• Ordre de Malte : la crise s'enfonce

    La Rédaction

    Sous la démission du Grand-Maître de l'Ordre de Malte, annoncée avec fracas, couvait forcément quelque chose, comme nous l'avions laissé entendre dans notre édition du 26 janvier.

    Cependant, c'est une crise infiniment plus grande que celle qui avait été circonscrite dans les compte-rendus de la presse. Il s'agit, mais ici à grande échelle, d'un épisode dans la guerre que se livrent les rénovateurs modérés groupés autour du Pape François, et plusieurs groupes plus proches du conservatisme qui avait dominé les années Jean-Paul II.

    A noter que, quelques jours après le début public de cette crise, prenant exemple sur nos conclusions les médias reconnaissaient implicitement que le Pape François avait (seulement) obtenu la démission du Grand-Maître... et non plus comme presque tous l'affirmaient, qu'il l'aurait exigée.

    Pour notre part nous condamnons la faute manoeuvrière du Saint-Siège, pour redresser - selon lui - des conceptions trop éloignées des siennes.

    Nous détaillerons ultérieurement les points ambigus, révélés par cette crise. Que le Grand Chancelier, qui avait démissionné à la demande du Grand-Maître - démission entraînant au mois de décembre 2016 la partie aigüe d'une guerre de clans ancienne de plusieurs années - ait eu besoin d'en appeler au Pape pour se défendre d'accusations dont il s'était justifié, n'était que de normal.

    Mais de la part du Saint-Siège et de la part du Pape, prétendre enquêter comme si l'Ordre était une dépendance ordinaire de l'Eglise, a été une faute impardonnable et les fait passer pour des éléphants dans un magasin de porcelaine. Mais il ne s'agit pas de style, il s'agit surtout d'une faute plus grave. Protecteur de l'Ordre, le Saint-Siège devait protéger la réputation, et les intérêts de l'Ordre. On ne peut que conclure à un déficit de capacité politique de la part des membres les plus influents de la Curie. En outre, que le Saint-Siège et le Pape usent de procédés aussi cassants, est une attitude qu'ils condamnent chez leurs "adversaires" prétendus...cette guerre d'influence des clans, entre, pour la simplifier, les "traditionalistes" et les "modernistes" ne devrait pas se dérouler - surtout en public - dans les coudées de l'Ordre et à son détriment.

    Autant, des médias se trompaient durant la semaine qui précède, lorsque certains se désolaient de voir François détruire la souveraineté de l'ordre : le Pape ne le peut pas. Mais une conduite trop éloignée des méthodes, qui avaient toujours prévalu dans l'Eglise, ont été simplement oubliées : changement des générations oblige, visible depuis le début au moins des années Jean-Paul II comme nous le disions ces jours-ci.


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  • Commentaires

    1
    TR
    Jeudi 2 Février 2017 à 21:06

    Ces appellations de "réformisme modéré" (où se trouve la modération? J'ai deux mots à lui dire) et de "conservatisme" (! Seulement au vrai sens du terme, celui de Chesterton) m'ébahissent.

    Quant à l'inervention directe au-delà de ses prérogatives, elle peut faire penser à un retour à l'impérialisme pontifical, jamais formellement condamné comme hérétique, qui ne l'est probablement pas chez Innocent IV? mais qui a amené certains papes à commettre des abus au-delà des pouvoirs que confère la papauté...

    François serait-il un pape, non pas conservateur, mais réactionnaire, et en direction des pires dérives papales du passé? Après tout, depuis Vatican II (inclus) combien d'abus en ce sens n'avons-nous pas vu?



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