• La Rédaction

     

     Carl-Christian d'Autriche

    Ou de quelques perles mieux enfilées.

    Nous souhaitons que les membres des anciennes dynasties respectent le droit de réserve qu'on attend d'eux.

    Carl-Christian d'Autriche a prononcé récemment une conférence à l'Hôtel de Ville de Nancy devant un public clairsemé. Selon la presse locale : «L’homme qui veut réconcilier « europhobes » et « europhiles ».

    Nous ignorons si le titre de cet article reprend ou non le titre de la conférence ou l'intention du conférencier.

    Si c'est le cas, il est un nouvel exemple de la naïveté d'un membre de famille souveraine imaginant qu'un système, construit contre les peuples, les verra se ressouder. Le précédent le plus illustre n'était autre que le défunt Otto, le chef de la maison de Habsbourg, qui croyait peut-être, qui sait, que la grosse machine européenne servirait d'intermédiaire et pourquoi pas de plateforme d'envol pour le dessein, jadis plus haut, de son illustre maison.

    Réconcilier opposants et tenants de l'Union Européenne est un décalement du problème. D'un côté, des êtres et personnalités humains. De l'autre, un machin, qui démontre sa nature d'outil jetable par la montagne de ses inconvénients rédhibitoires. Pour un Prince, étudier un problème c'est prendre ce problème du bon côté. Prétendre changer, ou faire changer les gens, est selon nous une attitude méprisable.

     

    Nous voulons saisir cette occasion pour lever une ambiguïté. Il s'agit de l'habitude, toujours entretenue à notre époque par la maison d'Autriche à l'égard des territoires lorrains, et de Nancy, l'ancienne et toujours capitale de la Lorraine. Les Habsbourgs adoptent volontiers une attitude qui laisserait à penser qu'ils resteraient, sinon les souverains possibles de la Lorraine, du moins ceux qui doivent en recevoir les honneurs comme anciens souverains. Otto avait choisi la Lorraine pour son mariage autrefois pour entretenir ce  lien.

    Nous estimons que cette insinuation est inappropriée et ne correspond pas à une réalité dynastique. Aucun droit dynastique sinon celui d'un souvenir coupé de toute réalité présente n'est resté attaché à la maison de Habsbourg. La Lorraine possède d'autres héritiers dynastiques qui ne sont pas les Habsbourgs.

    Ne voulant peiner quiconque, et encore moins les Lorrains, nous devons dire cependant que la maison de Habsbourg ne saurait prétendre en ce sens. Et nous prenons l'engagement de le lui rappeler à l'avenir.


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  • Voyage dans l'Empire mongol ; 1253-1255  - Guillaume de Rubrouck

    Claire Kappler, René Kappler, préfaciers et traducteurs et commentateurs ;

    omnibus ;   15 mai 2019 ;   720 p.;   13€.

    Voyage dans l'Empire mongol - Guillaume de Rubrouck

    Présentation officielle : 16000 kilomètres en deux ans, un peu à pied, mais surtout en cheval : de Constantinople à Qaraqorum, capitale de l'Empire des steppes. Plusieurs années avant Marco Polo, le récit du père Guillaume de Rubrouck, envoyé de Saint Louis auprès du Grand Khan, est l'un des premiers textes qui révélèrent à l'Occident les merveilles de l'ordre mongol et de son empire. Un document historique médiéval exceptionnel doublé d'un fabuleux récit de voyage au cœur de l'Asie.


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  • Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet - Père Huc

    Suivi de L'Empire chinois ;

    omnibus ;   8 mars 2018 ;  1184 p.;   29€.

    Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet - Père Huc

    Présentation officielle : " Nul lieu n'est impénétrable pour quiconque est animé d'une foi sincère. " Guidé par ce précepte, le père Evariste Huc (1813-1860) entreprit en 1841 un extraordinaire périple de cinq années à travers la Mongolie et la Chine - en chariot, en jonque, à dos de mulet, à dos de chameau, sur ses jambes " rarement complaisantes ", et même sur son derrière, seul moyen d'atteindre une vallée glissant du haut d'une montagne glacée. Il fut le premier Français à atteindre Lhassa. Adoptant le costume, la langue, les usages des contrées traversées, le père Huc affronta - avec une vigueur et un humour inaltérables - le sable, la boue, la neige, la glace, les naufrages, les ponts délabrés, les précipices, les brigands, les aubergistes, et les tracas de l'administration... Il brossa à son retour un tableau irremplaçable de la vie quotidienne en Chine. Ce prodigieux témoignage, véritable roman d'aventures vécues, n'a cessé d'être réédité depuis sa parution. La présente édition réunit pour la première fois dans leur version intégrale les deux volumes des Souvenirs d'un voyage à travers la Tartarie et le Thibet pendant les années 1844, 1845 et 1846 et L'Empire chinois, récit du voyage de retour sous escorte armée.


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  • Pauline  - Bonaparte, Leclerc, Borghèse - Alain Pigeard

    Editions de la Bisquine ;   11 avr. 2019 ;  288 p.;   18€.

    Pauline Bonaparte, Leclerc, Borghèse

    Présentation officielle : Qui fut vraiment Pauline, dont la représentation oscille curieusement entre une image de Messaline et la Vénus triomphante ?

    Cette nouvelle biographie présente un triple intérêt : nous pénétrons dans son intimité et avons ainsi une vue plus personnelle de la vie familiale de l’Empereur. Nous assistons aux mondanités : mœurs, us et coutumes de la haute société napoléonienne (bals, relations, décors, palais, voyages, toilettes, vêtements et fournisseurs). Sa maladie nous renseigne sur la médecine de l’époque : soins, cures thermales, bains, remèdes.

    Sœur bien aimée de Napoléon, elle fut parfois un pion sur son échiquier.

    Son comportement d’enfant gâtée suffit-il à compenser une existence finalement assez triste ? Alain Pigeard éclaire sa personnalité, certes futile, égocentrée, inconstante, mais fidèle jusque dans le malheur, à son frère l’Empereur. Dans son testament, elle pense – à quelques exceptions près – aux membres de sa famille, à ses amis, à ses domestiques, mais oublie ses amants…Il reste pour l’Histoire que Pauline, en posant pour Canova, nous a en quelque sorte légué une des plus remarquables statues de style néo-classique : quand on regarde la Venus victrix, le marbre est vivant.

    Préface de Jean-Marc Olivesi, Conservateur général du Musée national de la Maison Bonaparte à Ajaccio.


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  • La Rédaction

    Photographie publiée par la Cour Grand-Ducale


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  • La Rédaction

    Un clic sur l'image pour l'agrandir

    Cette résidence a été bâtie au 19° siècle pour le Grand-Duc de Mecklembourg-Schwérin. Le Grand-Duc était à cette époque à la tête de l'État de Meklembourg-Schwérin dont la capitale, comportant cent mille habitants, est devenue  celle d'un des Lands de l'Allemagne du Nord.

    Le château néo-renaissance, achevé en 1857 et comportant six-cent cinquante trois pièces abrite aujourd'hui le Parlement ainsi qu'un musée de porcelaines allemandes et de tableaux. Son jardin baroque date lui aussi du 19° siècle.


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  • La Grande Illusion - Comment la France a perdu la paix (1914-1920) - Georges-Henri Soutou

    Texto  ;  2 mai ;  384 p.;   10€.

    Présentation officielle : La grande illusion : que la guerre de 1914-1918 serait courte et mettrait fin à la position dominante occupée par l'Allemagne depuis Bismarck, que la France récupérerait les territoires perdus depuis la Révolution française, que les traités de paix réaliseraient au moins les principaux objectifs poursuivis et garantiraient la sécurité à long terme.

    Ces illusions étaient portées par l'obsession de la sécurité face à l'Allemagne et par l'affirmation du modèle républicain face au « militarisme prussien ». Paris a joué son rôle dans la marche à la guerre et a défini des buts qui ont contribué à déterminer le déroulement du conflit, puis la paix. Finalement, les dirigeants n'ont pas obtenu ce qu'ils souhaitaient et ont compromis la restauration du système international. C'est ainsi que la France a perdu la paix.

    La Grande Illusion - Comment la France a perdu la paix (1914-1920) - Georges-Henri Soutou


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  • La Rédaction

     

    Compte-tenu du monde sur le Site aujourd'hui, (on se demande pourquoi) une analyse simple pour aller à l'essentiel.

    Le premier parti de France : l'Abstention. Quiconque ne la prendra pas en compte échouera à l'avenir au moins pour ce qui est d'établir une action, gouvernementale ou de rassemblement. Pour nous seule une action fondée sur tous est légitime (mais la légitimité ne s'y borne pas).

    - Le monde catholique a raté sa chance historique en ne saisissant pas le retour au scrutin national qui permettait à tous, petits ou grands de constituer une liste, et tout en ne constituant pas une formation sérieuse pour remplir son devoir. Dans la série endémique des ratés (ou des autistes irresponsables, au choix, et au bas mot), les formations royalistes. RIP et ça ne veut pas dire référendum d'initiative populaire. (1)

     - Le sort politique possible de 2022 est déjà scellé au bénéfice du préposé de l'Élysée à moins qu'il n'explose en vol ce qui ne doit pas être exclu si on veut laisser une part à la bonne humeur.

    - Ce soir, avec la confirmation du parti du pouvoir qui obtient un honorable score grâce selon nous à la défection des intellectuels chrétiens à la botte du pire et de facteurs multiples, c'est un unique parti à l'intérieur, avec l'organe du pouvoir et sa marionnette FN-RN pour lui donner la réplique, et, au parlement européen, la certitude que la scène sera occupée par l'attentisme, la même orientation de fond, puisque les partis dits populistes à l'échelle européenne ne semblent pas en mesure de modifier celles qui ont été suivies jusqu'ici.

     - À l'intérieur encore, la mascarade du pouvoir, permise par ceux, les électeurs du FN-RN qui s'obstinent depuis quarante ans à empêcher toute victoire de leurs idées mais sont abonnés à la reconduction éternelle des pires orientations, a pour chance de voir les deux principales formations françaises la main dans la main notamment en matière étrangère comme en termes de révolutions ultra-progressistes.

    Il doit être envisagé raisonnablement que ces élections aient été truquées. Le bourrage des urnes n'est pas nouveau et ne doit pas être éliminé pour comprendre ces résultats. Comme étrangement, et comme pour qu'un certain équilibre de paix sociale ne soit pas rompu, les partis "institutionnels" car pièces de décor et car utiles au pouvoir, à l'image du FN-RN mais d'une autre manière, échappent miraculeusement au désaveu généralisé des Français à l'égard de ceux qui n'apportent jamais rien (FI notamment, ou PS).

    Bien que la situation soit une des pires jamais vues en France, et bien que cela soit d'une autre échelle de priorités, les Français doivent être espérons-le enfin débarrassés de l'UPR, cette turlupinade favorisée par les gouvernements pour rogner aux marges tout ce qui n'entre pas officiellement dans la pyramide imposée par qui dirige.

     

    1. Royalistes. Ce n'est pas l'absence d'un retour politique d'un, du ou des royalismes que nous leur imputons. C'est le refus des mouvements de s'entendre sur une base. L'Alliance Royale le sait, cela lui a été dit par certains qu'elle aurait dû écouter : elle doit s'associer, convaincre, et s'abstenir des scrutins où elle n'existe pas pour tenter au contraire de gagner, seule ou accompagnée, des mairies.


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    Daniel de Montplaisir est notre invité sur la nouvelle rubrique L'Interview de RoyautéNews qui reçoit pêle-mêle de grandes personnalités contemporaines, des témoins de notre temps, des écrivains en herbe ou des représentants du Gotha. Elle recevra prochainement l'historien Yves Bomati, le baron Pinoteau, et Marie Petitot.

    Daniel de Monplaisir est issu d’une vieille famille protestante installée sur les bords du Lot dès le début du XVe siècle qui a toujours œuvré en faveur de la tolérance religieuse et de l’œcuménisme. Agrégé d'Histoire, et après des études de science politique et de droit public, il publie à Toulouse un essai sur la supranationalité européenne et quelques études sur les idées politiques au Moyen-âge, puis est reçu deuxième au concours d’administrateur de l’Assemblée nationale (1981) où il travaille à la refonte du droit de la presse, puis (1986) sur l’audiovisuel et le pluralisme des journaux et la responsabilité éditoriale. Secrétaire général d’Antenne 2, la première chaîne publique française devenue France 2, il met en place, à Toronto en 1987 la première association internationale des télévisions publiques. En 1993, il devient conseiller de Nicolas Sarkozy alors ministre du budget et de la communication, puis du Premier ministre, Édouard Balladur. Il enseigne alors le droit public constitutionnel et administratif à Polytechnique et est nommé en 1995 conseiller du président, puis vice-président de Radio-France, où il exerce notamment le suivi et la tutelle de la Communauté des radios publiques de langue française.

    En 2003 Jean-Pierre Raffarin le charge de la mise en place de la télévision numérique terrestre (TNT) en France, qui voit le jour en 2005. Il reprend en même temps ses travaux d’historien et a publié quatre ouvrages majeurs dont La monarchie (Cavalier Bleu, 2003), Le comte de Chambord, dernier roi de France, (Perrin 2008), Louis XX, petit-fils du roi soleil (Jacob-Duvernet, 2011), réédité et actualisé en 2018 sous le titre Louis XX, une autre histoire de France (Mareuil Editions), et a participé à plusieurs ouvrages collectifs dont une biographie de Charles X (Perrin 2015), en collaboration avec Jean-Paul Clément. Il vit aujourd’hui à Montréal et prononce, depuis 2016, un cycle de conférences historiques à l’Université de Montréal : Les rois de France et l’Amérique, Histoire de la fleur de lys, Tocqueville en Amérique… et tient une chronique d’histoire hebdomadaire sur Radio Montréal France.

    Nous pourrons retrouver Daniel de Montplaisir sur notre espace Biographies pour une présentation plus complète, et c'est autour de son ouvrage Quand le lys terrassait la rose ; sept cents ans de victoires françaises sur l'Angleterre (clic) que nous le recevons.

    ©RoyautéNews

     

    RoyautéNews : «  700 ans de victoires françaises » ! Comment et, nous allons dire, par quel prodige, avez-vous éprouvé l’envie de rappeler ces victoires, par un titre aussi conquérant, remportées contre un voisin qui est aussi un allié, et qui ne lui laisse aucune part ?

     

    Daniel de Montplaisir : La mission de l’historien consiste souvent à faire tomber les idées reçues lorsqu’elles sont fausses. Les conflits qui ont opposé l’Angleterre et la France pendant exactement 749 ans, de 1066 à 1815, en constituent le parfait exemple. L’impression dominante est en effet une France presque toujours vaincue par la (plus ou moins d’ailleurs) « perfide » Albion. Or, en une vingtaine de guerres et quelques deux cents batailles majeures, sur terre et sur mer, la France fut victorieuse trois fois sur quatre. Il paraissait donc juste, tout simplement, de le rappeler et de le montrer. Tout en laissant, bien sûr, aux victoires anglaises leur part de réalité et en reconnaissant l’incontestable supériorité diplomatique des Britanniques.

    La France serait-elle en une passe si mauvaise ces temps-ci, c’est-à-dire plus qu’à l’ordinaire ?

    - Il s’agit d’un ouvrage d’histoire et donc heureusement détaché de l’acrimonieuse actualité. Cela fait du bien de prendre du champ et de la hauteur. Nos dirigeants devraient d’ailleurs y veiller plus souvent. Bien connaître l’Histoire évite fréquemment de retomber dans les mêmes erreurs. Mais il est vrai que la république a cherché, à travers l’histoire officiellement enseignée, à justifier la politique étrangère qu’elle a mené jusqu’en 1958 : se tenir à la remorque de l’Angleterre, d’où la désinformation faisant de celle-ci une puissance toujours victorieuse. En second lieu, il ne lui plaisait guère de reconnaître que nos victoires ont presque toujours été remportées sous la couleurs du lys, rarement sous le tricolore, drapeau le plus souvent vaincu. C’est ainsi que nos professeurs parlaient de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt, mais jamais de Cocherel, de Formigny ou de Castillon. C’est pourtant la France qui a gagné la guerre de Cent-Ans. Enfin, il est bien possible que les États-Unis, nouvelle puissance d’amarrage de notre république, n’aiment pas trop rappeler qu’ils doivent leur indépendance à Louis XVI, à De Grasse et à Rochambeau, bien plus qu’à La Fayette.

    Dans quelle intention faire ressurgir la traditionnelle rivalité franco-britannique, si lointaine et surtout bien dépassée, et de manière un tantinet provocatrice ?

    - Vous l’avez vous-même rappelé : l’Angleterre et la France sont des alliées fidèles, malgré d’inévitables anicroches ici ou là, depuis plus de 200 ans. Et qui irait s’en plaindre ? Mais il faut préciser que, de 1815, sous le règne de Louis XVIII, jusqu’en 1830, sous celui de Charles X, il s’agissait d’une alliance équilibrée et même égalitaire. Les choses se sont gâtées avec Louis-Philippe, que son anglomanie un peu ridicule a parfois poussé à sacrifier les intérêts de la France. Cela ne s’est pas arrangé avec Napoléon III, ni avec les troisième et quatrième républiques. Il a fallu attendre De Gaulle pour que la France relève enfin la tête. Je n’ai pas cherché à être provocateur mais seulement à rétablir quelques vérités. Comme celle-ci : Waterloo n’est pas vraiment une victoire anglaise non plus qu’un défaite française. Mais s’il y a une gare de Waterloo à Londres, rien en France ne rappelle la déterminante victoire de Castillon : notre fierté nationale aurait bien besoin d’un peu de vitamines.

    C'est que nous avons dans l'oreille la musique de ceux qui ne cessent de faire cocorico au point que l'on se poserait presque des questions sur la réalité d'une histoire non contestée ! Mais le simple rappel des événements historiques ne peut atteindre la grandeur française, même si c'est mieux en le disant.

    Quelles sont les racines de l'antagonisme franco-anglais, surtout l'antagonisme humain, car pour l'antagonisme politique, on le place précisément dans le long affrontement entre les couronnes anglaise et française ? Existe-t-il une divergence fondamentale de tempérament ? Capable de rendre les deux peuples presque insupportables l'un à  l'autre ?

     - On ne peut pas dire que, sur le plan militaire, la France fasse beaucoup « cocorico ». Bien au contraire, et c’est un des motifs de ce livre, notre pays demeure très complexé par ses défaites. Prenez l’exemple de la guerre de Cent-Ans. On connaît Crécy, Poitiers, Azincourt : les victoires anglaises, qui n’ont rien de décisif. On ignore en revanche Formigny et Castillon, qui, elles, sont décisives, et permettent à la France de gagner la guerre, comme d’éliminer l’Angleterre du continent. La « grandeur française » s’accommode aussi bien des défaites que des victoires, allant sans relâche, comme disait de Gaulle, du déclin au renouveau. Quant à l’antagonisme franco-britannique, il ressembla longtemps à une querelle de famille, ou de voisins se disputant un héritage ou un bout de jardin. La divergence de tempérament avait peu de choses à voir avec les conflits récurrents. Certes, avec le temps, le fossé s’est creusé entre les deux peuples. Mais, fondamentalement, il existe autant de différence entre un Français et un Anglais qu’entre l’un d’eux et un Italien, un Allemand, un Espagnol, un Hollandais ...

    Faut-il remercier les Anglais car sans leur âpreté, les Français n'auraient pas eu le moyen, en de si nombreuses occasions, de démontrer leur valeur militaire ? (Même si on ne peut pas douter qu'ils n'auraient pas manqué d'inventer les moyens de nuire à autrui, ne se trouvant pas d'exemple chez eux d'avoir préféré paix et sagesse, leur tentation pour celles-ci, si elle a existé, aura été courageusement vaincue).

    - Non, il ne faut jamais remercier les fauteurs de guerre. Tant de conflits qui ont ravagé les terres, provoqué massacres, tortures et misères auraient pu être évités. En qu’on ne me jette pas en réponse le vieil exemple de la pénicilline, découverte grâce à la guerre : ce serait comme souhaiter aujourd’hui un nouveau conflit afin de faire progresser la recherche sur le cancer. La paix vaut toujours mieux que la guerre, ne transigeons pas là-dessus.

    Faut-il regretter cependant, ou ne pas regretter le conflit entre les couronnes, pour l'héritage de celle de France, qui a ensanglanté le pays et orienté différemment l'histoire de France : sans lui, aujourd'hui les Français auraient une reine, qui aurait peut-être conservé son pouvoir, la France aurait partagé la gloire des mers, et serait à la tête d'un empire, toujours existant et moins disputable que celui qu'elle a possédé? Certes, le roman national aurait été bien différent !

     - C’est tout à fait vrai. La France et l’Angleterre avaient tout à gagner à former un seul royaume. Vous venez d’en citer les avantages. On pourrait y ajouter, avec la paix, l’économie qu’aurait faite la France de toutes ces expériences institutionnelles malheureuses, voire catastrophiques comme, par exemples, le second Empire, les troisième et quatrième républiques. Les dernières idées de fusion entre les deux nations ne sont d’ailleurs pas si anciennes : Paul Reynaud, de Gaulle et Churchill en conçurent le projet en juin 1940, ainsi que Guy Mollet et Anthony Eden en 1956 lors de la crise de Suez.

    Fontenoy : l'à-côté de la bataille est plus célèbre que la bataille elle-même ! La réponse du Comte d'Anterroches, pour nous indiscutable est une merveille ! Et nous n'avons pas lu ce que vous en disiez dans votre livre... Pour nous, c'est de l'Histoire qui coule d'elle-même ! Comment voyez-vous Fontenoy ?

    - Pour être précis, la fameuse apostrophe du comte Joseph d’Anterroches, résulte de la situation suivante : son régiment de fantassins s’est brutalement, et de façon inattendue, trouvé en contact avec celui du commandant Charles Hay, à la pointe de la colonne anglaise. Qui, chapeau à la main, salue son homologue et lui dit (en français) : «  faites donc tirer vos gens. » À quoi Anterroches répond : « non monsieur, nous ne tirerons jamais les premiers. » Il faut savoir que les ordres du maréchal de Saxe, alors commandant en chef des troupes françaises, étaient d’attendre toujours le premier feu de l’ennemi avant de riposter. Car les soldats ennemis devaient ensuite recharger leurs fusils, ce qui prenait un certain temps, pendant lequel il était possible, outre d’ouvrir le deuxième feu mais aussi de charger à la baïonnette et d’emporter la décision. Cette tactique était connue de Hay, d’où cet échange de fausses politesses. Finalement, on ne sait qui a tiré le premier, peut-être tout le monde simultanément. Sur le plan strictement militaire et tactique, Fontenoy est certes, le 11 mai 1745, un succès mais très coûteux en pertes humaines, ce qui fit dire à Louis XV au soir de la bataille : «le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes ; la vraie gloire est de l’épargner».

    Sur le plan stratégique, ce n’est pas une victoire décisive : il fallut encore celles de Raucoux, dix-sept mois plus tard, et de Lawfeld, le 2 juillet 1747, pour abattre la coalition formée contre la France. Mais surtout, on reste effaré par la « bourde » diplomatique de Louis XV : maître du continent européen, il consent, lors du congrès d’Aix-la-Chapelle en avril 1748, de rendre toutes les conquêtes de la France. Le maréchal de Saxe en est mort de tristesse.

    - Tout le monde a en mémoire vos ouvrages majeurs : Louis XX, petit-fils du roi soleil, et Le Comte de Chambord, dernier roi de France, pièces maîtresses pour comprendre l'histoire politique et dynastique des Bourbons. En évoquant les guerres contre l'Angleterre, preniez-vous aussi recul pour évoquer indirectement et différemment le mystère et la beauté de la royauté française, et, mais c'est une autre question, reviendrez-vous bientôt à ces premières armes ?

    - Oui, le recul nécessité par l’exploration de sept siècles d’Histoire conduisait aussi à rappeler que jamais la France ne fut plus grande que sous nos rois, qu’eux seuls ont remporté de véritables victoires alors que les deux Empires se sont effondrés militairement et que la république a, soit subi de cinglantes défaites, soit n’a pu triompher qu’avec le secours de puissances extérieures : la Russie en septembre 1914, Les Etats-Unis, l’Angleterre et le Canada  en 1918 et 1944. Au delà des conflits avec l’Angleterre, il faut aussi se souvenir des succès de la Restauration : la libération du roi d’Espagne en 1823, la contribution décisive à l’indépendance de la Grèce en 1828, la prise d’Alger et la fin de la piraterie barbaresque en 1830, tout cela avec peu de victimes et un coût modéré grâce à l’efficacité des gouvernements royaux. Mes prochains ouvrages auront aussi l’occasion de rappeler la grandeur de la Légitimité: avec Histoire du Canada, biographie d’une nation, à paraître en octobre prochain, qui permettra de rafraîchir notre mémoire sur le rêve d’une Amérique française que nourrirent Henri IV et Champlain,  Richelieu, Louis XIV et Colbert ; puis avec une nouvelle biographie de Lamartine, prévue pour le printemps 2020, qui retracera l’itinéraire d’un royaliste devenu républicain sur le tard mais qui, jamais, ne renia ses convictions d’origine. Enfin – peut-être – un roman sur le rétablissement de la monarchie dans un futur plus ou moins proche...

    Royauté-News :  Merci !


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  •  La Rédaction

    Burg Eltz est un des plus beaux châteaux forts d'Allemagne. Situé dans la région de Coblence, il se visite. Il est depuis trente-trois générations dans la famille des Comtes von Eltz, qui l'habitent toujours, depuis qu'il leur fut donné en 1157 par Frédéric Barberousse. Quelques fées viennent parfois s'y promener.


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