• La guerre de succession d'Espagne - Clément Oury

    La guerre de succession d'Espagne  - Clément Oury

    Tallandier ;   paraîtra la 12 mars 2020 ;   528 p.;    25€90.

    La guerre de succession d'Espagne  Clément Oury

     

     


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    TR
    Lundi 10 Février 2020 à 20:20

    Ce que les Français ignorent souvent, c'est le droit successoral espagnol, issu de celui du royaume de Castille, et où la proximité de parenté avec le roi précédent est essentielle, au point que la représentation n'y est acceptée que depuis le XVe siècle (d'où les guerres menées par la France au nom des Infants de la Cerda, petits-fils de saint Louis et fils du fils aîné d'Alphonse X mort avant son père; le successeur d'Alphonse X, bien que celui-ci ait préparé mais pas promulgué une loi (Ley de Partidas) prévoyant la représentation, était donc son fils cadet, plus proche, et non les fils de son fils aîné). C'est pour cela aussi qu'en l'absence de fils dans une fratrie, une fille est préférée à un neveu ou à un frère, car elle est plus proche du roi défunt par le sang.

    Et toute modification de l'ordre successoral doit être validée à la fois par le roi et par un vote des Cortès.

    Louis XIV lui-même a mal compris la renonciation de son épouse l'infante Marie-Thérèse, qui était en deux parties : la première partie, qui concernait la succession au trône, était inconditionnelle, mais elle n'a jamais été validée par les Cortès (peu enclines à exclure des princes de l'ordre successoral, ici c'eût été pour réserver le trône d'Espagne aux Habsbourg, un motif qu'elles eussent probablement considéré comme insuffisant si on avait soumis l'exclusion de l'infante à un vote). Par conséquent, elle engageait moralement l'infante à ne pas réclamer le trône elle-même, mais au moment de la succession elle était morte, et sa renonciation non validée n'avait aucun effet sur ses descendants.

    La deuxième partie de la renonciation de l'infante Marie-Thérèse était conditionnée au paiement de sa dot (qui n'a pas été fait) mais elle ne concernait que la succession civile de ses parents.

    Si les sœurs de l'infante Marie-Thérèse avaient eu une descendance nombreuse et en bonne santé, peut-être les Cortès auraient-elles fini par valider sa renonciation et exclure sa descendance du trône (et ils auraient certainement accepté la solution intermédiaire, de faire passer sa descendance après celle de ses cadettes). Mais leur descendance, probablement à cause de la frénésie endogamique de la famille, s'est éteinte en 1699, avant la mort de Charles II (qui en était lui-même victime, en plus, peut-être, d'une syphilis congénitale).

    Les Cortès avaient donc le choix entre satisfaire le puissant parti pro-Habsbourg qui leur réclamait de favoriser les descendants d'une tante du roi, au mépris des principes successoraux espagnols; et se conformer aux traditions espagnoles, en laissant régner la descendance d'une sœur du roi. Elles ont choisi la deuxième solution.

    Plus tard, Philippe V lui-même aurait bien voulu modifier l'ordre successoral ("loi semi-salique" de 1712) en faveur des Bourbons, mais il n'a pas osé demander un vote aux Cortès, il leur a simplement lu la loi, sans vote; sa validité était donc plus que douteuse.



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