• Jean d'Orléans se prononce pour une monarchie "à la républicaine"

    La Rédaction

    Jean d'Orléans pour une république déguisée

    Le dossier de dix pages (L'Express, du 10 au 16 avril) consacré à Jean d'Orléans, le nouveau Comte de Paris, est éloquent car il n'a pas de projet.

    Le premier titre de notre article était "Jean d'Orléans se prononce pour une république déguisée". Nous le pensons mais on pourrait croire à une traduction trop rapide et surtout trop éloignée de sa pensée.

    Malgré le mot de "projet" qu'il évoque d'ailleurs au conditionnel, dans les trois minuscules lignes en 10 pages citant ses propos. Est-ce à dire que le dossier ne comporte rien, ou presque rien de Jean ? C'est peu vraisemblable tant il est cousu de fil blanc, c'est-à-dire que Jean ou ses proches ont certainement guidé le journaliste dans un thème dont il ne déborde en rien du convenu.

    On entame par une vieille ficelle des Orléans, rembobinée par leurs partisans :  : « Si la monarchie devait être rétablie, (...) (Jean d'Orléans) selon toute probabilité, monterait sur le trône....». Vieille lanterne du magazine Point de Vue pendue depuis des lustres, mais qui n'éclaire pas un propos volontairement confus. La précaution "selon toute probabilité" ajoutée cette fois, mais oubliée dans le corps du dossier, rend le brouillard encore plus épais. Y aurait-il quelque chose (une de plus) que l'on nous cache ? Des plans seraient-ils prêts, dans les sous-sols de l'Élysée, établis par quelques fonctionnaires à gages, en dehors, et sans l'avis, de tous ceux, dont notre Site, qui sont directement concernés ?

    Le préambule signale une rencontre à venir entre Jean d'Orléans et Macron... ou la tentative désespérée de faire croire à un rôle en hauteur pour un homme qui, à son actif, a réussi à faire visiter par des écoliers quelques édifices historiques dont la chapelle funéraire de sa famille.

    Dix pages d'aggloméré qui parlent de tout sauf de Jean d'Orléans, (aveu en creux qu'il n'y a pas grand chose à dire ?) seules, ses deux minuscules phrases, dans un tout en style journalistique, d'assez bonne qualité mais n'évitant surtout pas le cliché et même, le recherchant, de Michel Feltin-Palas qui ignore son sujet et l'a visiblement potassé et même potaché et fournit un condensé des platitudes cueillies ces quatre-vingts dernières années.

    Venons-en au fait : "Mon projet, ce serait plutôt la Ve République avec un roi à la place du président, doté d'un pouvoir réel de décision". Les bras ne vous en tombent pas si vous marchez déjà sur les mains. Dans cette courte phrase, un bien lourd cocktail d'incohérences, sinon d'inepties ! 

    Ve République : de république à république, c'est un peu facile de lui comparer les calamiteuses qui l'ont précédée, ce serait marchander comme dans un souk une salade déjà au rabais. Attribuer à cette dernière (la salade, la Ve, au choix) quelque mérite après tant de catastrophique résultat, est une aberration de Jean d'Orléans ou une prétention sans bornes.

    L'affirmation éculée selon laquelle la V° République (du moins à l'origine...) serait un régime de type monarchique repose sur un malentendu. Malentendu à la base de l'erreur d'un bon nombre de royalistes ou de mouvements royalistes d'ailleurs. Qu'un régime réussisse (éventuellement) à faire fonctionner les rouages de l'Etat, c'est ce que permettait, avant, la Ve, cela n'en faisait ni une monarchie, ni un régime de caractère monarchique, ni même, un système voisin. Il faut en finir de ces fadaises, à moins de rendre idiot le souhait d'une monarchie ; sauf y escompter un intérêt personnel, et assez mal calculé de la famille d'Orléans, auquel la France est indifférente.

    Le président de la République française est considéré, de tous les chefs d'État du monde, comme celui qui dispose constitutionnellement des plus grands pouvoirs, sauf peut-être le Président chinois qui lui,  est déjà issu d'un régime totalitaire.

    Ou encore, faire comme si les Français se laissaient encore duper. Comparer ou induire dans la démarche d'un Prétendant, (ne serait-ce que rappeler en creux le propos de Macron sur la monarchie) par exemple [avec Napoléon, ou un roi en perruque ] la figure des présidents déguisés en grands personnages historiques, même ficelle qui ne trompe pas le grand nombre, comme par exemple sur la couverture de ce numéro-là de l'Express, où Macron est travesti en Napoléon... œuvre  de journalistes faibles d'imagination, ou qui ont décidément beaucoup de hargne. Il n'y a que certains royalistes, et la famille d'Orléans, pour recourir eux aussi à des images, similaires par l'approximation ! La comparaison faite par Jean d'Orléans, avec la République, est du même étiage. Plus largement, sur la démarche de Jean ; - pour ce qu'on peut en approcher de ces bribes bien légères du dossier - elle mise sur l'image supposée : ici, sur la belle réputation de la Ve, là, sur un Macron qui serait un interlocuteur, ailleurs, sur ce préjugé général qu'un monarque (le roi, le président ?) "ne songe qu'à l'intérêt général", (profession de foi la main sur le cœur de tout personnage élu)... Et le tout affirme l'inverse du supposé dit ! Tout comme la justification de Jean par les monarchies actuelles, en Europe, où le roi ne gouverne pas, pour étayer son projet d'un roi qui gouvernerait encore plus qu'un président de Ve !  Ou autant.

    On pourrait certes prendre la citation de Jean, dans le contexte des autres monarchies actuelles : à leur inverse, le roi, dans le projet éventuel de Jean, disposerait d'un réel pouvoir de décision. Mais alors, en quoi le roi apporterait-il une différence profonde, autre que dans une « république couronnée » ? On tourne en rond, et l'on voit bien que dans ce cas, la république, du moins dans son principe théorique, et dans sa version originale, remplit la fonction. Et même, son président peut aussi  apporter la durée, et devrait l'apporter (1). Mais ce système Gaullien était utopique, à maints égards, ne serait-ce que parce qu'il ne convenait qu'à de Gaulle ou à un homme hors du commun que l'on n'a pas encore rencontré, et se fonder sur une utopie est une utopie. Celle-ci a bûté précisément sur la durée. Une double utopie quand on songe à une monarchie, censée bâtir la durée.

    Macron rêve. Et pas seulement sur la question. Et rêve-t-il encore à une monarchie depuis qu'il a rencontré la désillusion et le fossé qui le sépare de l'opinion ? Seuls, un Giscard, un Mitterrand - et il ne s'agit pas cette fois-ci de leurs idées ni de leur action - avaient la solidité, d'ailleurs relative, car ils étaient des hommes d'Etat.

    Jean se mêle donc acrobatiquement les pinceaux. La compétence, base de toute prétention, y songe-t-il, ou plutôt, y singe-t-il ? Elle suppose, spécialement dans son esquisse, toute une vie politique : la sienne est déjà finie (1) avant d'avoir commencé ; mais quand on y consent,  cela suppose parti pris, et cela renvoie l'esquisse à la première case : le Système ! Et dément sa juste affirmation, que "le monarque est au-dessus des partis"... et la dément à nouveau car l'affirmation n'était juste que pour de Gaulle, pas pour les autres présidents ! Le schéma ainsi placé est donc inutile. Pour conforter le Système déjà existant, ou lui substituer un double, on n'a pas besoin de Jean d'Orléans. Jean d'Orléans rêve. Et même nage en utopie. Car toute sa démarche, on peut le regretter, relève de l'illusion, une illusion accumulée par des images aussi poussiéreuses qu'une Havas sur le retour.

    N'éludons pas le centre, de toute la question, que Jean d'Orléans n'a rien de fédérateur par sa famille, dont la spécialité fut de diviser avec une constance rare qu'il faut saluer.

                                                              *

    La semaine écoulée, Jean d'Orléans après le drame de Notre-Dame, a émis quelques réflexions, et a crû devoir prendre à témoin Le Figaro.

    Nous reviendrons périodiquement sur ce sujet monarchique contemporain que sont la place et la position des Orléans, et on ne saurait l'épuiser en un ou deux articles.

    1. Nous apporterons ultérieurement un développement â cette idée.

    2. Voici une dizaine d'années, Jean d'Orléans a déclaré entrer en politique, et s'est donné dix ans pour y parvenir.


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    TR
    Mardi 23 Avril 2019 à 08:25

    Cette idée de probabilité de remonter sur le trône, était déjà celle d'une conversation entre son ancêtre le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, et Louis XVIII, lors d'une conversation qu'ils ont eue et où s'est présenté le sujet "pour le cas où S.A.R. le duc de Bordeaux viendrait à mourir" (seul garçon de sa génération dans la branche aînée, qui en effet s'est éteinte avec lui, mais en 1883). C'est Louis-Philippe lui-même qui rapporte cette conversation dans son journal.

    Louis XVIII et son cousin évaluaient les chances qu'auraient alors les Orléans d'usurper le trône à la place de la seconde branche, celle d'Espagne : ils l'évaluaient comme négligeable à l'époque de Philippe V, peu probable à l'époque de Charles III, habile politique; nettement plus probable à l'époque de Charles IV, très malhabile; et très probable à l'époque de Ferdinand VII, haï de tous.

    Par ailleurs, je trouve que Jean a vieilli.



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :