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    Eteinte en 1936, la branche historique et légitime du trône d'Espagne, celle de Bourbon-Madrid ( voir l'article prochain : d'Isabelle ou de Don Carlos, qui était légitime ? ), il pourrait sembler au public peu au fait de ces questions que la manifestation du Carlisme contemporain n'a plus lieu d'être, sa cause étant figée dans l'éternité, et d'ailleurs même que son existence ne reposait que sur un aspect moindre, au regard de l'ampleur des questions qui agitent le monde et ceci vu avec les yeux d'aujourd'hui dans l'ambiance prédominante qui rejette toute forme de distinction entre les deux sexes.

     

    Or, il n'en est rien, et ce serait commettre anachronisme, que reconstituer la trame des générations précédentes, et surtout de le faire avec des modes de pensée aujourd'hui devenus les nôtres. La question dynastique par ailleurs n'a pas une importance secondaire et elle occupe la place centrale d'un pays vivant en monarchie. Elle en constitue l'arbre, et les raisons présidant aux choix d'une dynastie, à la manière dont elle se développe, s'organise et se transmet résument pour une part quelques traits éminents de sa culture. Car bien au-delà d'une question de préséance ou d'intérêt personnel séparant plusieurs princes, il s'agit d'abord de culture.


    Reportées dans le cadre vécu de la réalité, on s'aperçoit que les disputes dynastiques masquent ou révèlent des choix profonds concernant directement les peuples. En fonction de la personnalité, non seulement individuelle mais politique des princes ou princesses, se met en jeu une panoplie d'orientations décidant d'une politique et finalement du destin d'un pays.

    C'est ce qui s'est produit lorsque la France, envoyant un petit-fils de Louis XIV régner sur l'Espagne, retirait ce pays de la mouvance des Habsbourg pour le faire basculer dans l'orbite de l'influence française à travers l'un des siens.

    Nous reviendrons un jour là-dessus, mais l'introduction à l'affaire Carliste, de même qu'à tous les enjeux actuels de l'Espagne se trouve prendre naissance dans cet héritage que le testament du dernier roi de l'ancienne dynastie plaçait sur la tête du futur Philippe V.

    Il fut décidé que le trône espagnol, dorénavant ne serait plus transmissible aux princesses, et suivrait le principal de ce système français si imparfait que l'on appelle, avec un certain abus pour elle, la Loi Salique. Censée basculer à cet moment-là dans une autre sphère d'influence, l'Espagne se voyait imposer, en plus du nouveau prince, la marque ainsi que la coutume d'une nouvelle dynastie, c'est-à-dire une autre culture que la sienne jusqu'alors ouverte aux successions féminines.

    Sachant que cette règle était décidée par le premier roi d'Espagne issu des Bourbons, qu'elle était reconnue par les Cortes, cette Assemblée qui est l'un des fondements de l'Espagne, normalement rien n'aurait dû la faire revenir en arrière.

    Notons bien qu'ici, dans un article de présentation, je ne me prononce pas, et ma position sera donnée dans un article ultérieur. Il ne s'agit pas pour l'instant d'affirmer quel système était meilleur que l'autre. Il se trouve que, la règle ayant été édictée, ayant été reconnue par tous, changer d'avis en cours de route revenait à léser des princes censés hériter naturellement de leurs droits.

    Ferdinand VII refusa la transmission de la couronne à son frère, préférant qu'elle soit attribuée éventuellement à sa fille qui naîtrait bientôt, se renforçant de cette décision d'un arrêt pris par son père Charles IV le 30 Septembre 1789, stipulant la possibilité pour les femmes de succéder directement, arrêt alors tenu secret.
    Décision dont se renforcera Don Carlos lui-même, qui né en 1788 s'estimait de toutes façons ne pouvoir être concerné par cette mesure.     

     

    A l'opposé, on peut souligner une autre attitude : dans mon réseau de relations, où tous les bords sont représentés, j'ai constaté que certains, malgré leur sensibilité d'Extrême-Gauche engagée et alors qu'ils n'ont aucun mouvement ou sympathie particulière pour les monarques, éprouvent de la sympathie pour le Comte de Barcelone, qui était le père de l'actuel roi Juan Carlos, car il refusa le trône plutôt que d'apporter, en l'acceptant, confirmation au régime du dictateur Franco.

                 à suivre...


  • Ce n'est pas la discussion de l'aspect dynastique que nous entreprenons avec vous ici, mais la présentation simple d'un courant majeur de l'histoire du royalisme espagnol et français, prélude de la série.

    Dans les articles de présentation des buts et des fonctions du site, cette semaine, nous verrons que Royauté-News, site d'information, n'appartient pas au royalisme politique, mais bien entendu tous les sujets qui s'y raccordent, et particulièrement les thèmes consacrés à l'histoire des familles royales ou au phénomène dynastique ont ici la première place.

     

    Alors que la reine attend son premier enfant, le roi Ferdinand VII décide en 1830, contrairement aux règles établies, de transmettre la couronne d'Espagne à celle qui sera sa fille aînée Isabelle, au détriment de son propre frère et héritier légitime, Don Carlos.

    C'est le début d'une dispute qui, tout au long du XIX° Siècle, enflammera l'Espagne, provoquera les trois guerres carlistes, et verra s'achever ce premier grand épisode en 1936, à la mort d'Alfonso Carlos, dernier rejeton de la branche historique de Bourbon-Madrid. 

     

    L'année de sa mort il a désigné un neveu de sa femme Maria das Neves de Portugal, pour lui succéder : le Prince Xavier de Bourbon-Parme, chef de la Maison de Parme, Duc de Parme et de Plaisance. Peu après, ceux des partisans Carlistes qui entre-temps ne se sont pas ralliés au roi Alphonse XIII - petit-fils d'Isabelle, et de son époux François d'Assise qui n'est autre que le fils du frère cadet de Don Carlos, le déshérité, et donc devenu en 1936 héritier purement théorique du Carlisme et qui ne revendiquait rien - reconnaissent Xavier de Bourbon-Parme comme Régent de la Communion Carliste.

    Le Prince Xavier assume alors l'héritage Carliste et entreprend de maintenir le flambeau. Son fils Carlos-Hugo, (Charles-Hugues) né en 1930 à Paris, l'actuel Chef de la Maison de Parme, lui succède en 1975 et assume à son tour la tradition Carliste, s'engageant dans la voie d'un Socialisme autogestionnaire et menant à travers l'Espagne une représentation politique à chaque élection, partout dans le pays. Il est donc un concurrent politique direct et empruntant la voie démocratique, de son cousin Juan Carlos.

    Son propre frère, le Prince Sixte-Henri, né en 1940, s'est fait lui aussi le continuateur d'un Carlisme regroupant les partisans les plus traditionnels et conservateurs. Il s'est proclamé Duc d'Aranjuez et chef de la Communion Traditionnaliste Carliste.

    Aujourd'hui, le Carlisme, phénomène espagnol, continue d'intéresser une partie des royalistes français, comme nous le verrons dans les prochains articles. Ils s'assimilent en effet aux principes et aux idées mis en avant dans ce mouvement, et certains sont partisans d'une candidature Bourbon-Parme au trône de France.

    De son côté, Charles-Hugues, le 30 Septembre 2003, au cours d'un dîner à Arbonne, au Pays-Basque français, devant ses partisans, a officiellement concédé à ses fils Carlos Javier et Jaime, les titres de Duc de Madrid et de San Jaime, s'attribuant celui de Comte de Montemolin.

         

    à suivre...