• Charlemagne et Mahomet - Philippe Sénac -

    Charlemagne et Mahomet - En Espagne (VIII°-IX°s.) - Philippe Sénac -

    folio ; paru le 22 Janvier 2015 ;  437 p.;  9 €.

        L'éditeur :  « Après avoir soumis la plus grande partie de la péninsule Ibérique, ceux que les sources latines, peu curieuses de savoir qui sont Arabes et musulmans, désignent sous le nom de Sarrasins, se lancent dans la conquête de la Gaule méridionale. Ils y demeurent jusqu'au milieu du VIIIe siècle. »


  • Commentaires

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    TR
    Mercredi 30 Septembre 2015 à 16:38

    Puisque l'auteur prétend à l'exactitude, il me semble qu'il devrait éviter d'employer le terme "musulmans" : au moment de l'invasion de la péninsule ibérique, le Coran était en cours d'écriture (réécriture semblant un terme trop faible) et l'islam tel que nous le connaissons, n'existant pas. Le terme mahométans me paraît plus approprié : ils suivaient les directives données près d'un siècle plus tôt par Mahomet, et qui étaient essentiellement politiques; de fait, la notion d'oumma était déjà très forte et identique à celle d'aujourd'hui. Le fait que leur religion d'alors (les Arabes parmi eux avaient été assez brièvement chrétiens, puis Mahomet les avait, sous l'influence de prédicateurs probablement judéo-nazaréens, convertis à la religion de ceux-ci) fût aussi proche de l'hérésie arienne qui avait si longtemps tourmenté tout le monde wisigoth, a certainement facilité le "retournement" de toute une partie de la noblesse d'Afrique du Nord, d'Espagne et du Languedoc, espoirs de pillage aidant. Et le royaume de Cordoue n'a jamais été musulman au sens moderne, ce sont les Almoravides qui ont "islamisé" l'Espagne mahométane, même si l'acharisme a eu une influence un peu avant...

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    Jeudi 1er Octobre 2015 à 18:23

    Vous avez raison dire que le mot le plus correct ici est celui de mahométans. Celui de musulman n'était jamais utilisé dans les sphères cultivées autrefois.

    Quant à l'écriture ou à la réécriture de leur Livre, c'est un peu délicat d'en parler car pour eux, c'est l'Archange Gabriel qui l'a transmis directement au Prophète du moins pour la partie fondamentale. Ensuite se sont ajoutés les témoignages contemporains, puis les commentaires des savants. Qu'une forme écrite soit intervenue quelques générations après lui n'enlève pas qu'il s'agissait d'une transcription du texte essentiel datant de Mahomet auquel s'ajoutaient les textes historiques. On peut dire aussi que, par vision rétroactive, on peut comprendre l'emploi - s'il est volontaire - de "musulmans" dans le sens actuel.

    Certains disant que le peuple auquel appartenait Mahomet n'avaient pas été chrétiens. Mais il n'est pas certain que la nouvelle religion ait été bien accueillie en Afrique puisque ce fut le temps de la Conquête de l'Islam qui s'effectua par le sabre. Et encore moins en "France", où ils commettaient des raids incessants depuis le début de la Conquête même s'ils le faisaient occasionnellement depuis longtemps.

    Il semble que leur victoire dans les pays méridionaux aient tenu à l'absence d'organisation de la noblesse, et on retrouvera le même phénomène plus tard en Espagne, lorsqu'il s'agira de secouer le joug des occupants.

    Jusqu'à nos jours, des peuples d'Algérie par exemple, ont toujours considéré qu'ils avaient été vaincus et que l'Islam leur avait été imposé et certains marquent une distance avec les colonisateurs et la religion qu'ils ont imposée.

    La présentations mentionne le nom de Sarrazins, en critiquant cet emploi, mais il faut y lire un défaut classique des universitaires, qui ont pour essentielle préoccupation de retourner toute donnée dès lors qu'elle était admise et établie, et pour se donner l'impression de maîtriser leur matière... C'est devenu tellement commun que la lecture utile des ouvrages universitaires consiste à puiser dans la partie informative, tout en ne prêtant pas d'attention aux "idées bâteau" que se transmettent et partagent pour un temps les auteurs.

    3
    TR
    Jeudi 1er Octobre 2015 à 19:51

    C'est que l'archange Gabriel n'est "apparu" dans le Coran que dans sa version définitive, on le sait par la codicologie (étude du support des textes) : en particulier, un Coran du début du VIIIe siècle, longtemps conservé à Sanaa, écrit pendant cette modification, montre que la version antérieure montrait Mahomet inspiré par le Saint-Esprit (qui n'était pas considéré comme divin, mais qui était écrit exactement comme les Arabes chrétiens l'écrivent aujourd'hui).

    Mais surtout, c'est l'histoire officielle de l'islam qui évoque ces modifications (sous les califes Othman et abd-al-Malik) : ces découvertes scientifiques confirment donc la tradition musulmane, tout en la précisant.

    Je vous accorde que c'est un sujet sensible, que l'influence malékite sur l'islam (très probablement due aux financements, en particulier par l'Arabie saoudite, le wahhabisme étant une secte d'origine malékite) s'étend, simplement du point de vue historique, on ne peut pas écrire que l'Espagne mahométane du VIIIe siècle suivait des lois et des textes écrits bien plus tard, et qui au surplus, n'y ont pas été imposés immédiatement.

    4
    Royauté-News
    Jeudi 1er Octobre 2015 à 20:18

    L'aspect de cette évolution est évidemment passionnante et il s'agit d'une forêt touffue. Les désaccords, chez les fidèles de cette religion, n'ont pas tardé à apparaître déjà avec les Chiites.

    Ce que vous dites au sujet de Gabriel, c'est qu'il a donc baptisé ultérieurement le Visiteur céleste car la tradition connaissait Gabriel comme le "Véhicule" divin. Cela nous renvoie donc à la Bible. D'un point de vue analytique rien d'incompatible avec la version initiale.

    Bien sûr il est préférable de n'évoquer ces sujets qu'avec précaution... smile

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