• L'Interview de Cyrille Schott sur Royauté-News

     

     

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    Cyrille Schott est l'auteur du livre La rose et le lys - François Mitterrand et le Comte de Paris - 1986-1996, publié chez Plon au mois de Janvier 2012, consacré aux relations entre le Comte de Paris historique (1908-1999) et le Président François Mitterrand au moment de la préparation du Millénaire Capétien célébré en 1987.

     

     

    Alsacien, diplômé et Major de l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg, ville où il a obtenu aussi une licence d'Histoire, suivie d'une maîtrise de Paris I - Sorbonne, Cyrille Schott devient Elève de l'ENA en 1974, dont il sort en 1976 dans la promotion Guernica.

     

    Après un bref passage au Ministère de l'Intérieur, il entre en 1976 dans le corps préfectoral.

     

    Cyrille Schott est conseiller technique au Cabinet du Président de la République de 1982 à 1987. De 1989 jusqu'à 2009, il occupe durant plus de vingt-et-un ans les postes de Préfet du Territoire de Belfort, de la Nièvre, de la Loire, du Haut-Rhin, de la Seine-et-Marne et du Pas de Calais, et celui de Préfet de Région de la Basse-Normandie et du Languedoc-Roussillon.

     

    Administrateur Civil hors classe, Préfet hors classe, il est nommé en Décembre 2008 Préfet Hors Cadre, et en Février 2009, avec le rang de Préfet de Région, il devient jusqu'aujourd'hui Conseiller-Maître en service extraordinaire à la Cour des Comptes.

     

    Colonel de Réserve auprès du Gouverneur Militaire de Paris, il est le père de trois enfants, Arnaud, Céline et Amandine. Outre l'ouvrage indiqué plus haut, il a signé Le jardin des délices, avec le peintre PASO, paru en 2008 à La Diane Française.

     

    Royauté-News est heureux de l'accueillir.

     

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    Royauté-News publie également demain la bibliographie du Comte de Paris.

     

    11 04 2010ter 008-28823 01

     

     

    L'Interview de Cyrille Schott -

     

     

    RN 1 : Si l'on écarte les raisons naturelles qui facilitaient des relations entre François Mitterrand et le Comte de Paris : destin de la maison d'Orléans, et relations anciennes entre l'un et l'autre, tout allait-il de source, ou au contraire, ces nouvelles relations étaient-elles à construire à partir du moment où le Président avait accepté de le rencontrer ? [L’un des plus proches conseillers et intimes du Président, François de Grossouvre, était un partisan d'Alphonse de Bourbon, Duc d'Anjou (père l'actuel Duc d'Anjou) ]

     

    Cyrille Schott : - Je n’ai pas eu le sentiment qu’il fallait « construire » de nouvelles relations ou en « reconstruire ». Les rapports entre François Mitterrand et le comte de Paris étaient aisés, fondés sur une connaissance ancienne l’un de l’autre et sur une sensibilité, qui les rapprochaient en maintes choses. Pour le reste, en cette année du millénaire capétien, c’étaient les idées de continuité historique et d’unité nationale qui les réunissaient.

    François Mitterrand n’était pas homme à se laisser aisément influencer et si l’un de ses conseillers proches, ce que je ne saurais confirmer, était « un partisan d’Alphonse de Bourbon », cela n’était pas de nature à changer sa position concernant la place du comte de Paris dans le millénaire, comme chef de la famille de France et représentant légitime de la lignée capétienne. Comme je le raconte dans le livre, François Mitterrand s’est plusieurs fois, et clairement, exprimé à ce sujet. Dans l’été 1987, il a refusé de recevoir le duc de Cadix-Anjou.

     

    - Peut-on dire que sans la présence et l'initiative du Comte de Paris auprès du Chef de l'Etat, jamais un Millénaire Capétien, avec tout ce qu'il comportait de manifestations officielles, n'aurait jamais vu le jour ?

     

    Je ne saurais être aussi affirmatif. A la rentrée 1986, la déléguée aux célébrations nationales, qui relevait du ministère de la Culture, m’a téléphoné pour appeler mon attention sur la commémoration du millénaire et elle m’a indiqué alors qu’elle venait de tenir une réunion à ce sujet. Une célébration était donc prévue, mais elle n’aurait évidemment pas revêtu la même signification symbolique et eu le même caractère officiel, si le Président de la République ne l’avait pas placée sous son haut patronage. Indéniablement, le comte de Paris a joué son rôle, important, dans l’obtention de celui-ci.

     

    - François de Grossouvre permit d'obtenir au Duc d'Anjou certains papiers qui lui étaient utiles, comme d'autres lui en ont obtenu, par un autre canal, auprès d'autres personnages d'état ; peut-on dire, au sujet des descendants des rois de France : la République fut-elle bonne fille ?

     

    Si l’on situe la question dans une perspective historique, c'est-à-dire depuis le début de la République, la réponse est forcément nuancée.

    La République n’a pas toujours été « bonne fille » avec les descendants des rois : la troisième les a exilés et c’est seulement la quatrième, au début des années cinquante, qui a mis fin à cet exil. Il est vrai que celui-ci n’avait pas touché les Bourbons d’Espagne, au sein desquels la République n’avait pas distingué des « chefs de famille ayant régné » en France, pour reprendre les termes de la loi d’exil de 1886. C’est un argument que l’on retrouve d’ailleurs, formulé autrement, dans la bouche de François Mitterrand lorsqu’il reçoit le comité du millénaire en février 1987 et s’exprime en faveur du comte de Paris comme représentant de la « famille ».

    Si l’on considère l’époque actuelle, c’est l’apaisement qui prévaut, voire les relations cordiales entre le chef de l’Etat et les descendants des rois. Sinon, François Mitterrand ne serait pas apparu aux côtés du comte de Paris dans une cérémonie officielle, comme il l’a fait en avril 1987 à Amiens pour l’ouverture du millénaire capétien. C’est quand même la première fois depuis la proclamation de la République que cela s’est produit.

    Il est vrai aussi que François Mitterrand considérait qu’ « il n’y [avait] pas d’objet de débat » et que « la monarchie n’[était] pas actuelle ». Dans ces conditions, effectivement, la République peut être « bonne fille ».

    Cela dit, il faut vraiment considérer les relations entre le Président de la République et le chef de la Maison de France à l’occasion du millénaire capétien, non pas par le petit bout de la lorgnette, pour parler simplement, mais dans une vision longue de l’histoire de notre pays, où la continuité s’impose.

     

     - François Mitterrand a-t-il vu dans cet événement du Millénaire une nouvelle occasion de s'inscrire dans la continuité Gaullienne ?

     

    Je ne vois pas les choses ainsi. François Mitterrand avait présente à l’esprit la « continuité historique », que j’ai déjà évoquée. Il était un président de gauche et un chef d’Etat qui savait qu’il s’inscrivait dans une longue lignée d’hommes qui avaient construit la France telle qu’elle était. Bien sûr, Charles de Gaulle appartenait à cette lignée, mais aussi nos rois.

     

    - Les états-majors du Président Mitterrand et de Jacques Chirac alors Premier ministre avaient le même avis sur le fait que le seul interlocuteur possible pour la République était le Comte de Paris, cela avoue-t-il selon vous que cette préférence évidente était au compte de relations plus soignées ou plutôt sur la compatibilité républicaine du Prétendant ?

     

     Je crois que cette « préférence » était fondée sur une analyse historique, que la lettre de Jacques Chirac, reproduite en annexe de mon livre, expose bien. François Mitterrand, quant à lui, s’était exprimé de vive voix à ce sujet, à plusieurs reprises. Il a, par exemple, dit au comte de Paris, lors du déjeuner du 22 janvier 1987 au palais de l’Elysée : « Un seul argument, mais il me parait déterminant vous donne à mes yeux raison contre le duc de Cadix : c’est un prince étranger ».

    Le respect du régime républicain par le comte de Paris, indépendamment de ses convictions monarchistes, a évidemment facilité les choses. Du temps de l’Action française, je vois mal comment la République aurait pu commémorer le millénaire capétien ainsi qu’elle l’a fait.

     

    - Comme vous le laissez pressentir dans votre livre, les préparatifs du Millénaire auraient-il pu capoter, au moment de l'initiative Léotard, par exemple, et même, peut-on imaginer que le Premier ministre aurait pu refuser de s'associer à cet événement placé sous l'autorité du Président ?

     

    Non ! L’initiative Léotard était une maladresse, consciente ou inconsciente, que le cabinet du Premier Ministre a d’ailleurs aussitôt désavouée dans ses contacts avec la maison du Président. Jacques Chirac, par delà les péripéties inévitables d’une cohabitation, avait la même analyse historique que François Mitterrand.

    Sur le plan politique, les choses sont certes un peu autres, mais elles s’expriment plus tard. Indéniablement, Jacques Chirac en voudra au comte de Paris du soutien apporté à François Mitterrand, notamment pour sa réélection, et une fois installé à l’Elysée, il ne l’y recevra pas. Pour autant, à ce que je sache, il n’a pas pris de position en faveur du représentant de la lignée des Bourbons d’Espagne.

     

    - Pensez-vous le Comte de Paris profondément humain, et l'avez-vous ressenti ?

     

     Il y avait en lui une profonde humanité et une grande attention aux injustices et divisions de la société. Son idée était de rassembler les Français et il pensait qu’un roi serait le mieux à même de le faire.

     

    - Le Comte de Paris avait-il l'étoffe d'un homme d'Etat, malgré bien sûr ses différences que vous décrivez de tempérament et de compétence avec François Mitterrand ? Dans la fonction du monarque, aurait-il fait merveille ?

     

    Je crois que, si les circonstances s’y étaient prêtées, ce qui n’a pas été le cas, il aurait fait un très bon monarque constitutionnel. Il en avait l’étoffe et l’intelligence.

     

    - Au fond, la présence du Comte de Paris à ces célébrations, dans la pensée secrète de François Mitterrand, visait-elle (sans doute ou certainement) le personnage pressenti à un moment par de Gaulle, autant au moins que le représentant des rois Capétiens ?

     

    Je ne connais évidemment pas « la pensée secrète » de François Mitterrand. Je crois d’ailleurs que si quelqu’un prétendait la connaître, il ferait preuve d’une grande audace.

    Cela dit, ce que j’ai pu entendre de lui, à l’occasion du millénaire, me conduit à rappeler qu’il voyait dans le comte de Paris le représentant légitime en France de la lignée capétienne.

     

    - Avec le recul, une autre formule aurait-elle pu exister pour cette commémoration, ou celle-ci était-elle une histoire écrite ?

     

    Je n’ai jamais été très doué pour refaire l’histoire. Donc, je ne m’y hasarderai pas.

     

    - Merci d'avoir répondu à nos questions !

     

    Pour regarder ces photos, cliquer ici -

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    A Belfort, en 1988. De gauche à droite, Gérard Beyer, le président du club équestre ; le Comte de Paris ; Le Préfet Cyrille Schott.

    © Cyrille Schott.

     

    33- François(1)

    A l'Elysée, en Octobre 1987.

    Le Comte de Paris ;  M. Cyrille Schott ; Le Président Mitterrand.

    © Cyrille Schott.


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 20 Avril 2012 à 09:57

    Bonjour ,  voila une rencontre vraiment insolite, je penche pour le comte de paris
    excellent vendredi 

    AVRIL-FROID-champcom.png

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    Dimanche 22 Avril 2012 à 08:58

    Aujourd'hui journée citoyenne.

    Bon vote Michel et bisous

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    Mardi 24 Avril 2012 à 12:25

     

     

    Oui, insolite, mais ils se connaissaient déjà.

    Bonjour Eliane !!!!

    Très bonne semaine et très grandes bises !


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    Mardi 24 Avril 2012 à 12:27

     

    Bonjour Kéline !

    Très bonne semaine !



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