• Les Morisques

    Par RN 2

    Il y avait plusieurs groupes de Morisques. Ceux de la province de Valence étaient toujours à la disposition des barbaresques pour les aider et les renseigner dans leurs pillages, et ils n'hésitaient pas à arborer devant leurs victimes les bijoux aussi mal acquis. La pression populaire a été très longue à obtenir du roi leur expulsion, et elle a été la première, et la seule d'exécution immédiate.

    A l'inverse, ceux d'Aragon étaient les ouvriers agricoles, honnêtes et estimés, si bien que quand le roi a estimé qu'ils devaient eux aussi partir, une bonne partie de la population d'Aragon les a aidés parce qu'ils n'avaient pas les moyens de partir et que personne ne voulait qu'ils soient emmenés chez les Barbaresques, et ils se sont souvent installés au nord des Pyrénées, en particulier du côté de Perpignan.

    La famille maternelle du duc d'Anjou tient ses titres, précisément de ce que le départ des Morisques d'Aragon a ruiné le pays, de vastes domaines se trouvant vidés de leurs ouvriers agricoles, dans un contexte aussi de crise agricole en Espagne à cause des politiques désastreuses des Habsbourg. C'est ce qui a permis à Don Francisco Sanz de Cortés y Borao, conseiller du Roi et ancien tuteur de l'héritière des Luna et d'autres grandes familles, Ana Polonia Manrique de Lara y Martínez de Luna, par ailleurs duchesse de Galisteo, marquise de la Vilueña et comtesse d'Osorno (titre passé à la maison d'Albe après sa mort), et marquise de Malpica, comtesse de Navalmoral et maréchale de Castille par son mariage sans enfant, de lui acheter ses domaines Luna, désormais sans valeur, et leurs titres : comte d'Argillo et de Morata de Jalón, baron de Gotor et d'Illueca, ce qui a causé un procès parce que des cousins de l'héritière voulaient les titres, mais ce procès a été réglé en 17 ans "seulement" parce que Don Francisco Sanz de Cortés a marié son fils avec une parente pauvre de sa deuxième épouse, María Fernández de Heredia y Ximénez Cerdán, qui descendait de Doña Leonor Suárez de Quiñones, troisième dame de Luna, qui vivait au XIVe siècle, ce qui lui permettait d'hériter des titres en plus des domaines. Le roi y a ajouté le titre de marquis de Villaverde.

    Pour mettre ces domaines en valeur, il y a construit des villages modèles qui lui ont permis d'attirer des pauvres gens d'autres régions, et de reloger les paysans restants, dont les maisons menaçaient ruine. L'exemple le plus connu est Chodes, dont la place polygonale faite de 24 maisons ouvrières, avec trois porches et le clocher et entrée de l'église à 90° les uns des autres, se visite encore aujourd'hui. Le loyer annuel était de 80 sueldos/sous jacetains, qui à leur début (XIe/XIIe siècle) représentaient chacun le salaire d'une journée de travail, mais déjà un ouvrier non qualifié de la construction gagnait une douzaine de sous par jour à Séville au XVe siècle, avec l'inflation du XVIIe... Ceci étant dit, les ouvriers don qualifiés madrilènes ont perdu en salaire au cours du XVIIe siècle, malgré l'inflation et l'installation de la Cour en 1606 qui avait fait un temps monter les salaires. Si on considère qu'un escudo vaut 110 sous et qu'un réal vaut 34/350es d'un escudo, on peut dire qu'un réal vaut 10/11 sous, le salaire moyen étant, à Madrid donc, de l'ordre de 4 réals par jour soit 40/45 sous. Même si à la campagne les revenus étaient nettement plus bas qu'en ville, les loyers étaient donc fort modiques, surtout rapportés au coût probable de la construcion et de la voirie.

    17 des 24 premières maisons ont été occupées immédiatement.

     

    Parmi les sources :

          L'architecture de Francisco Sanz de Contes

         L'Histoire de Chodes

     

     

     

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