• Histoire des idées politiques  -  Géraldine Muhlmann

    Evelyne Pisier ; François Châtelet, Olivier Duhamel

    PUF ;  25 janv. 2012 ;   896 p.;   25€50.

    Géraldine Muhlmann, Évelyne Pisier, François Châtelet et Olivier Duhamel sont respectivement professeur à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, professeur émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien professeur à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, et professeur des Universités à Sciences Po. RoyautéNews

    Présentation officielle : La pensée politique est peu disciplinée – dans tous les sens de ce mot, y compris celui qui suggérerait qu’elle n’est pas une discipline académique bien circonscrite. Il y a bien sûr des œuvres immédiatement classables en philosophie politique ou en théorie politique. Mais, à bien y réfléchir, les catégories que l’on pourrait avoir en tête sont souvent poreuses. Des grands courants littéraires et esthétiques aux travaux scientifiques les plus variés, qu’est-ce qui échappe à une époque et à ses « idées », y compris politiques ? Peu de choses, sans doute.
    Au fond, ce qui empêche la catégorisation trop stricte, quand on traite d’histoire des idées politiques, c’est l’histoire. C’est elle, avec toute son épaisseur, qui se présente devant nous.
    Pour autant, il n’y a pas d’ouvrage sans choix. Assumant les siens, cette nouvelle édition vise, comme les précédentes, à décrire et à expliquer l’émergence des concepts qui ont joué un rôle décisif dans le devenir politique des sociétés. Des Anciens aux Modernes, et notamment à travers le développement du principe moderne d’« État », sont analysés les thèmes les plus saillants de la réflexion politique : les figures de l’État de droit, les enjeux de l’invention démocratique, les désirs et les réalités de l’État « total », les chemins de l’après-totalitarisme… Pour comprendre, mais aussi pour ne pas cesser d’interroger.

     

    Histoire des idées politiques  -  Géraldine Muhlmann


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  • Guérir par l'alimentation selon Hildegarde de Bingen

    Wighard Strehlow ; traduction Marthe Mensah ;

    Éditions du Rocher ;  15 mai 2019 ;  550 p.;  28€.

    Il s'agit bien entendu de Sainte Hildegarde de Bingen... L’œuvre est inséparable, comme l'œuvre et sa spiritualité, de sa personne. RoyautéNews

    Présentation officielle : Il y a plus de 800 ans, la religieuse bénédictine Hildegarde de Bingen a posé les bases d'un art de guérir par l'alimentation d'une efficacité exceptionnelle, qui permet encore aujourd'hui de prévenir et soigner un très grand nombre de maladies. Hildegarde donne la première place à l'épeautre, aux fruits et aux légumes ainsi qu'aux herbes aromatiques. Elle décrit les aliments en fonction de leurs vertus curatives, car un aliment est toujours aussi un remède. Ce guide est une véritable Bible du bien manger au quotidien, riche, pratique et documentée, avec une présentation des vertus des aliments, plus de 400 recettes pour toute la famille et 200 remèdes naturels classés par maladie (troubles digestifs, cardiaques, circulatoires, allergies, rhumatismes…).

    Guérir par l'alimentation selon Hildegarde de Bingen


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  • Ils ont tué Monsieur H.  -  Maurin Picard

    Congo, 1961. Le complot des mercenaires français contre l'ONU ;

    Seuil ;   16 avr. 2019 ;   480 p.;   23€.

    Présentation officielle : 18 septembre 1961, peu après minuit. Une épave de quadrimoteur gît dans la brousse rhodésienne, au cœur de l'Afrique. À bord de la carcasse fumante, seize corps, dont celui de « Monsieur H », Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l'ONU. Est-ce un banal accident d'avion ? Ou bien ce courageux diplomate suédois, qui tentait de régler la crise du Katanga au Congo, a-t-il été victime d'un complot ? Ainsi commence l'une des plus grandes énigmes de l'après-guerre.

    Comment une telle conspiration a-t-elle pu rester si longtemps secrète ? Qui a osé s’en prendre à cet homme qui, s'opposant à la fois aux États-Unis et à l'URSS, tentait de promouvoir la paix dans le monde comme jamais un secrétaire général ne le fit après lui ? Qui a « saboté » les trois enquêtes officielles consacrées à l'affaire ? Enfin, pourquoi l'ONU a-t-elle décidé de rouvrir le dossier en 2016… si ce n'est parce que le doute n'est plus permis ?

    Plus d’un demi-siècle après les faits, Maurin Picard a reconstitué le sinistre puzzle, malgré les obstacles et les chausse-trappes. Une enquête planétaire, aux accents de polar, l’a conduit de la Zambie à Hong Kong, en passant par Londres, New York, Johannesburg, Stockholm et Paris. Dans le secret des archives d’État et l’intimité des diplomates suspicieux, la vérité émerge enfin autour d’un crime presque parfait : « Monsieur H » a été abattu par plusieurs équipes de mercenaires, dont des « affreux » français, agissant sur ordre d’influents commanditaires.

    Ils ont tué Monsieur H.  -  Maurin Picard


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  • Le Transhumanisme  -  Joël Hautebert

    Aboutissement de la Révolution anthropologique ;

    Editions de l'Homme Nouveau ;   17 avr. 2019 ;  160 p.;   19€.

    Présentation officielle : Le transhumanisme est-il un projet totalement novateur ou la simple adaptation aux temps postmodernes d'une idée plus ancienne ? Tel est l'axe principal d'analyse de cet ouvrage qui examine le transhumanisme sous l'angle de la philosophie politique et par conséquent de la pensée qui le sous-tend. Prenant appui sur le progrès technique, le transhumanisme actualise le projet constructiviste moderne qui aujourd'hui vise l'homme directement et non par l'intermédiaire des institutions qui l'environnent.
    La révolution anthropologique prend le pas sur la révolution politique. L'étape actuelle de ce processus promeut une nouvelle version de l'utopie de "l'homme" nouveau, caractérisée par la fin de l'homme naturel, jugé obsolète. Les développements de cet essai explorent ces pistes, à travers la généalogie intellectuelle, les convergences idéologiques contemporaines et les perspectives politiques de ce mouvement.

    Le Transhumanisme  -  Joël Hautebert


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  • Islamophobie ; Intoxication idéologique Philippe d'Iribarne

    Albin Michel ;  3 avr. 2019 ;    240 p.;   19€.

    Présentation officielle : Le concept d’islamophobie est un leurre, une illusion, une intoxication ! Il complique ce qui est simple, il obscurcit ce qui est clair.
    Il entretient le ressentiment au lieu de favoriser la concorde.
    Il pousse à la sécession au lieu d’encourager le rassemblement.
    Pour rendre meilleurs les rapports entre l’Occident et le monde de l’islam, il faut échapper à cette manipulation et cultiver un regard de vérité.

    Une telle clarification n’aiderait-elle pas le monde musulman à s’interroger sur lui-même ?
    En faisant croire aux musulmans qu’ils sont des victimes systématiques, ne les prive-t-on pas de leur sentiment de responsabilité ?

    Pour la première fois, Philippe d’Iribarne apporte un éclairage et des réponses concrètes.

    Philippe d’Iribarne est directeur de recherche au CNRS. Depuis son ouvrage majeur, La Logique de l’honneur (Le Seuil, 1989), Philippe d’Iribarne s’intéresse particulièrement au lien entre les religions et la modernité. Il est traduit en dix langues, dont l’arabe et le turc.

    Islamophobie  -  Philippe d'Iribarne


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  • Divertir pour dominer 2  -  Cédric Biagini et Patrick Marcolini

    La culture de masse toujours contre les peuples ;

    Les Editions L'Echappée ;   19 avr. 2019 ;  296 p.;  15€.

    Présentation officielle : Visionnage boulimique de séries, addiction aux jeux vidéo, gamification des activités sociales, consommation devenue divertissement ordinaire, pornographie banalisée, invasion des musées par les marques, etc. Plus aucun espace n’échappe aux productions culturelles du capitalisme hypermoderne. Le culte du fun et de la transgression, le refus immature des contraintes, la quête de sensations fortes, l’exaltation du narcissisme et les bricolages identitaires, fabriquent un nouveau type d’individu.
    Face à cette déferlante, journalistes, chercheurs et intellectuels, y compris les plus subversifs – et peut-être même surtout eux –, ont rendu les armes. À tel point que certains voient dans la culture de masse l’art de notre temps, démocratique et... rebelle. D’autres se contentent d’y dépister les stéréotypes et les rapports de domination et de fantasmer une possible réappropriation des contenus.
    Ce livre prend le contre-pied de ces abdications. Il s’inscrit dans une tradition de critique de l’aliénation, du spectacle et des modes de vie capitaliste, qu’il ravive en démontrant comment les derniers avatars de la culture de masse, omniprésents et plus efficaces que jamais, laminent les sociétés et domestiquent les esprits.

    Divertir pour dominer 2  -  Cédric Biagini et Patrick Marcolini


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  • Fauchés - Vivre et mourir pauvre - Darren McGarvey

    Traduction de l'Anglais, Madeleine Nasalik ;

    autrement ;   6 mars 2019 ;   336 p.;  19€90. Prix Orwell 2018.

    Présentation officielle : « Et dans les bas-fonds de ces quartiers, entre l'alcool et la drogue, des gens tâchaient d'élever des enfants. L'un d'eux était ma mère. »

    Grandir dans la pauvreté, c'est grandir sur la défensive. Né dans les quartiers pauvres de Glasgow, Darren McGarvey raconte de l'intérieur ce qu'est la vie dans la misère, comment elle ronge, détruit et étouffe sous une chape de stress permanent. Au cœur des foyers, à l'école, dans la rue, en prison, partout, la pauvreté rend malade, violent, alcoolique, accro, toxico, et il est primordial de le savoir pour comprendre la complexité du fléau. Être pauvre n'est pas le sort des paresseux ou des mauvais gestionnaires, c'est un engrenage dont il est très difficile de sortir. Mais c'est possible.
    Unique en son genre, phénomène au Royaume-Uni, ce témoignage est aussi un essai informé et engagé sur la possibilité d'échapper à son destin et de se réapproprier sa liberté. Fort de son histoire personnelle et de son engagement, l'auteur renvoie dos à dos les politiciens de gauche comme de droite, et remet chacun face à sa responsabilité individuelle, sans aucune complaisance.
    Apparenté à la fois à Hillbilly Elegy, Pourquoi êtes-vous pauvres? et Une colère noire, ce texte percutant éclaire d'un jour cru la colère des laissés-pour-compte.

    Fauchés - Vivre et mourir pauvre - Darren McGarvey


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  • Comment gouverner un peuple-roi  -  Pierre-Henri Tavoillot

    Traité nouveau d'art politique ;

    Odile Jacob ;     22€90.

    Présentation officielle : « Sommes-nous entrés dans l’ère du déclin démocratique, voire dans un âge post démocratique ? Admettons au moins l’existence d’une triple déception : la démocratie libérale souffre d’une terrible crise de la représentation, d’une grave impuissance publique et d’un profond déficit de sens. Autrement dit, elle aurait perdu, en cours de route, à la fois le peuple qui la fonde, le gouvernement qui la maintient et l’horizon qui la guide. » P.-H. T.


    Pour Pierre-Henri Tavoillot, ce que nous avions pris pour un progrès acquis – la démocratie – se révèle en réalité un vertigineux chantier. Avec ce livre qui renoue avec la tradition oubliée des traités d’art politique, il nous invite à réfléchir à ce qui fait le secret de l’obéissance volontaire. Car, en démocratie, l’art de gouverner est surtout un art d’être gouverné. Comment l’envisager aujourd’hui ?

    Comment gouverner un peuple-roi  -  Pierre-Henri Tavoillot

    Commentaire de RoyautéNews : On pourrait dire : pour les Français, et en réponse à la présentation du livre, l'art d'être gouverné se résume de plus de plus à éviter d'être gouverné de trop près. Comme cela s'avère désormais impossible, depuis qu'ont été effacés les espaces de liberté auparavant consentis, c'est bien la pertinence du maintien en place d'un tel Etat, dans sa forme comme dans son idéologie, qui ne cesse de se poser d'une manière de plus en plus aiguë.


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  • Le temps de l'État-Entreprise  -  Pierre Musso

    Berlusconi, Trump, Macron ;

    Fayard ;   6 mars 2019 ;   352 p.;  23€.

    Présentation officielle : Nous assistons à la montée en puissance de la grande Entreprise, rivale de l’Etat, depuis plusieurs siècles. Cette fois, elle semble en mesure de rivaliser avec sa puissance et d’opérer un basculement en sa faveur. Sans cette «  grille de lecture  », il est impossible de comprendre la «  crise du politique » qui s’étire maintenant depuis plusieurs décennies et de comprendre les dernières évolutions locales aux Etats-Unis et en Europe dont sont symptomatiques les présidences de Donald Trump et Emmanuel Macron, et la résurgence de Silvio Berlusconi, entre autres.

    Personnages ayant surgi comme par effraction à la présidence de leur pays, perçus comme des « politiques » improbables, Berlusconi, Trump et Macron ont été bien rapidement étiquetés « populistes », « élitistes », « néo-libéraux». Si ces trois figures, pourtant en phase avec l’époque, restent incompréhensibles, c’est qu’ils méritent que l’on formule d’autres hypothèses d’interprétation du phénomène qu’ils représentent.
    Berlusconi, Trump et Macron, antipolitiques en politique, sont des figures pionnières de l’État-Entreprise. Cette institution double se manifeste et apparaît aujourd’hui, tandis que l’État est plus affaibli que jamais, et à sa suite la politique et le système de la représentation. L’Entreprise, en premier lieu la grande Entreprise (big corporation), triomphe. Elle est à l’apogée de sa puissance.
    Ce livre met en perspective, sur la longue durée, la mutation profonde du politique en Occident et donne à voir ce qui se joue à l’arrière-plan, entre l’État (institution de la religion du politique) et l’Entreprise (institution de la religion industrielle) : un lent processus de neutralisation de l’État qui s’accélère depuis la fin du XXe siècle et semble tendre à son démantèlement, au profit de l’Entreprise… À tout le moins assistons-nous à un transfert d’hégémonie.

    Le temps de l’État-Entreprise advient, temps de la mutation du pouvoir et du rapport de force entre les deux institutions désormais hybridées.

    Le temps de l'Etat -Entreprise  -  Pierre Musso


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  • Des balles et de l'opium  -  Liao Yiwu

    Editions Globe ;  Traduction : Marie Holzman ; 3 avr. 2019 ;  304 p.;  22€.

    Présentation officielle : 1989. La colère monte depuis des mois en Chine. Ce jour-là, le 4 juin, elle éclate. Des millions de citoyens se rassemblent dans les rues et sur la place Tian’anmen, pour réclamer davantage de démocratie et de justice. Le pouvoir répond par des balles, des baïonnettes et des chars d’assaut, et, aussitôt après, propose au peuple défait un nouvel opium : l’argent, à tout prix.
    Ce livre – qui évoque aussi la mémoire du meilleur ami de l’auteur, Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix 2010, mort en détention en 2017 –, est un recueil de témoignages de quelques-uns des « émeutiers » du 4-juin.
    Leur crime ? Ils ont écrit, photographié, décrit la réalité de ce jour-là. L’un est poète, l’autre, banquier, un troisième, étudiant, un quatrième a pissé sur un char à l’arrêt.
    Les qualifications ubuesco-kafkaïennes de leurs actes ? « Tromperie économique », « récriminations réactionnaires furieuses », « incitation à la propagande contre-révolutionnaire ».
    Leurs peines ? Tortures, brimades, persécutions, douze ans de bagne, ou seize ans, ou vingt ans. Et ensuite, après la sortie, une condamnation à rester des « parasites de la société » à vie, des marginaux définitifs. Trente ans plus tard, leurs bourreaux sont toujours au pouvoir.

    Des balles et de l'opium  -  Liao Yiwu


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  • Dien Bien Phu ; la fin d'un monde - Pierre Journoud

    Vendémiaire ;   1er avr. 2019 ;  608 p.;   25€.

    Présentation officielle : Printemps 1954 : le fer de lance du Corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient affronte, dans la haute vallée de Dien Bien Phu, les unités d'élite de l'Armée populaire du Vietnam commandées par le général Giap. Ce féroce et inégal corps à corps sur fond d'intenses duels d'artillerie est d'une violence inouïe : entre 13 000 et 25 000 soldats vietnamiens sont tués ou blessés, tandis que les pertes françaises s'élèvent à 65 % des effectifs engagés. Au terme d'un siège long et éprouvant, le combat s'achève par une défaite implacable pour l'armée française, dont près de 9 000 soldats subiront une douloureuse captivité dans les camps du Vietminh. Dans un contexte de guerre froide où la France est massivement soutenue par les États-Unis et le Vietnam par la Chine communiste, ce colossal face-à-face mènera à un accord diplomatique entérinant, à Genève, la disparition de l'Indochine française, prélude à la fin de l'ère coloniale. La défaite de la France précipitera la décision du FLN algérien d'engager à son tour la lutte armée, en même temps que la radicalisation d'une partie de l'armée française hantée par le « syndrome indochinois » et bien décidée à ne plus jamais subir pareille humiliation. En s'appuyant sur de nombreux témoignages des deux camps, Pierre Journoud, avec la collaboration de Dao Thanh Huyen, replace pour la première fois dans un cadre spatio-temporel considérablement élargi cette bataille mythique, qui changea la face du XXe siècle.

    Dien Bien Phu ; la fin d'un monde - Pierre Journoud


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  • Pétain, Salazar, de Gaulle ; affinités, ambiguïtés, illusions - Patrick Gautrat

    Chandeigne ;   18 avr. 2019 ;  296 p.;  22€.

    Présentation officielle : Les relations entre la France et le Portugal auront atteint entre 1940 et 1944 une densité rarement connue au siècle dernier. Les circonstances s’y prêtèrent avec l’avènement à Vichy d’un régime ayant de profondes affinités avec celui de Lisbonne. On a pu dire qu’un « petit frère était né » sur les rives de l’Allier et l’État Français cherchera à bénéficier pleinement de l’expérience lusitanienne à travers des relations intenses dans tous les domaines.

    Mais l’entrée en jeu de la « dissidence » Gaulliste et du général Giraud va brouiller les cartes en créant une situation complexe où l’on verra la France avoir simultanément pendant quelques mois trois représentations à Lisbonne. C’est le temps de l’ambiguïté, Salazar ne voulant pas reconnaître la France Libre tout en continuant de négocier avec elle en matière commerciale. Dans cette Lisbonne neutre, les intrigues vont bon train mais les contacts directs sont insuffisants entre dirigeants portugais et français. On s’en remet trop à des diplomates qui se laissent souvent piéger par des fausses nouvelles ou des analyses erronées. Le comble sera atteint du côté français avec une succession de cafouillages pour la nomination des chefs de la Légation tandis que certains responsables gaullistes se signaleront par leur activisme. Mais malgré cette atmosphère trouble, les délicats dossiers des réfugiés et des juifs seront traités de façon satisfaisante.

    Après le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, Vichy perdra vite toute crédibilité et la relation va s’étioler avec Vichy alors qu’elle tend vers une reconnaissance de facto avec la France Libre. Ce sera le temps des illusions. Salazar cultivera le fumeux concept de « paix de compromis » dont les belligérants ne veulent pas mais ses analyses seront plus convaincantes sur le monde de l’après-guerre. Finalement, chacun des acteurs n’a pas assez mesuré l’intérêt d’une relation plus intense : pour Vichy, l’Empire portugais et l’alliance historique de Lisbonne avec Londres ; pour la France Libre, être reconnue par un État qui comptait en Europe ; pour le Portugal, enfin, préparer l’après-guerre en faisant oublier certaines parentés idéologiques embarrassantes. On a finalement réussi à démêler cet écheveau et les rapports franco-portugais n’ont pas eu à souffrir des relations complexes et contradictoires qui se nouèrent pendant la Seconde Guerre mondiale entre Pétain, Salazar et de Gaulle.

    Pétain, Salazar, de Gaulle ; affinités, ambiguïtés, illusions - Patrick Gautrat


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  • La guerre du Pacifique a commencé en Indochine - Franck Michelin

    1940-1941 ;

    Passés composés ;  10 avr. 2019 ;  318 p.;  22€.

    Présentation officielle : Le 23 septembre 1940, l'armée japonaise viole la frontière indochinoise malgré la conclusion d'un accord à Hanoi quelques heures plus tôt. Pour l'Indochine française, c'est le début de près de cinq années d'occupation, qui aboutissent, le 9 mars 1945, à l'élimination de la présence française. Ainsi, l'action des forces nippones a pour conséquence de précipiter l'indépendance du Vietnam, du Cambodge et du Laos, et déclenche la Guerre d'Indochine. Pour le Japon, nouvel allié de l'Allemagne, c'est la première étape de l'expansion vers le sud qui mène, quinze mois plus tard, à l'éclatement de la Guerre du Pacifique. Fruit d'un long travail de recherche et d'analyse d'archives françaises et japonaises, ce livre explore le rôle du Japon, longtemps resté absent des études sur le second conflit mondial et sur les origines de la Guerre d'Indochine, bien qu'il ait précipité la crise qui allait changer pour toujours le destin de l'ancienne colonie indochinoise, ainsi que celui de l'ensemble de la région Asie-Pacifique.

    La guerre du Pacifique a commencé en indochine - Franck Michelin

    Franck Michelin est professeur à l'université de Tokyo, chercheur associé à la Sorbonne, à l'Institut d'Asie orientale et à la maison franco-japonaise. Il fut lauréat du Prix Shibusawa-Claudel en 2015. RoyautéNews


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  • Adieu, la France !  -  Christine Clerc

    Éditions de l'Observatoire ;   10 avr. 2019 ;  240 p.;  19.€

    Présentation officielle :

    À 0 h 10, dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 avril 1969, un communiqué du général de Gaulle sème la stupeur dans le monde entier : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. »
     Après onze années de pouvoir et sans attendre les résultats définitifs de son référendum sur la régionalisation (le « non » va l’emporter à 52 %), l’homme du 18 Juin se retire à Colombey-les-Deux-Églises. Dix mois auparavant, pourtant, il surmontait la crise de mai 1968 par un coup de théâtre. Les Français lui donnaient une majorité « introuvable ».
    Alors pourquoi solliciter à nouveau leurs suffrages – et cela, sur une réforme mal comprise ? Impossible rêve d’un Don Quichotte politique qui croit pouvoir, en instaurant la « Participation », retarder l’avènement d’un « nouveau monde moderne », celui de l’entreprise, de la compétition capitaliste et du Club Med ? Désir de revanche sur son ancien Premier ministre, Georges Pompidou, devenu « l’homme fort » de la droite ? Ou suicide politique ? 
    Du printemps 1968 au printemps 1969, c’est une véritable tragédie que nous fait vivre de l’intérieur Christine Clerc, entre un de Gaulle tour à tour autoritaire et désemparé, et son cher pays, la France. La tragédie d’un grand amour brisé.

    Adieu, la France !  -  Christine Clerc


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  • La République des Frères  -  Patrice Morlat

    Le Grand Orient de France de 1870 à nos jours ;

    Perrin ;  18 avr. 2019 ;  848 p.;   32€.

    Le rôle du Grand Orient décrit dans la présentation persiste aujourd'hui, et aussi fortement. RoyautéNews

    Présentation officielle : Le Grand Orient de France de 1870 à 1940. Penser la cité idéale.
    Le rôle du Grand Orient dans l'instauration et l'évolution de la IIIe République Plus ancienne obédience maçonnique française datant de 1773, le Grand Orient de France, sous la IIIe République, est engagé dans les principales luttes politiques de son temps - pour l'enseignement public, laïc et obligatoire ; pour la séparation des Eglises et de l'Etat ; contre le Concordat, etc. Les maçons œuvrent alors à la naissance des grandes lois républicaines et laïques et se font en outre " architectes de l'Empire ", jouant un rôle essentiel dans l'expansion coloniale.

    Patrice Morlat, fort de sa grande connaissance du sujet et grâce à de nombreuses archives jusque-là inédites, examine le rôle et l'influence des loges dans l'évolution des possessions coloniales, leur mise en valeur et le sort des colonisés, mais aussi les relations privilégiées qu'elles entretenaient avec les autorités républicaines. Une somme originale sur un sujet qui continue de faire couler beaucoup d'encre.

    La République des Frères  -  Patrice Morlat


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  • L'exil éternel  -  Angela Rohr

    J'étais médecin au Goulag ;

    Traduit de l'Allemand par Jean-Jacques Briu ;

    Les Arènes ;  6 févr. 2019 ;  400 p.;    24€80.

    Présentation officielle : Pendant plus de trente ans, ces pages saisissantes reposèrent dans un tiroir. Il fallut attendre 1989 pour voir ce récit imprimé par une petite maison d’édition autrichienne, à titre posthume. C’est un chef-d’œuvre qui sort aujourd’hui de l’oubli.

    Issue de l’aristocratie autrichienne, Angela Rohr parcourt l’Europe du début du XXe siècle et fréquente les milieux littéraires, scientifiques et politiques : les expressionnistes, les dadaïstes, Freud, Brecht, Rilke…
    Elle s’essaie à l’écriture, étudie la médecine à Paris, à Berlin et à Vienne, s’initie à la psychanalyse.

    Avec son mari, elle rejoint l’URSS avec ferveur pour participer à la construction de la « société nouvelle ». Après l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht en 1941, ils sont arrêtés parce qu’ils sont autrichiens. Son mari disparaît et Angela est condamnée à cinq ans de Goulag. À l’issue de sa peine, elle est assignée à la relégation définitive, l’« exil éternel ». C’est seulement après la mort de Staline qu’elle peut rentrer à Moscou, en 1957. Elle meurt en 1985, dans la misère, sans savoir que son œuvre survivra.

    L’auteure, qui a passé seize années au Goulag, n’explique pas. Elle décrit, dans un style dépouillé, sans artifices ni fioritures, avec une apparente froideur et parfois même quelques pointes d’ironie. C’est d’autant plus bouleversant. Avec son récit au scalpel sur l’humanité broyée par la folie concentrationnaire, Angela Rohr prend place aux côtés des grands témoins du Goulag, Alexandre Soljénitsyne, Evguénia Guinzbourg ou Varlam Chalamov.

    L'exil éternel  -  Angela Rohr


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  • Vieux renards et jeunes loups - Frédéric Métézeau

    L'Archipel ;  9 janv. 2019 ;   432 p.;   20€99.

    A lire en lien avec notre article à venir sur la future élection présidentielle.

    Présentation officielle : « Dégagez-les ! » martelait Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron l’a fait. Un tsunami a balayé la classe politique française en 2017, avec l’arrivée à l’Élysée d’un président de moins de 40 ans, et le départ des trois quarts des députés siégeant à l’Assemblée nationale.

    Nombre de ténors omniprésents depuis dix, vingt, voire quarante ans ont soudain disparu des écrans. Certains ont pris une retraite aussi prématurée qu’involontaire ; d’autres ont changé de métier ou se sont exilés.
    Frédéric Métézeau brosse ici un portrait de la nouvelle classe politique française : survivants de l’ancien monde – désormais vieux renards – et jeunes loups récemment surgis dont certains devenus ministres ; tous bien décidés à s’imposer.
    Fruit de quelque quatre-vingts entretiens, ce livre est un pari. Quels hommes et femmes politiques seront aux commandes en 2022 ? Qui implosera ? Qui s’imposera ?

    Vieux renards et jeunes loups - Frédéric Métézeau


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  • La vie intellectuelle en France - Christophe Charle ; Laurent Jeanpierre

    Points ;  (2016)  ;  tomes 1 à 3 ; 7 fév. 2019 ; (1)864p. (2)588p. (3)624p. 13€ /ex.

    Présentation officielle : Unique par la durée qu'elle embrasse (des lendemains de la Révolution jusqu'à nos jours) comme par les dimensions sociales, culturelles, politiques et symboliques qu'elle s'efforce pour la première fois de combiner, cette nouvelle histoire intellectuelle de la France contemporaine met en relief non seulement le rôle des personnalités, des groupes, des controverses et des événements, mais également les conditions les plus prosaïques et matérielles de la vie intellectuelle ainsi que les conditions sociales et économiques de la production et de la circulation des idées.
    Enfin, contre les tendances traditionnelles de l'histoire des idées, les auteurs s'emploient à dénationaliser le récit pour mieux dégager les interactions entre l'espace français et les autres mondes intellectuels proches ou lointains, européens ou non européens, sans oublier en interne les contestations de l'hégémonie du centre parisien. Ce premier tome couvre une période qui s'étend de 1815 à 1914, celle de la conquête des libertés d'expression et d'une imbrication forte entre monde intellectuel et champs politique et religieux où les idées circulent aisément dans un cercle relativement restreint (1815-1860), suivie d'une phase progressive et déterminante d'autonomisation collective des intellectuels et d'une lutte entre eux pour définir les valeurs qu'ils portent et les faire valoir publiquement (1860-1914).

    (...) tome 2 : Enfin, contre les tendances traditionnelles de l'histoire des idées, les auteurs s'emploient à dénationaliser le récit pour mieux dégager les interactions entre l'espace français et les autres mondes intellectuels proches ou lointains, européens ou non européens, sans oublier en interne les contestations de l'hégémonie du centre parisien. Ce second tome s'étend de 1914 à nos jours : la troisième période considérée (1914-1962) consacre la valeur de l'engagement des intellectuels dans les combats politiques de l'époque, de la Première Guerre mondiale à la guerre d'Algérie ; la période actuelle (1962-aujourd'hui) marque une fragmentation des mondes intellectuels, avec une perte corollaire de leur influence et de leur légitimité dans l'espace public, au sein duquel la circulation des idées n'est facilitée qu'en apparence par les moyens de communication.

    (...) tome 3 : Ce troisième tome s'intéresse à la période la plus contemporaine (de 1962 à nos jours). Après l'effervescence des années 1960 et 1970, la déploration actuelle de la perte d'influence des intellectuels dans l'espace public masque les voies nouvelles d'expression des idées qui, jusqu'à aujourd'hui, ambitionnent de comprendre le monde, voire de le transformer.

    (...) générale : La vie intellectuelle ne saurait être réduite à une galerie de grandes figures de la pensée ni au récit épique de leurs combats. Elle ne se limite pas davantage aux idées politiques, aux grands courants littéraires et aux doctrines philosophiques. Avec cette somme sans équivalent par son approche de longue durée, elle englobe tout à la fois le monde des sciences, des lettres et des arts comme les idéologies militantes ou religieuses.
    Attentif aux espaces de production et de diffusion des idées, à leur circulation internationale comme à leurs ferments locaux et régionaux, aux soubassements collectifs et institutionnels de leur genèse ainsi qu’à leurs interactions avec la société, cet ouvrage retrace l’histoire de la France contemporaine au prisme des idées qui l’ont transformée et qui s’y sont affrontées. De ses groupements emblématiques à ses courants marginaux, de ses moments d’effervescence à ses mouvements souterrains, il donne à lire une histoire de la vie intellectuelle entièrement décloisonnée et renouvelée.
    Ce premier volume couvre une période qui s’étend des lendemains de la Révolution à 1914. Elle débute par la conquête des libertés d’expression, marquée par une imbrication forte entre le monde intellectuel et les pouvoirs politiques et religieux. Elle se prolonge par une phase déterminante d’autonomisation collective des intellectuels et d’affirmation de nouvelles sciences. Il en résulte une lutte entre eux pour définir les valeurs à faire valoir publiquement dans la nouvelle société démocratique.

    La vie intellectuelle en France - Christophe Charle ; Laurent Jeanpierre

     

    La vie intellectuelle en France - Christophe Charle ; Laurent Jeanpierre

    La vie intellectuelle en France - Christophe Charle ; Laurent Jeanpierre

     


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  • Le naufrage des civilisations  -  Amin Malouf

    Grasset ;   13 mars 2019 ;   332 p.;   22€.

    Présentation officielle : Il faut prêter attention aux analyses d’Amin Maalouf  : ses intuitions se révèlent  des prédictions, tant il semble avoir la prescience des grands sujets avant qu’ils n’affleurent à la conscience universelle. Il s’inquiétait il y a vingt ans de la montée des Identités meurtrières  ; il y a dix ans du Dérèglement du monde. Il est aujourd’hui convaincu que nous arrivons au seuil d’un naufrage global, qui affecte toutes les aires de civilisation.
    L’Amérique, bien qu’elle demeure l’unique superpuissance, est en train de perdre toute crédibilité morale. L’Europe, qui offrait à ses peuples comme au reste de l’humanité le projet le plus ambitieux et le plus réconfortant de notre époque, est en train de se disloquer. Le monde arabo-musulman est enfoncé dans une crise profonde qui plonge ses populations dans le désespoir, et qui a des répercussions calamiteuses sur l’ensemble de la planète. De grandes nations «  émergentes  » ou «  renaissantes  », telles la Chine, l’Inde ou la Russie, font irruption sur la scène mondiale dans une atmosphère délétère où règne le chacun-pour-soi et la loi du plus fort. Une nouvelle course aux armements paraît inéluctable. Sans compter les graves menaces (climat, environnement, santé) qui pèsent sur la planète et auxquelles on ne pourrait faire face que par une solidarité globale qui nous fait précisément défaut.
    Depuis plus d’un demi-siècle, l’auteur observe le monde, et le parcourt. Il était à Saigon à la fin de la guerre du Vietnam, à Téhéran lors de l’avènement de la République islamique. Dans ce livre puissant et ample, il fait œuvre à la fois de spectateur engagé et de penseur, mêlant récits et réflexions, racontant parfois des événements majeurs dont il s’est trouvé être l’un des rares témoins oculaires, puis s’élevant en historien au-dessus de sa propre expérience afin de nous expliquer par quelles dérives successives l’humanité est passée pour se retrouver ainsi au seuil du naufrage.

    Le naufrage des civilisations  -  Amin Malouf


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  • Comment l'Empire romain s'est effondré   -  Kyle Harper

    Le climat, les maladies et la chute de Rome ; traducteur, Philippe Pignarre

    La Découverte ;  3 janv. 2019 ;   544 p.;  25€.

    Présentation officielle : Comment Rome est-elle passée d’un million d’habitants à 20 000 (à peine de quoi remplir un angle du Colisée) ? Que s’est-il passé quand 350 000 habitants sur 500 000 sont morts de la peste bubonique à Constantinople ?
    On ne peut plus désormais raconter l’histoire de la chute de Rome en faisant comme si l’environnement (climat, bacilles mortels) était resté stable. L’Empire tardif a été le moment d’un changement décisif : la fin de l’Optimum climatique romain qui, plus humide, avait été une bénédiction pour toute la région méditerranéenne. Les changements climatiques ont favorisé l’évolution des germes, comme Yersinia pestis, le bacille de la peste bubonique. Mais « les Romains ont été aussi les complices de la mise en place d’une écologie des maladies qui ont assuré leur perte ». Les bains publics étaient des bouillons de culture ; les égouts stagnaient sous les villes ; les greniers à blé étaient une bénédiction pour les rats ; les routes commerciales qui reliaient tout l’Empire ont permis la propagation des épidémies de la mer Caspienne au mur d’Hadrien avec une efficacité jusque-là inconnue. Le temps des pandémies était arrivé.
    Face à ces catastrophes, les habitants de l’Empire ont cru la fin du monde arrivée. Les religions eschatologiques, le christianisme, puis l’islam, ont alors triomphé des religions païennes.


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