• Le Comte de Paris et la Fondation Saint-Louis

    M. de La Garde pour La Rédaction

     

    Le Comte de Paris, Jean d'Orléans, serait SDF depuis quelques jours... Ou du moins, parti en une villégiature privée, où il serait hébergé, lui et sa famille immédiate.

    Le voici en délicatesse avec les administrateurs de la Fondation Saint-Louis, créée par son grand-père, celui que nous appelons sur RoyautéNews « le Comte de Paris historique », mort en 1999.

    Cette fondation avait pour but de conserver un certain nombre de biens d'intérêt historique, certains prenant place dans l'Histoire de France (Amboise), d'autres, dans l'histoire familiale propre des Orléans. Dont le domaine de Dreux, qui renferme la fameuse chapelle où ils sont inhumés.

    Pour ceux qui connaissent l'essentiel sur les Princes d'Orléans, ils peuvent avec intérêt lire l'article de notre confrère Royal Artillerie visible ici (clic). Il possède certainement plus que nous la connaissance de nombreux aspects relatifs en particulier (mais pas seulement !) aux Orléans. Je ne possède aucun avis sur ces événements dont j'ignore tout.

    Mais nous voudrions, avec la Rédaction, apporter un élément que l'on ne retrouve jamais dans les divers articles ayant traité depuis vingt ans (et plus...) du patrimoine familial qui a fait couler un peu d'encre.

    S'il est vrai que la fortune des Orléans, et parmi elle, leur fortune foncière (environ 120 000 ha), est demeurée intacte jusqu'à une date assez récente, on oublie un détail, et même deux que nous verrons plus loin.

    Une de mes tantes fort âgée évoquait à l'occasion l'une des siennes, comme la première fortune foncière de France. Ses souvenirs-là se situaient approximativement aux années 30. Résidant dans une maison de retraite suisse, ayant ressenti je ne sais quelle contrariété, elle avait fait venir son majordome et avait fait acheter l'endroit. Plus tard, il fut partagé dans sa très nombreuse parentèle, dont je ne sais plus les noms sinon parmi eux quelques d'Aboville. (1)

    Nous ne ferons pas un concours pour savoir qui possédait la plus belle fortune foncière d'avant-guerre. Me ressouvient le mot de Jean d'Ormesson, évoquant dans une de ses chroniques du Figaro, un de ses oncles, ou grand-père ?.. « possédant un nombre d'hectares qui ne prêtait pas à rire ». Il est évident qu'on ne cherchait pas, à cette époque, à considérer la fortune Orléans, que d'ailleurs peu connaissaient dans le détail, sinon peut-être parmi quelques-uns de leurs proches fidèles.

    Après guerre, il en fut autrement, les dernières fortunes ayant fondu. Et les Orléans rhabillés de neuf dans l'esprit des Français car ils revenaient de l'exil.

    Le Comte de Paris était devenu en 1940, à la mort de son père, Jean III d'Orléans, Duc de Guise, le chef de la maison de France, dans la représentation de la maison d'Orléans et de ses partisans, et qui fut celle aussi d'un bon nombre  de Français à cette époque, peu informés qu'ils étaient de l'existence d'une autre branche appelée naturellement à incarner en France le principe royal.

    Henri eut une jeunesse brillante, depuis l'exil, et du vivant de son père, il entretenait de fréquentes relations avec les partisans de sa famille ainsi qu'avec les courants monarchistes d'alors.

    Il est difficile de savoir si, avant la Guerre, il avait déjà engagé quelque fonds pour assurer une sorte de représentation en France depuis son exil. Il ne le semble pas. Les ouvrages qu'il écrivit avant guerre - comme ensuite - furent distribués dans le circuit des grands éditeurs, et ils rencontrèrent un très net succès.

    C'est à la fin de l'exil, que le Comte et la Comtesse de Paris reprennent pied sur le sol de France, s'installant au Cœur Volant. Et c'est à ce moment que se forme un véritable secrétariat organisé, de plusieurs personnes. Et la publication, à ses frais, par le Comte de Paris, de sa lettre largement diffusée, son fameux bulletin.

    On ne doit pas sous-estimer la charge qu'a pu représenter la publicité générale faite par Henri pour se faire connaître. Epuisant certainement les annuaires, un tas de gens ont reçu, sans jamais l'avoir demandé, des papiers publicitaires allant de la carte postale représentant le Prétendant ou sa famille, ainsi qu'une version de son fameux bulletin. Ayant eu à dépouiller plusieurs archives familiales, les nôtres, et celles de quelques familles, j'ai pu trouver ce genre de correspondance expédiée "à l'aveugle" chez tout un tas de gens qui n'ont jamais éprouvé la première fibre orléaniste.

    Puis, le train de réception au Cœur Volant. On le connaît par ceux qui ont travaillé à cette époque avec lui, et aussi par son propre ouvrage de souvenirs. Si, après 1965, les activités publiques du Comte de Paris ont diminué, pour cesser définitivement sur le terrain politique en 1969 (si ce n'est pas 1967), durant une quinzaine d'années les déjeuners ou dîners se sont succédé, plusieurs fois la semaine. Ministres en exercice, écrivains, académiciens... Le rythme n'a pas faibli. Voyages en France, partout. Voyage au États-Unis. Et d'autres, certainement. Je n'en ferais pas le détail, ayant seulement un intérêt pour la personnalité originale et forte du Comte de Paris, le premier des deux Henri.

    On n'a pas voulu prendre en compte le train assez somptueux du Prétendant et de son épouse, durant cette période. Pas compris que le principal de la fortune était constitué d'éléments de prestige en principe non vendables, même s'ils le furent par la suite. On a beaucoup parlé, de la fortune disparue, mais jamais on n'a tenté d'estimer les charges qu'ont représenté, affectables seulement sur la part des liquidités, certainement infime dans cette sorte de fortune, ainsi que l'éducation de onze enfants et le mariage splendide de la plupart d'entre eux célébrés durant cette époque. Parfois, un grignotage long fait plus que quelques embardées chez Christie's !

    Admettons qu'il y eut, à partir des années 80, peut-être, de la part d'Henri une volonté de se débarrasser d'une partie, sinon de la totalité, de son patrimoine. Le reste alla à la Fondation. On ne s'est pas arrêté sur les dépenses permanentes survenues avant cette période. Ni sur le renflouement de certain mari de certaine des filles du Prétendant. Certainement, il y eut beaucoup de renflouements, peut-être même en dehors de sa famille immédiate. N'oublions pas non plus que le Comte de Paris éleva plusieurs années son neveu le Prince Michel de Grèce. En cherchant bien, on pourrait trouver d'autres raisons ayant pu entamer, à la longue, les disponibilités.

     

    (1) Marquise de Laubespin


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  • Commentaires

    1
    TR
    Mardi 22 Septembre 2020 à 23:48

    J'avais, étant issue d'une famille républicaine, l'impression que déjà, certains gendres de feu le comte de Paris s'étaient mariés sur la base "d'espérances" déjà bien réduites. Je n'imaginais pas qu'ils pussent avoir été effectivement assistés par la suite. On a aussi parlé de spéculations hasardeuses, voire de détournement par des gestionnaires de fortune peu scrupuleux, peut-être appelés comme autrefois des alchimistes pour faire de l'or avec du plomb, c'est à dire pour assurer des rendements impossibles à une fortune liquide bien entamée.

    On a aussi beaucoup parlé des expéditions polaires du duc de Guise, qui a dû dépenser la part de la fortune du duc d'Aumale (qui avait honte de la manière dont elle avait été acquise alors qu'il était enfant) que ce dernier n'a pas léguée à l'Institut; voire plus.

      • Mercredi 23 Septembre 2020 à 09:31

        L'allusion faite à un gendre concerne un second mariage. On doit écarter les gendres allemands, bien pourvus. Il faut prendre en compte aussi que les garçons n'avaient pas de revenus sauf Henri, d'abord militaire puis engagé quelque temps dans les services de l'Elysée. Plus tard les autres fils auront des activités permanentes, au moins Jacques.

        La spéculation hasardeuse pourrait être une piste logique... Dans les années 50 a-t-on dit. L'autre piste possible que vous indiquez à juste titre, celle des administrateurs.

        On devrait aussi se poser la question de la justesse éventuelle de l'évaluation de 1940, compte-tenu de la dépréciation du Franc dans les années 30.

        On a peu parlé de la dévaluation considérable du Franc à la suite de la Seconde Guerre Mondiale... Il ne semble pas qu'aucun média l'ait souligné.

         

        Qu'il ait pu y avoir quelque 14 millions d'objets précieux ayant disparu les toutes dernières années de la vie du Comte de Paris, ils ont peut⁻être été distribués à des proches. Cela ne règle pas la disparition du principal des 400 millions de francs, estimation de sa fortune en 1940, qui s'explique par tout ce qui a été dit dans l'article et ci-dessus.

        Vincent Meylan, de Point de Vue, estimait, il y a quelques années, que les enfants du Comte de Paris avaient surestimé la fortune de leur père. C'est certainement où réside l'explication. Ils ont tout de même pu se partager 40 millions de francs. Qui, d'après la presse, n'ont été que 6 millions.

        Nous ignorons tout de ce qui a concerné Point de Vue, si les capitaux provenaient du Comte de Paris ou d'une des familles apparentées qui ont tenu le magazine, et semble-t-il étaient bien pourvues.

        En complément de l'article, il faut ajouter aussi que l'un des fils du Comte de Paris a très longtemps été hébergé jusqu'à un âge avancé, dans un très bel appartement à Paris avec sa famille.

        Et pour être complet, n'oublions pas les donations effectuées à la Fondation Saint-Louis, ramenées à 25% du patrimoine, plafond de la part autorisée, en biens historiques immobiliers.



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