestion dans le Carlisme.

     

    Elle nous livre ce soir sa vision actuelle du Carlisme pour l'Espagne et pour l'avenir.

     

       Photo qui fut prise à Jérusalem     
    ©Royauté-News

     

    Entretien avec la Princesse Marie-Thérèse de Bourbon Parme -

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    Royauté-News : - Quel est le lien qui unit, fondamentalement, ainsi qu'aujourd'hui, le Carlisme au Peuple espagnol, et pourrait-on le définir ?



    Princesse Marie-Thérèse de Bourbon Parme :

    En 1833 meurt le roi Ferdinand VII, le roi le plus néfaste que l'Espagne ait connu, servile vis-à-vis de Napoléon, traître à son peuple. Avant de mourir il change (sans l'accord des Cortès, le parlement) la loi semi-salique promulguée par les Bourbons à leur arrivée en Espagne. Les femmes ne peuvent accéder au trône qu'à l'extinction des mâles de la ligne dynastique. Il place sa fille Isabelle sur le trône au lieu de son frère Carlos Maria Isidro. Il y a tout de suite un soulèvement populaire en Espagne en faveur de Don Carlos. Surtout parce que ce prince déclare qu'il respectera les fueros (droits régionaux, libertés régionales) des provinces qui en jouissent encore (comme au Pays Basque) et qu'il les restaurera là où elles avaient été supprimées (comme en Catalogne).

    C'est ainsi que commence l'aventure, la "saga carliste", qui va se poursuivre jusqu'à nos jours. Trois guerres civiles et une activité propagandiste, idéologique, intense. Voilà le bilan de cette longue et féconde permanence avec d'une part une dynastie engagée, tant sur le plan militaire que sure plan politique et des peuples, les peuples des espagnes (comme disent les Carlistes) organisés en parti politique, ou en armée aguerrie (les requetes). Leur barrière : la défense de la Religion (pas forcément de l'Eglise, toujours soumise au régime en place), la Patrie (c'est-à-dire l'union des patries, puisque le Carlisme est fédéraliste), les fueros et le Roi légitime.

    Le lien qui unit le Carlisme au peuple espagnol vient de ce passé belligérant qui a supposé tant de sacrifices et de l'espérance qu'un jour ce pourquoi il s'est tant battu, voie le jour sous une forme nouvelle.


    - Qu'est-ce qui fait qu'au delà de la crise, l'Espagne est bancale aujourd'hui ? L'élan démocratique permis par Juan Carlos est-il maintenant éteint et faut-il un nouvel élan ?

    L'élan démocratique a été le fait de l'union de tous les partis clandestins de gauche et de certaines personnalités de droite, de forces sociales non forcément partisanes (comme les tables démocratiques des villes et des villages rassemblant toutes leurs forces vives). Cet élan a supposé de très nombreux efforts, de très nombreux sacrifices pendant des années, dès les années 60. Vers la fin du Franquisme un pacte secret a sanctionné l'accès du Prince Juan Carlos, l'homme de Franco, au pouvoir, ce que demandaient les tenants du régime les plus disposés au consensus, et l'acceptation de sa part du programme de l'opposition unie, c'est-à-dire la démocratie, ce que demandait justement cette opposition.

    A l'heure de la transition démocratique il y a eu élan extraordinaire de fraternité et de réconciliations entre adversaires. Malheureusement ce que nous, et d'autres, considérions comme un stepping stone, un premier succès démocratique susceptible de nous mener plus loin avant dans ce sens, (davantage de justice et de solidarité avec les pays émergents) a été considéré par ceux qui sont arrivés au pouvoir, qui, la plupart du temps, n'avaient pas été dans les combats de la démocratie souterraine, comme un statu quo. il y a eu cependant  beaucoup de choses positives de faites. Malheureusement aussi la gabegie, des dépenses somptuaires et inutiles et une corruption néfaste de la part de très nombreux dirigeants politiques. L'élan démocratique a été brisé, la défiance, la haine entre vainqueurs et vaincus attisée de toute évidence par certains intérêts politiques, a fait très malheureusement sa réapparition.


    - De quelle manière les provinces carlistes (voir notre présentation) peuvent-elles apporter quelque chose aux autres provinces et donc à toute l'Espagne ?


    Les provinces qui ont gardé leurs fueros ont été mieux organisées et davantage démocratiques dans leur gestion que les autres. Il y a eu sous le roi Carlos VII un véritable état Carliste dans le nord de l'Espagne, avec ses douanes, son courrier, sa monnaie, reconnu par la plupart des puissances étrangères, exemplaire par la bonne marche de son administration et sa gestion démocratique.

    Ainsi les provinces historiquement Carlistes peuvent être un exemple valable en termes modernes pour d'autres provinces, ou nationalités (un terme en usage) avec lesquelles elles veulent s'unir dans une structure confédérale.



    - La violence séparatiste doit-elle être considérée comme un aveu de l'impuissance gouvernementale devant ce qui est d'abord un problème constitutionnel ?

    La violence séparatiste a des racines historiques. Lorsque les armées Carlistes furent battues par les armées gouvernementales, plus puissantes, appuyées entre autres parles régimes des monarchies bourgeoises de l'époque (Louis-Philippe, l'Angleterre), les fueros ont été abolis. D'autre part le régime en place sous la monarchie dite libérale a pris les terres, tant celles de l'Eglise que celles, collectives, des villages, condamnant les paysans qui en vivaient à une extrême misère. L'exaspération populaire contre l'état spoliateur a conduit, et s'est traduit par la volonté de s'en séparer. Le Carlisme, partisans de l'autonomie des provinces, a toujours été l'adversaire du séparatisme. Le problème constitutionnel vient du fait que l'autonomie des provinces, reconnue par la constitution en vigueur, n'a été qu'une demi-mesure. L'impuissance du gouvernement, c'est aussi l'impuissance "d'élites" politiques qui ont perdu l'esprit de consensus de la transition démocratique et le sens de la réalité. La question désormais n'est pas d'ordre juridique, mais d'ordre passionnel.


    - L'image très bousculée de la monarchie juancarliste, au point que depuis plusieurs mois, on s'interroge en Espagne sur l'après Juan Carlos, allant jusqu'à souhaiter une transition vers une autre forme de gouvernement (aile républicaine), tandis qu'une vaste partie de la population remet en cause la monarchie; si cette désaffection s'accentue, la solution Carliste que vous représentez avec votre famille, va-t-elle se manifester, pour susciter elle-même son retour en grand ? En même temps, si la question institutionnelle était posée, qui devrait la poser ?


    Ce n'est pas le rôle d'un prince de poser la question institutionnelle mais c'est au peuple espagnol qu'il revient de la poser et de décider du régime qu'il désire, et il existe en Espagne quantité de collectifs qui en sont désireux. Ce que mes neveux, et en particulier celui qui est le chef de famille, désirent, c'est avant tout d'être des référents, des référents politiques par les proposition qui sont les nôtres depuis toujours, mais sous un éclairage moderne et même futuriste, comme le projet de gestion collective, des référents moraux, des leaders capables de redonner confiance par leur capacité de susciter des solutions originales.


    - Les Espagnols sont-ils attachés aux Bourbons ou plutôt, au contraire allais-je dire, en prenant la question autrement, tiennent-ils, comme partie de la culture du pays à l'idée d'une monarchie traditionnelle et à ses légitimes représentants ?


    Curieusement on appelle "Bourbon" en Espagne la dynastie dite libérale. L'autre dynastie (la nôtre) est simplement appelée Carliste. les espagnols n'ont jamais été monarchistes, mais ils sont attachés à une dynastie, ils sont "dynastiques", c'est pourquoi les partisans de Don Juan étaient appelés "juanistes", ceux de Don Carlos, Carlistes et plus tard "carlohugoïstes". Le peuple Carliste, ce qu'on pourrait appeler le Carlisme Sociologique, qui ne font pas partie d'une organisation, a quelque chose de particulier. Le long souvenir Carliste, son histoire générales et ses histoires particulières, les sacrifices qui ont été consentis, les espoirs qui ont été soulevés, forment une masse incandescente capable d'accomplissements extraordinaires comme de son propre aggiornamento.

     

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    Texte et Photo ©Royauté-News


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    Le Duc de Bragance, Dom Duarte, visite sans cesse les Portugais. Il participe, en de très fréquentes occasions, à des manifestations diverses : culturelles, festives, intellectuelles ou de réflexion, dans tous les domaines et il participe bien sûr à de nombreuses commémorations.

     

    Très apprécié, connu de tous les Portugais pour lesquels leur roi possible est un personnage qui appartient à leur univers familier, le Duc de Bragance, dont l'avis pèse, est une personnalité inséparable de la vie et de la réalité portugaises.

     

    A l'Automne, on l'a vu s'entretenir dans un long aparté remarqué avec Manuel Barroso. Il semble être ce repère serein au long des jours dans lequel peut se confier un Peuple.

     

    Pour cette Interview tonique, réalisée au mois de Décembre par RN 2 et RN 1, Nous recevons aujourd'hui Son Altesse Royale Mgr le Duc de Bragance, Chef de la Maison Royale de Portugal.

     

     

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    L'Interview de Monseigneur le Duc de Bragance.

     

     

     

    RN 1 : Quels sont les qualités et les atouts du Portugal que vous aimeriez, personnellement voir connus et reconnus sur la scène internationale, du point de vue économique par exemple ?

      - En général les portugais sont très responsables et débrouillards dans leur travail.
    Nous avons un climat exceptionnel pour le tourisme et l'agriculture, les étrangers de toutes origines sont toujours très bien reçus et les industries étrangères, établies au Portugal ont, en général, un grand succès. Comme partout, il faut bien connaître et respecter la mentalité locale pour bien s'intégrer.


    RN 1 : Quelle est votre opinion sur la crise qui ravage l'Europe et qui touche durement les Portugais ? Votre avis sur ses causes, peut-être institutionnelles, ni l'Europe ni les états ne sachant ni la prévenir, ni la bloquer, ni la résoudre ?


     - Chez nous, la cause a été surtout culturelle. Nos politiciens se sont laissés éblouir par les avantages de l'adhésion à l'UE et n'en ont pas compris les dangers, surtout les grands inconvénients de l'adhésion à la monnaie unique. J'ai souvent alerté l'opinion publique sur ces problèmes et j'ai été critiqué pour ça ! Notre seul chemin sera de couper les dépenses excessives de l'état et stimuler la production des produits d`exportation.

    RN 1 : Votre avis sur les actuelles institutions européennes, sur la lenteur de la mise en place des institutions qui leur manquent ?

     - Je suis d'accord avec mon Oncle l'Archiduc Otto qui disait que l'Europe devrait suivre le modèle de l'ancienne Confédération Helvétique Suisse, où les différences entre les cantons sont très respectées. La centralisation et l'unification excessives causent beaucoup de tort à une véritable unité des nations européennes.

    RN 2 : Les ducs de Bragance jouissent d'un statut particulier dans le cadre du régime républicain portugais : des modifications sont-elles envisagées à terme ?

    Je crois que par ma collaboration avec tous les gouvernements que nous avons eus il en a été renforcé, car plusieurs membres de ce gouvernement sont royalistes. Je suis toujours à la disposition des portugais et de notre gouvernement pour tout ce que pourrait être utile.


    RN 2 : Est-il prévu que Dom Afonso, votre fils aîné, qui aura 18 ans le 25 mars 2014, participe à des activités officielles des ducs de Bragance, voire qu'il en exerce lui-même ?

    Nos trois enfants participent à quelques activités officielles, soit religieuses, soit aux invitations des municipalités. Ils assistent aussi à quelques événements organisés par la «Causa Real», qui rassemble la plupart des mouvements royalistes portugais.

    RN 1 : Quelles sont les qualités du Peuple Portugais ? Quel rôle humain, avec sa personnalité, peut être le sien parmi la dynamique des peuples d'Europe ?

     - Les portugais sont reconnus partout en Europe pour leur honnêteté et leur capacité à se débrouiller ainsi que pour une grande facilité à s´intégrer aux populations locales, soit en Europe, comme sur les autres continents. Cette qualité est une des causes faisant que nous soyons très bien reçus dans nos anciens Territoires d'Outre Mer, réunis dans la CPLP (Communauté des Pays de Langue Portugaise).

    RN 1 : Comme l'on sait aujourd'hui qu'une personnalité portugaise peut occuper une place de premier plan sur la scène internationale, (Manuel Barroso) auriez-vous de ce fait un avis différent de celui des autorités portugaises au sujet de la présidence tournante et seriez-vous favorable à une présidence fixe et stable de l'Europe ?

     - Je crois que la présidence tournante est plutôt positive, car c'est une forte motivation pour que les habitants des différents pays d'Europe s'intéressent aux questions européennes.
    Je crains que certaines attitudes du Parlement, ou d'autres organes européens, provoquent des conflits de nature culturelle et spirituelle. Je suis particulièrement concerné par les conséquences des lois qui libéralisent et stimulent la pratique de l'avortement pour des raisons non-médicales.
     
    Personnellement j'ai toujours défendu que nous devons suivre un modèle de développement basé sur le respect de l`homme, de l'environnement et du bon sens économique. Nous devons abolir des règlements et lois insoutenables. Je suis particulièrement contre la loi de l'avortement libre qui a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers d'enfants qui voulaient naître. Les causes des avortements devraient être résolues par des mesures économiques et sociales qui respectent la vie.
     
    RN 1 : Quelles sont les principales mesures que vous mettriez en place tout de suite, (pour la crise ou pour d'autres sujets) si aujourd'hui vous conduisiez les affaires du Portugal ?

     - Comme Roi, je pourrais seulement influencer en privé les responsables politiques et les alerter pour les erreurs qu'ils ont commises. Personnellement, je crois que nous devrions créer des relations plus proches entre les organisations des pêcheurs et des agriculteurs avec les organisations similaires. Je crois aussi que l'état doit se rationaliser et couper toutes les dépenses non essentielles, surveillant les activités privées, mais leur facilitant la vie.
     
    RN 1 : Si l'on vous demandait de remplir une mission de conseil, par exemple, auprès du Gouvernement portugais, ou une mission de représentation économique du Portugal, l'accepteriez-vous ?

     - Absolument. J'ai développé plusieurs activités diplomatiques en collaboration avec notre gouvernement, en particulier pour résoudre des confits entre l'Indonésie et l'actuelle République de Timor, entre l'Angola et le territoire de Cabinda, etc. J`ai aussi participé à une initiative de paix en Syrie, mais malheureusement, sans succès.  
     

    RN 1 : Etes-vous impliqué personnellement dans les liens entre les membres de la communauté lusophone ?

    Le Parlement timorais, en reconnaissance de mon travail m'a concédé la nationalité timoraise avec passeport diplomatique. J'en suis très fier. Je préside la « Fondation Dom Manuel II » et nous travaillons à des programmes de développement rural et culturel et aussi à la défense de l'environnement dans plusieurs pays lusophones. Je crois, par exemple, que notre programme contre la faim et la désertification, préparé pour la Guinée Bissau est, assurément, le meilleur programme. Il nous manque le financement nécessaire pour le mettre en pratique.

     

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    Bragance

    Crédit Photo pour l'Interview de Royauté-News : © M. Homem Cardoso

     

    La Famille Royale de Portugal  - A Lisbonne, photo prise du Château Saint-Georges

     

    Pour agrandir cette image, cliquez ici.


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    Gabriela von Habsburg était depuis 2001 Professeur des Arts de l'Académie de Tbilissi, puis, en même temps à partir de 2005, à l'Académie Supérieure des Arts de Neuburg et de Donau. Elle se trouvait en Géorgie durant la Révolution des Roses.

     

    Depuis Novembre 2009, à la demande du Président Saakaschvili, elle représente la Géorgie comme Ambassadeur à Berlin.

     

    Elle décrit pour le public francophone et pour nos lecteurs la situation actuelle en Géorgie, et c'est notre Interview de rentrée.  

     

     

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    © News Agency

     

     

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    L'Interview de Gabriela von Habsburg 

     

    La Géorgie, pays Caucasien, appartient-elle à l'Europe, ou bien à l'Asie, ou occupe-t-elle une position intermédiaire ?

    - La Géorgie est totalement européenne. Culturellement elle est l'un des plus anciens pays européens. Mais bien sûr, grâce à sa localisation géographique, et à son histoire, elle possède aussi d'autres influences multiples. C'est cela qui rend la Géorgie tellement intéressante.

     

    Quels sont les atouts économiques, et plus généralement, les points forts de la Géorgie ?

    - Bien que la Géorgie ne possède pas de pétrole ni de gaz, elle dispose de très grandes capacités hydroénergétiques. L'union Européenne est à la recherche d'une solution pour l'énergie renouvelable. Nous, nous avons une source immense. Au sujet de nos réserves énergétiques, nous n'en utilisons que 40%, qui couvrent à la fois 90% des besoins de la Géorgie ainsi que l'exportation vers tous ses voisins.

     

    Le plus, parmi tous ses atouts, c'est certainement sa situation géographique. Par la Géorgie on ne trouve pas seulement accès à 4,5 Millions de Géorgiens. Par la Géorgie on trouve accès aux pays de la Mer Noire, aux marchés du Proche et du Moyen-Orient et de l'Asie Centrale - en tout ce sont 85 Millions de personnes.

     

    C'est un passage de l'Ouest à l'Est. Avec ses ports, la Géorgie offre accès aux voies d'eau internationales à neuf pays qui n'ont aucun accès à la mer.

     Batumi ? ...   - Oui, Batumi, et surtout Poti. Nous disposons aussi de zones de libre échange ( free trade zones ) et le commerce sous toutes ses formes est naturellement possible. La main d'oeuvre est bon marché, la vie, aussi, est bon marché, et le tourisme offre beaucoup de possibilités.

    La situation de la Géorgie est enviable, aujourd'hui il n'y a presque plus de corruption, et très peu de bureaucratie. il existe toutes possibilités dans le secteur des affaires.

     


    Pouvez-vous décrire la situation actuelle, avec  cette occupation militaire russe et quelles sont les violences exercées ?

    - La situation est très difficile, avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Mais il ne sera pas possible de changer d'un jour à l'autre. Comme le dernier gouvernement, le nouveau gouvernement a lui aussi déclaré qu'il ne pouvait pas exister trois ambassades russes en Géorgie.

     

    La situation est compliquée. A cause de l'occupation russe, en ce moment, il n'est pas possible d'entrer dans les provinces occupées. Les Observateurs de l'Union Européenne ne le peuvent pas non plus.


    C'est pourquoi on ne peut donc pas décrire précisément la situation. Cela est connu : les habitants d'origine géorgienne sont discriminés et persécutés. Surtout en Abkhazie, ils ne sont pas libres d'être éduqués dans leur langue maternelle, n'ont pas la possibilité de choisir leur profession, et leurs droits politiques et de libertés sont empiétés. Des voyages sont impossibles. On peut dire qu'il existe bien une répression en Abkahazie.

     


    Quelles seraient les solutions possibles pour sortir de cette situation, et quelle est la position de la Géorgie vis-à-vis de l'Union Européenne ?

    - Il n'existe malheureusement pas de solution à court terme, mais nous sommes en contact avec l'Union Européenne. L'UE soutient l'intégrité territoriale de notre pays. Comme presque la communauté internationale entière. Nous sommes engagés dans les
    rencontres de Genève, la seule forme de contact diplomatique avec la Russie. Malheureusement, il n'y a que peu de progrès.

     

    La position de la Géorgie vis-à-vis de l'Union Européenne : nous voulons, un jour, devenir membre de l'Union Européenne et de l'OTAN. Nous faisons partie du Partenariat oriental et Bruxelles et Tbilissi négocient un Accord de stabilisation et d'association (ASA) et un Deep Comprehensive Free Trade Agreement (DCFTA) (1) et puis la libéralisation du visa.

     

    La situation avec la Russie provient-elle surtout de la personnalité de Wladimir Poutine ?

     

    Le peuple Géorgien n'a jamais eu de problème avec ses voisins Russes. Donc ce n'est pas un problème entre deux populations, mais plutôt un problème politique. les causes sont multiples, la personnalité de Wladimir Poutine n'est certainement pas très conciliante.

     

    Le problème prédominant reste l'occupation du territoire géorgien par les militaires russes, en tout à peu près 15 000 soldats. Cela doit être révoqué, par n'importe qui se trouvant en pouvoir au Kremlin. En ce moment, la Russie entretient des bases militaires en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Cela contredit l'accord d'armistice qui a été signé en 2008 entre les présidents Medvediew et Saakashvili.

     

    Il ne faut pas confondre : il ne s'agit pas d'un conflit ethnique, C'est un conflit politique dans lequel la Russie joue un rôle décisif.

     

    Au sujet de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, certains, en Europe de l'Ouest ou ailleurs, soutiennent que la Géorgie a exercé des violences contre les minorités de ces deux provinces...

    - Ce n'est pas vrai du tout.
    Il existe cinq ethnies différentes : les Swans, les Ossétiens, les Abkhazes, les Géorgiens, et les Mingréliens. Historiquement, il s'est toujours trouvé une situation normale entre elles, ainsi qu'avec toutes les autres qui ont résidé.

     

    L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont toujours eu leur autonomie, le gouvernement central a toujours respecté ces cas spéciaux. Entre le deux guerres de 1991 et de 2008, plus de 350 000 personnes ont été explulsées de leur patrie dans ces deux provinces. Cela est un aspect qui est souvent oublié.



    Si une aggravation militaire se produisait, feriez-vous appel à l'Europe, ou à des pays comme la France ?

    - On ne pense pas qu'il y aura d'aggravation violente.

     

    La question est : que se passe-t-il en cas de guerre entre Iran et Israël ou bien une guerre en Syrie, dans laquelle la Russie se mêlerait, car la carte le confirme, la Russie passerait par la Géorgie.

    Quels sont les rapports entre la Géorgie et ses voisins dans toute la zone géographique ?


    - Avec presque tous nos voisins, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Turquie, nous entretenons des contacts les meilleurs, - du point de vue politique et économique. Malheureusement, ce n'est pas le cas avec la Russie.


    Quelles sont les aspirations, ou les souhaits de la Géorgie ?



    - Les dernières élections ont prouvé le développement démocratique de la Géorgie. Nous avons implémenté un grand nombre de réformes et nous avons modernisé le pays. Notre but est naturellement de devenir membre de l'Union Européenne et de l'OTAN. Nous sommes une part de la famille européenne.


    Avez-vous quelques amis, parmi les pays d'Europe de l'Ouest par exemple ?

    - Nous avons de très bonnes relations avec tous les pays de l'Union Européenne. Surtout avec la France et l'Allemagne, qui nous ont soutenus beaucoup dans des situations importantes.

     

    L'Ukraine sort de ses élections...

     

    - Il y a eu un temps pendant lequel l'Ukraine et la Géorgie poursuivaient les mêmes objectifs dans leurs relations internationales. La Communauté internationale, surtout l'Union Européenne, nous a vus véritablement comme un couple. Nos deux pays ne poursuivent plus les mêmes buts, surtout dans nos relations avec l'OTAN, et aussi se développent différemment. Aujourd'hui il est préférable que la Géorgie soit regardée séparément.


    Le grand projet de transfert économique vers une nouvelle ville, Lasika, se poursuit-il ?

     - La construction de Lasika a été mise en route. On verra quelles priorités le nouveau Gouvernement poursuivra. Mais je suis très optimiste avec ce nouveau Gouvernement, qui mettra certainement en place les promesses, notamment pour les Affaires Etrangères.

     

    Je vous remercie !

     

     

     (1) : accords commerciaux facilités

     


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  • Projetée dès le début 2011, cette interview a pu récemment prendre forme opportunément, et nous la publions alors que le Chef Raoni vient de lancer un nouvel appel à Rio pour alerter l'opinion publique.  RN 1

     

     

    Émilie Barrucand est ethnologue, et directrice de l'ONG Wayanga.

     

    Elle défend les Peuples Autochtones de l'Amazonie, parmi lesquels elle est devenue l'un des leurs.

    S'immergeant régulièrement au cœur de la Forêt Amazonienne, entre autres nombreuses missions, elle a archivé, à la demande du Chef Raoni, le patrimoine culturel Kapayo.

     

    Elle est la fille spirituelle du Chef Raoni, qui a fait d'elle sa représentante.

     

    Elle a publié en 2005 le livre WAYANGA, Amazonie en sursis, au Cherche-Midi.

    Photographe : Pierre Perrin. (15 € 20)

    40

     

    Je vous invite à visite le site de Wayanga  (clic ! )    www.planetattitude.com

     

    Vous pourrez ( Agir avec nous ) et aider Wayanga et Émilie Barrucand.

     

    Je suis très heureux de l'accueillir aujourd'hui.

     

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    L'Interview d'Émilie Barrucand -

     

     

    - Après votre livre de 2005, quelles sont les menaces à court terme et les périls immédiats ?

    Le rapprochement des colons des terres autochtones accroît le risque d´épidémie (grippe, malaria...) et menace les cultures et les langues autochtones de disparition.

    Les peuples autochtones et l´Amazonie sont aussi menacés par l´avancée des champs de soja ou encore par des projets tels que la construction de routes et de barrages. Comme le barrage de Belo Monte dont mon livre parlait déjà et au sujet duquel Wayanga a produit un rapport, à la demande de la Commission des Droits de l´Homme en 2007, sur les dangers que Belo Monte représentait –et représente toujours ! - pour les peuples autochtones. Ce barrage, prévu pour être le troisième plus gros barrage au monde après celui des Trois-Gorges en Chine et d´Itaipu, situé à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, est en cours de construction sur le Fleuve Xingu. Affluent de l´Amazone, ce fleuve traverse les terres de nombreux peuples autochtones, dont celles des Indiens Kayapo avec lesquels je travaille depuis 11 ans déjà. Les impacts prévus de ce projet sont : la pollution des eaux que les Indiens boivent et dans lesquelles ils se baignent, la mort d´une multitude de poissons et la baisse de leur reproduction alors qu´il s´agit de l´unique source en protéine animale d´une partie des peuples du Xingu, la destruction d´écosystèmes rares... La construction du barrage de Belo Monte va également entraîner l´augmentation de la déforestation dans la région puisque les routes tracées pour sa construction devraient faire migrer les populations non-autochtones vers des zones de forêt jusque-là protégées.

     

    - De quelle façon les particuliers peuvent-ils agir très concrètement et tout de suite pour peser [sur les puissances politiques... ndlr ] et que faire exactement ? Aux publicités du WWF pour les Grand Singes par exemple, doit-on préférer soutenir des projets privilégiant d'abord les habitants, ou au contraire les différentes opérations sont-elles complémentaires ?

    Il est important de protéger la faune et la flore. Et je trouve que le WWF mène de belles campagnes de sensibilisation. Tout comme j´approuve les actions menées par Greenpeace.

    Wayanga et moi-même, nous concentrons d´abord sur les hommes. Il ne faut pas oublier en effet que les peuples autochtones sont les premiers protecteurs des écosystèmes les plus riches de la planète, et encore préservés grâce à leur mode de vie et à la gestion durable de leurs ressources.

    Suivant le souhait des anciens Kayapo et du chef Raoni de sauvegarder leur culture pour leurs futures générations, j´ai mis en place, avec Wayanga, chez les Indiens Kayapo, un programme axé sur la corrélation entre préservation des cultures et préservation de la biodiversité. Les peuples autochtones ne sont pas destructeurs, comme nous le sommes, de l´environnement, mais ses protecteurs, et ce grâce à leur mode vie respectueux de l´environnement et à leurs connaissances ( gestion durable de la forêt, pédologie, zoologie...). En les aidant à préserver leurs cultures et leur mode de vie respectueux de l´environnement nous les aidons à continuer de préserver la forêt, les plantes et les animaux qui y habitent...

    Les Kayapo sont de culture orale. Grâce à ce programme, ils pourront, en plus de maintenir leur gestion durable et respectueuse de la forêt, préserver les savoirs de leurs anciens pour toujours – que nous archivons -, réintroduire dans leur culture certaines cérémonies, pratiques, mythes... que j´ai identifiées avec eux comme en voie d´oubli. Nous allons prochainement distribuer dans leurs villages une collection d´enregistrements des ces connaissances en voie d´oubli, que j´ai effectués auprès de leurs anciens au cours de ces dernières années. Un Centre de Préservation de la Culture Kayapo devrait également voir le jour prochainement en pleine forêt.

    Je travaille sur place avec des jeunes leaders autochtones, choisis par leurs communautés pour défendre leurs peuples et pour apprendre à utiliser certains outils des « Blancs » pour cela. Je les ai formés à l´utilisation d´équipement audio. Wayanga leur a financé des formations informatiques, à d´autres des formations en comptabilité, en langues étrangères afin qu´ils puissent pouvoir mener eux-mêmes des projets pour la défense de leurs peuples et travailler au sein d´organisations locales.

    Nous avons besoin de soutiens financiers pour continuer nos projets. Mais aussi de bénévoles pouvant rédiger des articles pour notre site internet ou à diffuser sur la toile, pour sensibiliser le public aux dangers qui pèsent sur ces peuples et sur la forêt, des bénévoles aussi pour traduire des textes (français, portugais, anglais...), d´autres pouvant nous aider à trouver des fonds, à améliorer notre site internet, une attachée de presse...

    Il faut communiquer le plus possible sur les problèmes que ces peuples rencontrent afin que des mesures soient mises en place pour mieux protéger leurs terres et respecter leurs droits.

     

    - Le problème amazonien est-il donc d'abord causé comme on le dit, à la déforestation entre autres par des entreprises internationales ?

    Des entreprises multinationales mais aussi nationales sont actrices de la déforestation. Exploitants forestiers, miniers, entreprises agricoles exploitant le soja et élevant des bovins...

    Le rapprochement des colons des terres autochtones, la mise en place de projets de développement ou encore d´éducation non adaptés et intégrationnistes chez certains peuples autochtones peuvent pousser aussi ces derniers à délaisser leurs traditions, leurs langues, leurs mode de vie respectueux de la forêt qui les rendaient justement protecteurs de cette dernière. D´autres problèmes identifiés ont été évoqués un peu plus haut.

     

    - La passion vient-elle, ou se développe-t-elle d'habiter un univers paradisiaque et luxuriant et l'idée qu'on s'en fait ?

    Enfant, j´étais déjà fascinée par ces peuples. Mais aussi par la forêt amazonienne. Forte d´avoir une grand-mère qui a dédié une partie de sa vie aux plus démunis, et que je suivais dans ses actions, j´ai été très tôt sensibilisée aux injustices et à la force de l´engagement et de la solidarité.

     

    - Les Kayapo et les autres peuples autochtones amazoniens, en plus de conserver leur mode de vie et leur habitat, désirent-t-ils ne pas se laisser atteindre par les tentations offertes par les colonisateurs ? Pourriez-vous évoquer brièvement les différents peuples que vous avez rencontrés ?

    En plus des projets avec Wayanga auprès des Indiens Kayapo, j´ai commencé une étude sur la possibilité de mettre en place un projet pour les Indiens Pareci, qui leur permettrait de produire des essences naturelles pour le commerce, tout en respectant et en s´adaptant à leur organisation sociale traditionnelle et aux écosystèmes présents sur leurs terres. Ce qui leur permettrait d´acquérir des rendements pour survivre, car ces derniers, -ce qui n´est pas le cas des Kayapo qui vivent plus de manière autarcique- sont en contact depuis plus longtemps que les Kayapo avec la société nationale, ont de plus petites terres, vivent plus près des villes et ont besoin d´un minimum d´argent pour faire face à leurs besoins. Ce projet leur permettrait également d´agir contre la déforestation. Wayanga a récemment fait don de matériel photo-vidéo aux Pareci, pour qu´ils puissent sauvegarder eux-mêmes la mémoire de leurs anciens. Elle avait déjà apporté un soutien politique aux Pareci en invitant certains de leurs leaders politiques à des rencontres –non officielles- inter-ethniques que nous avions organisées, au Brésil. Nous avons également organisé en 2005 la visite européenne d´une délégation de représentants politiques autochtones d´Amazonie (Yawalapiti, Kayapo, Pareci). Nous les avions fait recevoir au Parlement Européen, à l´Élysée, à la Commission Européenne, à l´ONU et permis de s´exprimer devant de grands auditoires (notamment au sujet de Belo Monte) lors de différentes tribunes que Wayanga avait organisées (Conférence avec Amnesty et GreenPeace, Conférences de Presse à Paris, Genève...). Depuis le début de mon engagement, j´ai été amenée à me rendre aussi au Brésil, chez les Indiens Juruna, Kalapalo, Kuikuro, Ashaninka, Irantx, Bororo...

     

    - Pouvez-vous compter sur des personnalités très engagées pour la cause de l'environnement, comme Charles d'Angleterre, ou d'autres ?

    Wayanga est soutenue par la Fondation Prince Albert II de Monaco, par les acteurs Guillaume Canet, Marion Cotillard, Maud Bucquet, Grégori Dérangère, la styliste Diane von Furstenberg, le journaliste Laurent Bignolas, Nicolas Hulot. J´ai dailleurs présenté Nicolas Hulot au chef Raoni, l´année dernière, lors du tournage du dernier Ushuaia Nature, spécial Amazonie, dont j´étais la consultante et dont j´étais chargée de l´organisation. Nous recherchons d´autres personnalités pour nous soutenir.

     

    - Avez-vous appris le Brésilien et la langue Kayapo "sur le tas" ? Vos préférences et goûts Mode lorsque vous êtes en métropole, et lorsque vous êtes au Brésil ?

    J´ai étudié le portugais au lycée et appris le Kayapo au fil du temps, sur place.

    Au Brésil, j´ai toujours mes Havaianas, même pour marcher en jungle : ma seconde voûte plantaire !!

    Même si les actions que je mène peuvent paraître assez masculines, je n´en reste pas moins très féminine. J´aime les robes ; être à la fois naturelle tout en gardant un côté gracieux.

     

    - Quel est votre avis sur l'opération lancée au mois d'Avril par Colin Firth pour les Indiens Awa ?

    J´approuve tout-à-fait cette opération qui a permis aux Awas de faire connaître la situation difficile qu´ils rencontrent, la menace que les bûcherons représentent pour leur survie et celle de leurs terres. Il faut en effet que les célébrités se mobilisent pour donner plus de portée au messages et aux cris d´alerte de ces peuples.

     

    - La famille Impériale du Brésil, dont la popularité est très grande, pourrait-elle s'impliquer dans votre démarche si ce n'est pas le cas, et aimeriez-vous qu'elle le fasse ?

    Je ne connais pas personnellement la famille Impériale du Brésil. Oui, bien sur, obtenir son soutien serait très positif pour les Indiens. Je veux parler d´un soutien financier mais aussi relationnel. De nous faciliter des rencontres politiques, médiatiques, en nous faisant bénéficier de son réseau relationnel, par exemple.

     

    - Une fois sauvegardées les coutumes et la mémoire du peuple Kayapo, ressentez-vous maintenant qu'il vous reste à accomplir un long et difficile travail pour la sauvegarde de l'Amazonie ?

    Comme je vous le disais un peu plus tôt, j´ai commencé une étude sur la mise en place d´un projet pouvant permettre aux Indiens Parecis de produire des produits naturels de manière durable, de mieux survivre et de mieux contrer la déforestation.

    Je souhaite aussi continuer de sensibiliser les gens à l´importance de soutenir ces peuples et de protéger l´environnement.

    Il s´agit pour moi d´un engagement de vie et il y a beaucoup à faire.

     

    - Merci !

     Et bien évidemment, nous vous mettons en relation avec la famille Impériale du Brésil.
     

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    Nous avons le plaisir de publier ce soir l'Interview de Bertrand Renouvin.

     

    Bertrand Renouvin : L'Interview sur Royauté-News

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    Bertrand Renouvin est une figure historique du royalisme français. Il fut l'un des fondateurs de la Nouvelle Action Royaliste, et son nom est entré dans la notoriété publique en se portant - le premier - candidat à une élection présidentielle, en 1974, où il avait obtenu 0,17% des voix.

     

    Il appela pour François Mitterrand en 1981 et en 1988, comme l'avait fait de son côté le Comte de Paris historique. En 2012, un communiqué virulent de l'actuel Comte de Paris condamnait le choix de ce mouvement qui appelait pour un obscur candidat du premier tour, et tandis que pour le second tour, Bertrand Renouvin et la Nouvelle Action Royaliste appelaient, notamment en raison de leur position défavorable vis-à-vis de l'ex-président français, en faveur de celui qui est aujourd'hui le nouveau président. Bertrand Renouvin a été membre du Conseil Economique et Social.

     

    Bertrand Renouvin est journaliste et écrivain. Directeur politique du bimensuel « Royaliste » et membre du Comité directeur de la Nouvelle Action royaliste, il anime un blog (WWW.bertrand-renouvin.fr) et le club parisien des Mercredis de la NAR.

     

     

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    L'Interview de Bertrand Renouvin -

     


    - Comment envisagez-vous l'évolution prochaine, et un peu plus lointaine, du royalisme en général ?
    Il n’y a pas, il n’y a jamais eu, de « royalisme en général ». Le royalisme a toujours été divisé : il y a eu, il y a encore, des ultras et des libéraux, des nostalgiques et des militants politiques fidèles à tel prince ou à tel autre. La même division règne chez les socialistes, les communistes, les nationalistes… Quant à la Nouvelle Action royaliste, elle évoluera en fonction d'une situation politique qui est pour le moment imprévisible.


    - Comment pour vous la rencontre historique avec le Comte de Paris (1908-1999) s'est-elle effectuée ?
    La Nouvelle Action royaliste a toujours été indépendante de la Maison de France mais elle a librement soutenu les initiatives du Comte de Paris pendant la dernière période de sa vie politique, entre 1976 et 1990 : publication des "Mémoires d’exil et de combat" et d’autres ouvrages, célébration du Millénaire de la France, relations entre le Prince et François Mitterrand… A Chantilly, le Comte de Paris a reçu de très nombreux militants de mon organisation et un grand nombre d’intellectuels de toutes opinions et traditions. Je m’entretenais souvent avec lui et nous le prévenions lorsque nous entrions en campagne mais jamais nous ne lui avons demandé la permission de nous engager. Nous étions, nous sommes toujours, libres de nos choix.


    - Les idées de votre campagne de 1974 étaient à la fois, en pertinence déjà, et aussi en avance sur l'époque (par rapport aux autres candidats), et finalement, ne demeurent-elles pas aujourd'hui toujours d'actualité, fraîches et toujours en avance ?
    Il est toujours pertinent de souligner le rôle décisif de l’Etat et de montrer que la nation est une collectivité politique indispensable. Mais nous profitions encore, en 1974, de l’œuvre accomplie par le général de Gaulle et l’héritage de la Libération n’était pas encore remis en cause. C’était aussi l’époque de la Guerre froide… Le grand basculement a commencé avec le « libéralisme avancé » de Valéry Giscard d’Estaing et la première grande crise économique. Aujourd’hui, nos débats et nos combats se fondent toujours sur le souci de la légitimité de l’Etat et sur le principe d’indépendance nationale mais dans une situation de crise systémique qui exige des révolutions économiques et sociales de très grande ampleur ainsi qu’un nouveau projet diplomatique.


    - Le modèle que représentait le Comte de Paris est-il bien mort, du côté de cette famille, (et sans doute pour longtemps), et d'autant que la NAR n'est pas attachée par tradition à cette famille ?
    Il n’y a pas de « mort » puisqu’il n’y avait pas de « modèle » mais un engagement du comte de Paris dans la vie politique qui lui a permis d’actualiser le projet capétien. La Nouvelle Action royaliste a toujours affirmé sa fidélité à la Maison de France.


    - La ligne de votre mouvement reste-elle un ancrage à gauche ?
    Ce que vous appelez « ancrage à gauche » est une invention journalistique qui a succédé à notre étiquetage gauchiste, tout aussi insensé. Il suffit de lire la collection de « Royaliste » pour se rendre compte que nous sommes beaucoup plus proche de l’authentique tradition gaullienne que du Parti socialiste tel qu’il a évolué depuis 1983.

     

    - Ressentez-vous appartenir à la grande famille royaliste, prise dans l'addition des différentes appartenances séparées, et dans cette variété que l'on peut juxtaposer ?
    Il y a une tradition royaliste en France, dont j’ai fait l’histoire mais les différents courants qui se disent royalistes n’ont rien en commun et ne se fréquentent guère. Je n’ai donc pas le sentiment d’appartenir à une « famille ». C’est avec des mouvements et des partis non-royalistes que la Nouvelle Action royaliste s’est jusqu’à présent engagée – par exemple en 2002 lors de la constitution du Pôle républicain autour de Jean-Pierre Chevènement.     

    - L'idée d'une 6° République est-elle une idée utile, pour dégager l'actuel système qui n'a plus rien de semblable avec la V° République du Général ?
    La 5ème République demeure, mais c’est un édifice ébranlé par le quinquennat. La 6ème République est un slogan qui annonce de timides réformes et pas le bouleversement que certains annonçaient il y a quelques années.


    - Manque-t-il d'une grande force politique aujourd'hui, et d'où pourrait-elle émerger si cela est possible ?
    Nous appelons à la réunion du « parti des politiques », qui est le parti des patriotes de droite et de gauche rassemblés pour le salut de la nation. Le parti des politiques remonte au 16ème siècle, il rassemblait catholiques et protestants soucieux d’en finir avec les guerres de religion. Il s’est reformé pendant la guerre autour du général de Gaulle et dans le Conseil national de la Résistance. Il faut qu’il renaisse pour sortir la nation de la crise économique et financière et pour empêcher que la droite radicale ne creuse les divisions entre citoyens français.


    - Peut-on diagnostiquer que c'est à un manque d'énergie royaliste, que le mouvement au sens large, n'adhère pas aux attentes des Français et demeure confidentiel ?
    Ce n’est pas l’énergie des royalistes qui fait défaut mais il y a bien, quelque part, un défaut d’énergie.


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